A Rennes, la deuxième ligne du métro conforte la stratégie mobilités de la ville

Depuis ce mardi 20 septembre, 5 h 08, Rennes est la plus petite ville au monde à disposer de deux lignes de métro. Vingt ans après l’ouverture de la première et après huit ans de travaux, l’inauguration de la ligne b conforte une stratégie audacieuse en matière de transports publics.

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La deuxième ligne de métro de Rennes (Ille-et-Vilaine) a été mise en service le 20 septembre 2022
La ligne b se déploie aussi sur 2,4 km de viaduc.

En 2002, Rennes avait été la plus petite ville au monde à disposer d’un métro. Avec 140 000 voyageurs par jours de semaine, le succès de cette ligne se déployant sur un axe nord-sud a conforté l’idée d’une seconde ligne est-ouest de 15 stations entre Cesson-Sévigné et Saint-Jacques-de-la-Lande.

Surtout que les projections démographiques font état d’une progression de population de la Métropole de plus de 100 000 habitants d’ici à 2040. Alors que la plupart des métropoles de taille équivalente faisaient le choix du tramway, un équipement moins coûteux mais impactant la circulation automobile, les élus rennais ont donc récidivé avec cette deuxième ligne. Si elle n’est plus la plus petite ville au monde à disposer d’un métro – Lausanne en Suisse avec 130 000 habitants et Brescia en Italie avec 196 000 habitants ont inauguré le leur respectivement en 2008 et 2013 – Rennes reprend la tête d’un classement international en étant cette fois la plus petite ville au monde dotée de deux lignes de métro.

Au-delà de l’anecdote, le choix politique de poursuivre la voie du métro a été courageux au regard du coût global de l’investissement pour réaliser cette ligne de 14 km, soit 1,342 milliard d’euros HT (valeur à fin de chantier).

Avec les LGV Bretagne-Pays de la Loire et Sud Europe Atlantique et avant le Grand Paris, ce fut l’un des plus gros investissements publics de la décennie en matière d’infrastructure de mobilité. « Ces investissements très importants permettent à notre Métropole de relever les défis posés par l’urgence sociale et environnementale, a déclaré Nathalie Appéré, présidente de Rennes Métropole et maire de Rennes. Les deux lignes de métro, les parcs relais, les pistes cyclables sécurisées, les bus renforcés au-delà de la rocade, les lignes de covoiturage et bientôt les lignes de trambus, ont été imaginés comme autant d’alternatives à la voiture individuelle, responsable d’une grande partie des émissions de CO2 sur notre territoire ».

Une première pour le Cityval de Siemens

Si le budget global, et notamment celui du génie civil, a été maîtrisé, l’ouverture au public de cette deuxième ligne a été plusieurs fois retardée (elle était initialement prévue en 2020), principalement lors de la mise en place du matériel roulant, le Cityval, une nouvelle génération de métro automatique léger produite par Siemens Mobility.

« Quand vous développez un système, vous avez forcément des aléas, vous avez forcément des essais où vous n’avez pas atteint la performance » a indiqué Stéphane Bayon de Noyer, directeur de projets chez Siemens Mobility, en rappelant que « Rennes est la première ville au monde à bénéficier de cette nouvelle technologie, qui équipe également les aéroports de Francfort et Bangkok ». Un « dialogue contractuel » s’est engagé avec la métropole sur le paiement par Siemens Mobility de pénalités de retard. Selon la presse régionale, elles pourraient s’élever entre 30 et 40 millions d’euros.

Un creusement de deux mètres par heure

A pleine capacité, ce métro automatique, majoritairement enterré (8,6 km de tunnel et 2,4 km de tranchées couvertes), devrait transporter 110 000 personnes par jour, avec une fréquence de 67 secondes entre des trains pouvant rouler jusqu’à 80 km/h.

Le chantier a été marqué par le creusement du tunnel à partir de janvier 2018 par le tunnelier Elaine avançant à la vitesse moyenne de deux mètres par heure. L’autre étape importante de génie civil a été la construction de 2,4 km de viaduc (70 piles et 973 voussoirs) d’octobre 2015 à mars 2018. « Au plus fort du chantier, cela a généré près de 7 500 équivalent temps plein » raconte Xavier Tirel, directeur général de la Semtcar, mandataire du maître d’ouvrage Rennes Métropole.

Qualité architecturale des stations

La nouvelle ligne compte 15 stations, toutes différentes en raison des contraintes techniques mais à l’architecture soignée :

- trois stations de faible profondeur conçues par les agences d’architecture de Laurent Gouyou-Beauchamps et l’Atelier d’architecture Fabien Pédelaborde (Saint-Jacques – Gaîté, La Courrouze et Joliot-Curie – Chateaubriand).

- quatre stations semi-profondes dont trois conçues par Susan Dunne et les Nantais Berranger & Vincent Architectes (Cleunay, Jules-Ferry et Gros Chêne) et une (Les Gayeulles) par l’Atelier Schall qui a également réalisé le parc relais.

- cinq stations profondes. Les agences d’architecture Atelier Zündel Cristea et Architram ont dessiné les stations Mabilais, Colombier, Saint-Germain et Gares et les agences Canal Architecture, Thierry Roty, 8’18" et Beterem ont conçu la station Sainte-Anne.

- trois stations aériennes dessinées par les agences d’architecture Anthracite Architecture, AMA et L2A (Beaulieu – Université, Atalante, Cesson – Viasilva).

La deuxième ligne de métro de Rennes (Ille-et-Vilaine) a été mise en service le 20 septembre 2022
La deuxième ligne de métro de Rennes (Ille-et-Vilaine) a été mise en service le 20 septembre 2022 La deuxième ligne de métro de Rennes (Ille-et-Vilaine) a été mise en service le 20 septembre 2022 (Julien MIGNOT)

Le métro irrigue désormais tous les quartiers en renouvellement de la ville. Ici, la station Gros-Chêne. © Arnaud Loubry / Rennes Ville et Métropole

Retombées économiques et impact environnemental limité

Au total, 764 entreprises ont été mobilisées sur ce chantier, dont la moitié bretonnes. Selon un observatoire réalisé par l’agence d’urbanisme métropolitaine Audiar, plus d’un milliard d’euros a été versé aux entreprises, dont 29 % à des entreprises bretonnes. En raison de la nature des travaux, les entreprises franciliennes et nationales (Dodin Campenon Bernard, Spie batignolles, etc.) ont été les principales bénéficiaires de ce chantier avec plus de 560 millions d’euros versés, soit 56 %.

Sous l’impulsion de la Semtcar accompagné d’un écologue, un effort a été fait pour limiter les impacts de ce chantier gigantesque sur l’environnement à travers un engagement des entreprises (charte chantiers verts) ou d’importantes mesures compensatoires faunistiques.

Le garage atelier situé à Saint-Jacques-de-la-Lande a ainsi été pensé pour minimiser les consommations d’énergie et d’eau. Il dispose de 700 m2 de panneaux photovoltaïques et des panneaux solaires pour la production d’eau chaude sanitaire. Le lavage des rames se fait à l’eau de pluie, collectée dans une cuve enterrée de 63 m3.

Plusieurs autres équipements disposent de surfaces importantes de panneaux photovoltaïques dont 2 800 m2 sur le bâtiment de remisage des rames de La Maltière qui sera mis en service fin 2023.

Toujours au chapitre environnement, à noter une innovation originale avec des logements chauffés grâce à la chaleur du métro. Quatre stations souterraines étant réalisées conjointement à la construction de projets immobiliers neufs, ces sites ont été sélectionnés pour expérimenter un système de géothermie reposant sur des tuyaux caloporteurs dans les structures de génie civil des stations.

Les chiffres clés

 

-14 km de longueur totale et 13 kilomètres de longueur commerciale
- 8,6 km de tunnel profond
- 2,4 km de tranchées couvertes
- 2,4 km de viaduc composé de 70 piles et 973 voussoirs
- 600 m d’ouvrages de liaison (accès au garage atelier et au viaduc)
- 15 stations
- trois parc relais totalisant 2 000 places de stationnement
- un tunnelier (Elaine) de 92 mètres évoluant à la vitesse moyenne de creusement de deux mètres par heure
- 110 voyages par jour attendus
- quatre nouveau quartiers desservies et 73 % des Rennais désormais à moins de 600 m d’une station

Les principaux acteurs du chantier

 

Maître d’ouvrage : Rennes Métropole
Mandataire du maître d’ouvrage : Semtcar
Maîtrise d’œuvre : groupement Egis Rail ; Egis Bâtiments Centre-Ouest ; Arcadis ; L’heudé & L’heudé
Coordonnateur SPS : Présents
Contrôle technique : Apave

Les lots travaux

 

Lot 1 : construction du tunnel profond, des stations Cleunay, Mabilais, Colombier, Gares, Saint-Germain, Sainte-Anne, Jules-Ferry, Gros-Chêne et Les Gayeulles et des quatre puits de ventilation par le groupement constitué des entreprises Dodin Campenon Bernard SAS (mandataire) ; Spie batignolles TPCI ; GTM Ouest ; Legendre Génie civil ; spie Fondations ; Botte Fondations

Lot 2 : construction de la tranchée couverte sud et des stations Saint-Jacques, Gaîté et La Courrouze par le groupement solidaire constitué des entreprises Legendre Génie Civil (mandataire) et Angevin

Lot 3 : construction de la tranchée couverte nord et de la station Joliot-Curie – Chateaubriand par le groupement solidaire constitué des entreprises Demathieu Bard ; Cardinal ETPO ; DTP Terrassement

Lot 4 : construction du viaduc et des stations Beaulieu-Université, Atalante et Cesson-ViaSilva par le groupement solidaire constitué des entreprises Razel-Bec (mandataire) et Eiffage TP

Lot 5 : aménagement intérieur des stations Mabilais, Colombier, Saint-Germain : groupement solidaire composé des entreprises Eiffage Construction Ille-et-Vilaine (mandataire) / Renouard / Crlc / Volutique

Lot 6 : aménagement intérieur des stations Gares, Sainte-Anne par le groupement solidaire constitué des entreprises Eiffage Construction Ille-et-Vilaine (mandataire) ; Renouard ; CRLC ; Volutique

Lot 7 : aménagement intérieur des stations Cleunay, Jules-Ferry et Gros-Chêne par le groupement solidaire constitué des entreprises Eiffage Construction Ille-et-Vilaine (mandataire) ; Renouard ; CRLC ; Volutique

Lot 8 : second œuvre et aménagement des stations Saint-Jacques – Gaîté, La Courrouze, Les Gayeulles, Joliot-Curie – Chateaubriand par l’entreprise Sogea Bretagne BTP

Lot 9 : gros œuvre et aménagement intérieur de la station Beaulieu-Université par le groupement solidaire constitué des entreprises Angevin Entreprise générale (mandataire) ; Angevin SAS

Lot 10 : gros œuvre et aménagement intérieur de la station Atalante par le groupement solidaire constitué des entreprises Angevin Entreprise générale (mandataire) ; Angevin SAS

Lot 11 : gros œuvre et aménagement intérieur de la station Cesson – Viasilva par le groupement solidaire constitué des entreprises Cardinal (mandataire) et Cofely Axima

Lot 101 : gros œuvre et second œuvre du Parc relais Les Gayeulles par le groupement Angevin Entreprise générale (mandataire) ; Angevin SAS

Lot 111 : clos ouvert, divers et photovoltaïques du parc relais Saint-Jacques – Gaîté par le groupement Effiage Construction Ille-et-Vilaine ; Smac ; DL Atlantique

Constructeur du système de transport Cityval : Siemens, conçu et mis en œuvre par les équipes d’ingénierie et de R&D de Siemens Mobility France (Toulouse, Châtillon et Lille)

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