« Le mouvement Hlm est un rapport complexe entre la puissance et l’idée. La puissance se résume à quelques chiffres : 10 millions de locataires, 4,5 millions de logements, 760 organismes, 80 000 salariés, 100 000 nouveaux logements agréés en 2013 et qui seront construits dans les deux à trois prochaines années, 17 milliards d’euros d’investissement chaque année. C’est donc une puissance considérable, à la fois économique et démographique, mais aussi lefruit d’un héritage philosophique, politique. En faisant du logement social un élément indispensable de notre pacte républicain, les fondateurs du logement social « à la française » ont inscrit durablement le mouvement Hlm dans l’histoire de notre pays. C’était il y a plus d’un siècle.
Mais la puissance ne dit pas tout, car la véritable force du mouvement que j’ai l’honneur de présider, c’est sa mission, qui, bien sûr, a évolué au fil du temps. Des précurseurs, nous retenons l’idée d’une révolution des modes d’habitat, la lutte contre l’insalubrité, une ambition dont les racines sont à chercher dans la philosophie utopiste aussi bien que dans le pragmatisme de l’ère industrielle. La reconstruction, les « trente Glorieuses » ont été possibles parce que les acteurs du logement social ont su accompagner l’émergence des nouveaux besoins, les évolutions démographiques, la nouvelle organisation territoriale. Si une part importante du parc Hlm est hérité de ces années, la prise en compte de l’évolution des modes de vie, des aspirations des habitants, des contraintes environnementales, de la question plus générale de la qualité de l’habitat ont profondément modifié l’aspect même du parc. Je mets au défi l’observateur le plus attentif de distinguer aujourd’hui un programme de construction de logements sociaux d’un programme porté par la promotion privée.
La mission des Hlm ne se limite pas à la seule construction de logements. Nous avons la responsabilité de la gestion de ces constructions dans la durée. Nous sommes de fait le seul acteur à intervenir sur la durée de vie totale d’un logement, de sa conception jusqu’à sa destruction. Entretemps, plusieurs dizaines d’années auront vu se succéder des familles, dans leur diversité, leur mixité, leurs réalités de vie.
Car notre mission est également sociale, et c’est ce qui fait son âme. Je n’ai pas besoin de revenir sur les difficultés que traverse aujourd’hui la société française : la fragilisation de certains ménages, la précarisation des situations professionnelles, la pérennisation du chômage de masse sont des éléments qui, s’il n’existe pas de contrepoids, sont capables de déstructurer physiquement, mais également intellectuellement et politiquement toute société. En permettant à des ménages modestes d’accéder à un logement locatif à un prix inférieur à celui du marché, en encourageant des familles à entrer dans un processus d’accession à la propriété sécurisé, le mouvement Hlm remplit une mission qu’aucun autre acteur ne serait à même de remplir efficacement à l’échelle des besoins qui sont ceux de la société française d’aujourd’hui et de demain. Le mouvement Hlm est un des piliers du pacte social français, par nature et par vocation tourné vers l’adaptation aux évolutions de la société. »
