A Marseille, la lutte contre l’habitat indigne entre en phase opérationnelle

Près de six ans après l’effondrement, le 5 novembre 2018, de trois immeubles rue d’Aubagne à Marseille, la Société publique locale d’intérêt national Aix-Marseille-Provence (SPLA-in AMP) Air, chargée de piloter la requalification de l’habitat indigne et dégradé, vient de déposer les premiers permis de construire pour cinq opérations : quatre rue Jean-Roque et une rue de la Joliette.

Cet été, sous la maîtrise d’œuvre du groupement Archigem et Atelier Cord, un des six choisis par la SPLA-in via un accord-cadre (cf. encadré ci-après), débutera l’intégralité de la rénovation de ces bâtis dégradés, marquant ainsi l’entrée en phase opérationnelle du vaste chantier de mise à niveau de 1 000 ha dans le centre de la cité phocéenne conformément au projet partenarial d’aménagement.

Avis favorable de la MRAe

La perspective de ces travaux est une bonne nouvelle pour Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements et représentante de la Ville de Marseille au sein du conseil d’administration de la SPLA-in MP : « C’est un grand soulagement car, en 2024, on passe de l’ombre à la lumière. C’est une étape essentielle de la crédibilité de la parole publique », a déclaré l’élue lors d’un bilan d’étape dans les locaux de l’Espace Accompagnement Habitat à Marseille, organisé ce jeudi 18 janvier, aux côtés de David Yitier et de Franck Caro, respectivement président et directeur général de la SPLA-in MP, ainsi que de Michaël SibilleauI, préfet délégué pour l’Egalité des chances dans les Bouches-du-Rhône.

« Depuis la création de la SPLA-in en 2019, nous avons achevé sa structuration et peaufiné la méthode. L’année 2024 sera celle de l’accélération et de l’entrée en phase active de la réhabilitation », a renchéri David Ytier. Pour l’élu, un autre motif de satisfaction est l’avis favorable de la mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) sur la stratégie environnementale et paysagère de la SPLA-In AMP qui a décidé que les opérations de requalification urbaine portant sur les îlots prioritaires du projet partenarial d’aménagement (PPA) n’étaient pas soumises à une évaluation environnementale. « Cela parce que nous avons intégré, dès l’amont, les préoccupations environnementales et paysagères dans l’élaboration de nos projets. L’avis favorable de la MRAe a le mérite de nous faire gagner 24 à 36 mois car nous n’avons pas d’études d’impact à réaliser », a précisé Franck Caro.

Deuxième AMI auprès des bailleurs sociaux

L’autre nouvelle étape est le lancement, le 18 janvier, d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès des bailleurs sociaux pour leur céder sept immeubles. La réception des offres est attendue d’ici au 18 mars avant la désignation du lauréat fin avril ou début mai et la signature d’une convention de coopération dans la foulée.

S’inscrivant dans la concession d’aménagement Noailles-Cœur Belle de Mai signée en janvier 2023 par la SPLA-in et la métropole Aix-Marseille-Provence, ce deuxième AMI a une portée particulièrement symbolique car il concerne des biens qui jouxtent ceux qui se sont effondrés le 5 novembre 2018 dans la rue d’Aubagne.

Deux lauréats maximum

A l’inverse du premier qui avait abouti, en juillet 2023, à la signature des conventions de coopération avec neuf opérateurs de HLM, la SPLA-in en choisira un ou deux, au maximum, et qui devront être solidaires. Ils devront recycler et réhabiliter les immeubles anciens en vue de produire des logements locatifs sociaux (60 % de PLAI et 40 % de PLUS). De même, selon le principe de maîtrise d’ouvrage partagée, ils devront travailler avec les équipes de maîtrise d’œuvre retenues par la SPLA-in. Ils s’engagent aussi à un partage des tâches. La SPLA-in s’occupe du recyclage des immeubles jusqu’au stade du clos-couvert. Une fois cette phase réalisée, elle leur remet les clés des immeubles restructurés. A eux de financer et de réaliser les travaux de second œuvre, puis de gérer les logements locatifs ainsi produits.

Seize immeubles en travaux fin 2024

En fin d’année, les travaux de réhabilitation, pour un montant prévisionnel de 18 millions d’euros HT, auront débuté dans 16 immeubles pour produire une centaine de logements sur les 182 identifiés comme prioritaires dans les cinq îlots démonstrateurs du PPA.

En parallèle, la SPLA-in et son équipe de maîtrise menée par Passagers des villes(1) auront élaboré un plan d’action pour aménager les espaces publics et voiries de proximité de ces îlots avec des premières phases de préfiguration dans le secteur de Noailles.

« Nous allons éprouver notre méthode. L’idée n’est pas d’être dogmatique. Mais l’enjeu est de retrouver la qualité intrinsèque des immeubles, de rouvrir les cours. Nous allons donc documenter le savoir acquis lors de nos interventions car nous avons un devoir de transmission », a insisté Franck Caro.

« Le travail réalisé et la méthode mise au point va servir au centre-ville de Marseille mais aussi à d’autres territoires. Cela pourra lever des craintes à intervenir sur de l’habitat dégradé », a renchéri Sophie Camard.

Un « encouragement à faire » nécessaire, à l’aune de l’étendue du fléau de l’habitat indigne. Dans un article publié ce 19 janvier, nos confrères de Marsactu citent plus de 1 000 adresses d’immeubles considérées comme dangereuses et suivies par les services municipaux à Marseille...

(1) Passagers des Villes (mandataire) / NSL / Topo*Grafik / L’Adéus (Groupe Reflex) / Inddigo / Egis Conseil / Egis Villes & Transports