Avec 21 % du total, le territoire dunkerquois détient le triste record de plus gros émetteur de CO2 d’origine industrielle de France. Cependant, depuis quelques années, le mauvais élève s’est transformé en chantre de la décarbonation, s’offrant même le luxe de devenir une sorte de laboratoire de toutes les solutions.
Dans ce contexte, la signature d’une charte entre GDRF et Dunkerque Promotion visant à intensifier la production de gaz verts sur le territoire trouve tout son sens. Ce gaz pourrait en effet représenter, une part non négligeable dans le mix énergétique de la décarbonation.
D’autant que, là encore, le territoire n’est pas en retard. Le producteur d’huiles, Daudruy Van Cauwenberghe, a lancé le 13 juillet dernier à Petite-Synthe, Nord-Métha, une première unité de méthanisation à partir de déchets et coproduits issus de son process d’une puissance de 750 nm3/heure. Et deux autres projets de méthanisation sont également portés actuellement par des groupements d’agriculteurs à Wormhout et à Bourbourg.
Accompagner les porteurs de projet
Concrètement, la charte doit permettre d’accompagner de façon plus large et plus ambitieuse les porteurs de projets de méthanisation, mais aussi d’autres modes de production de gaz verts tels que la pyrogazéification (procédé qui consiste à chauffer les déchets à plus de 1000 degrés sans oxygène) ou encore la gazéification hydrothermale (procédé thermochimique à haute pression et haute température pour convertir la biomasse humide en gaz de synthèse).
Elle vise aussi à promouvoir d’autres technologies de gaz décarbonés comme l’hydrogène ou la valorisation de CO2 biogénique issu de production de gaz verts. Par ailleurs, en partenariat avec Pôlénergie (structure qui fédère la filière énergie dans les Hauts-de-France), GRDF va mener une étude sur les gisements d’intrants sur le territoire qui pourraient abonder une filière locale de production de gaz verts. Selon les estimations de GRDF, le territoire de Dunkerque représente un potentiel de 40 mégawatts de gaz verts.
Cette initiative prend place au sein d’une politique globale lancée sur le Dunkerquois afin d’atteindre l’objectif extrêmement ambitieux de parvenir à zéro émission nette de CO2 en 2050, avec un premier pallier à moins 30 % dès 2030.
Locomotive de cette transition, le leader mondial de l’acier, ArcelorMittal, qui pèse pour une grande part dans ces émissions et qui opère actuellement un changement inédit dans son process de fabrication afin de le décarboner complètement.
A cela s’ajoutent d’autres projets phare : parc éolien offshore, implantation de deux EPR de deuxième génération, unités de production d’hydrogène vert, arrivée de deux gigafactory de fabrication de modules pour batteries électriques, etc. C’est tout un écosystème autour de la décarbonation qui s’expérimente à Dunkerque, officialisé avec l’obtention du label «Zone Bas Carbone» (« Zibac »), décerné par l’Etat en début d’année 2023.