Est-ce la conséquence d'une commande qui se complexifie, les maîtres d'ouvrage font de plus en plus confiance aux architectes qui mettent sur pied de véritables stratégies de projet. En témoigne cette nouvelle session des Prix d'architecture du « Moniteur », qui salue cette année 6 démarches inventives parmi 20 oeuvres nominées. Pour les commanditaires comme pour les architectes, ces stratégies sont nécessaires pour faire face à des coûts et des délais comprimés, à l'inflation des normes réglementaires, ou encore aux exigences croissantes - ou du moins davantage exprimées - des usagers. Les trois mentions du prix de l'Equerre d'argent décernées cette année sont particulièrement révélatrices de cette tendance. De la structure audacieuse et écologique proposée par Philippe Barthélémy et Sylvia Grino (stade de Nanterre) au dispositif économe dans sa forme, sa structure et son enveloppe de Nicolas Michelin (gymnase à Grenoble) en passant par la réflexion de Patrick Bouchain et Loïc Julienne sur le non-fini et le recyclage de matériaux (l'école Fratellini à Saint-Denis), les architectes s'engagent dans des voies plus radicales pour voir leur projet aboutir. Pour la rigueur de son architecture, son intemporalité, et le respect qu'elle affiche envers une ville en reconstruction, l'ambassade de France à Beyrouth des architectes Yves Lion et Claire Piguet reçoit l'Equerre d'argent. Quant au prix de la première oeuvre, il va cette année à un petit immeuble de bureaux à Paris d'Eric Lapierre, à l'écriture précise, qui ose s'inscrire à l'écart des tendances. Une mention de la première oeuvre est attribuée à la maison près de Saint-Cyr-sur-Mer de Julien Monfort, qui bouscule les standards de l'univers domestique à la manière de l'architecte néerlandais Rem Koolhaas.
Pour connaître les listes des oeuvres nominées et des membres du jury, voir « Le Moniteur » du 31 octobre 2003, pages 26 et 27, ou consulter le site : www.lemoniteur-expert.com / Compléments d'articles
