Organisée par Le Moniteur et Les Cahiers techniques du bâtiment le 25 juin, la 2e édition a vu le Grand Prix projet BIM de l'année attribué à la rénovation de trois immeubles dans le centre de Paris pour accueillir le futur hub de l’IA de Google France par Studios Architecture.
Le jumeau numérique développé permet de décrire l'évolution dans le temps de la fissuration et de l'endommagement du béton ainsi que la déformation des armatures en acier et du glissement relatif entre le béton et les barres d'armature. Il a été conçu pour l'analyse structurelle de bâtiments en béton armé complexes et notamment les centrales nucléaires soumises à diverses charges, y compris les séismes. Le champ d'application concerne bien d’autres ouvrages et enjeux comme la tenue des ponts ou la prolongation de la durée de vie des barrages. Ce modèle a contribué à l'évaluation précise de plusieurs structures en béton armé. Son caractère innovant repose sur la triple modélisation de l’ouvrage (de la structure ; du vieillissement de la structure- de l'effet d'un séisme sur la structure vieillie). Ces travaux ont fait l'objet de deux publications scientifiques et de plusieurs autres publications techniques.
Equipe : MOA : EDF. MOE : Egis
tech show 2024
Pour ce bâtiment lyonnais de près de 19 000 m2 qui mixe béton bas carbone et murs à ossature bois et se destine à accueillir les bureaux de la DGFIP, de l’INSEE, ainsi qu’un vaste RIE, l’enjeu était de pousser au plus loin la conception bioclimatique. Simulations thermiques dynamiques et études d’ensoleillement ont donc été réalisées au sein du modèle numérique. L’interopérabilité entre les logiciels de conception et les machines pilotées numériquement a été un atout pour la préfabrication de la façade mais aussi pour tenir des délais de chantier très contraints (24 mois). Enfin, la livraison d’un jumeau numérique du bâtiment était un point essentiel pour la maîtrise d’ouvrage publique de cette opération.
Équipe : MOA : Direction départementale du territoire. MOE : Snøhetta, Z Architecture, avec les BET Saguez & Partners, Big Bang, Inddigo, WSP, Peutz, Arwytec, Indico et Clevia. Entreprise Eiffage Construction Rhône-Loire. Logiciels, applis et solutions : Cadwork, Navisworks, Revit, Tekla et Trimble Connect.
Convertir automatiquement des plans 2D en modèle BIM
Destiné aux bureaux d’études, cabinets d’architectes, entreprises du BTP et gestionnaires de patrimoine, l’add-in WiseBIM pour le logiciel Revit d’Autodesk facilite la modélisation de plans existants grâce à l’intelligence artificielle. Sa fonction : transformer en quelques secondes des plans architecturaux 2D aux formats dwg, dxf, jpg, pdf, tiff ou png en fichiers rvt ou en ifc avec leur famille associée. Le BIM modeleur doit juste mettre le plan à l’échelle et ajouter les hauteurs des différents éléments. Dans cette première version, les éléments générés sont les murs, les portes, les fenêtres ainsi que les dalles. Cette solution, orientée dans le domaine des bâtiments existants, s’adresse principalement aux marchés de la gestion-exploitation-maintenance, de la rénovation, du Smart Building et du démantèlement. Outre le gain de temps, la solution évite les déplacements pour réaliser des relevés sur site et valorise les plans archivés.
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Très technique, l’opération consiste à concevoir et à réaliser un laboratoire moléculaire sur trois niveaux à Ciron (Indre). Toutes les données devaient être présentes dans le modèle BIM de l’ouvrage, d’où un travail particulièrement interopérable : les besoins des techniciens-utilisateurs ont été recueillis dans une base de données connectée à Revit, l’architecte a conçu des volumes dynamiques, le BET a validé la cohabitation d’une structure béton avec un étage en acier, etc. Lui-même interopérable, le modèle BIM a servi pour les calculs d’analyse de cycle de vie, au contrôle du budget et à l’immersion en 3D pour les validations techniques.
Equipe : MOA : Stearinerie Dubois. MOE, BET et entreprise : Spie Batignolles Bâtir France Ingénierie. Logiciels, applis et solutions : Forma, Revit, Attic+, Navisworks, Dynamo, Power BI, Enscape, Archiwizard, Tekla Structure.
Help-E Eiffage/Borobo
Eiffage et Borobo se sont alliés en 2020 pour développer Help-E, un robot porteur de charges qui peut déplacer jusqu’à 70 kg sur tous les terrains y compris sur des pentes pouvant aller jusqu’à 20 %. Ses dimensions (L 1,10 m, l 70 cm, H 1,20 m pour un poids de 110 kg) permettent de le déplacer dans un fourgon de chantier. Alimenté par trois batteries plug-and-play qui lui assurent l’autonomie nécessaire à une journée de travail complète, Help-E fonctionne en trois modes : pilotage manuel, collaboratif ou navigation autonome sur parcours enregistré. Il se compose d’une base accueillant différents paniers – benne basculante, plateau élévateur – adaptés au type et aux dimensions des objets à déplacer : vrac, outillage, matériaux... Une assistance robotisée qui prévient les troubles musculo-squelettiques, les pathologies lombaires et les chutes de plain-pied des opérateurs qui pourront se déplacer les mains libres.
Equipe : MOA et MOE : Eiffage Infrastructures Gestion et Développement et la direction Prévention Sécurité. Entreprise : Borobo
(VINCENT BESSE)
Surveillance pots Socotec
Alors que 25 000 ponts en France ont besoin de réparations immédiates, l’inspection visuelle des ouvrages d’art reste longue, fastidieuse et soumise à la subjectivité des inspecteurs. Pour améliorer leur efficacité, l’équipe menée par Socotec a mis au point des algorithmes d’intelligence artificielle capables de reconnaître 13 classes de défaut associés à autant de sous-parties d’ouvrages d’art, comme par exemple une fissure sur un mur en béton ou sur une chaussée, une corrosion sur une barrière métallique, etc. L’entrainement des algorithmes a permis d’obtenir une précision de 80 % et à l’obtention d’une base de données riche de près de 6000 images annotées en open data. Concrètement, l’outil va faciliter le travail des expert-inspecteurs, permettre de déceler les risques les plus fréquents et améliorer la maintenance prédictive. A très court terme, il simplifie la relève et la transmission des informations sur l’état des ponts.
Equipe : Socotec, CEA-List, Sanef.
Optimiz Construction réduit les quantités de ferraillages
D’abord conçu par et pour la PME familiale, la solution consiste à optimiser les plans de ferraillage du bureau d’étude grâce à une appli. Cette dernière change le calepinage, c’est-à-dire la position des éléments dans la banche et travaille sur la combinaison astucieuse des découpes dans les panneaux. Les plans optimisés sont fournis avec un code couleur par matériaux et par zone ce qui facilite leur lecture ainsi que l’auto-contrôle final. Résultat : 15 % de treillis soudés en moins pour une robustesse équivalente. La jeune entreprise prévoit déjà des extensions pour d’autres matériaux comme les carrelages, les isolants et le bois.
Formation : des bootcamps pour maîtriser la construction digitale et durable
Pour pallier au manque de professionnels formés au numérique, la start-up Arsenio propose des sessions de formations intensives. Ces bootcamp, qui durent entre 12 et 16 semaines, abordent le BIM, l’économie circulaire, la rénovation énergétique, mais aussi les matériaux bio et géosourcés. La démarche décline et adapte le format bootcamp, populaire dans l’enseignement des métiers du web, à ceux de la construction. Les cours reposent sur différentes méthodes d’apprentissage : learning by doing avec immersion en entreprise, projets collaboratifs réels ou non, apprentissage par les pairs, caoching individuel, mais aussi classes virtuelles avec une plateforme de e-learning ad hoc. Pour trouver des participants (professionnels comme personnes éloignées de l’emploi), la jeune pousse a noué des partenariats avec des collectivités locales, dont la Ville de Paris et plusieurs départements limitrophes de la Capitale. Plus de 180 professionnels ont été formé par Arsenio.
Six catégories récompensées - Conception digitale, Rénovation, Chantier numérique, Tech security, Exploitation/maintenance prédictive, Démarches originales - et deux projets emblématiques mis en avant : la deuxième édition des trophées Tech Show for construction dédiés au numérique dans le BTP et organisée par Le Moniteur et Les Cahiers techniques du bâtiment le 25 juin, a récompensé les initiatives qui prennent soin du "déjà-là" pour mieux répondre aux enjeux de demain.
Grand Prix projet BIM de l'année : la rénovation de trois immeubles dans le centre de Paris pour accueillir le futur hub de l’IA de Google France par Studios Architecture. « Nous tenions à mettre l’accent sur l’importance du déjà-là en remettant le Grand prix BIM au projet parisien », a expliqué Cécilia Gross, architecte associée de l’agence VenhoevenCS Architecture+Urbanisme et coprésidente du jury. « Il est très difficile de rénover les villes. Or, cet acte doit devenir la priorité de tous les acteurs de la construction. La réhabilitation conçue par Studios Architecture coche toutes les cases de l’exemplarité », soulignait-elle lors des délibérations du jury. Pour ne citer que les principaux éléments de cette conception, retenons que 93 % des matériaux inertes ont été broyés pour être réutilisés in situ, que la structure de l’un des ouvrages existants a été remplacée par une ossature en bois et enfin, que toutes les terrasses ont été végétalisées de sorte à lutter contre l’effet d’îlot de chaleur urbain avec, en prime, nichoirs, gîtes à insectes et ruches pour favoriser la biodiversité.
Grand prix Solution tech, la solution de jumeaux numériques, mise au point par Egis pour EDF, pour anticiper le vieillissement des bétons armés des centrales nucléaires et des barrages, a impressionné le jury qui par la voix de son coprésident, Sébastien Laboureau, directeur technique d’Uby a salué des recherches « particulièrement utiles pour prévoir le vieillissement des ouvrages en béton armé. Ces modèles prédictifs permettent d’anticiper les défauts car ils intègrent des éléments très différents, comme les poutres de précontrainte, par exemple. »
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.