0 of 4
« Nous réhabilitons une ancienne gare du XXe siècle pour l’adapter aux besoins logistiques du XXIe siècle », déclare Laurence Giard, directrice générale de Segro France. Fin 2023, la foncière immobilière, accompagnée des architectes Anyoji Beltrando et Les Ateliers 4+, a lancé les travaux de transformation de l’ancienne gare de marchandises des Gobelins (XIIIe arrondissement) en un hôtel logistique urbain de 75 000 m2 répartis sur deux niveaux de sous-sol, en infrastructure de la dalle des Olympiades. Segro a acquis le site auprès de la SNCF en 2022 après avoir remporté, en groupement avec Icade, l’appel à projets « Réinventer Paris 2 - Les dessous de Paris ».
Le « petit Rungis » asiatique
« La première gare des Gobelins qui approvisionnait Paris en charbon date de 1903. Entre 1969 et 1977, elle a été recouverte d’une dalle sur laquelle ont été construites les tours du quartier des Olympiades », raconte Edouard Ancel, directeur du pôle " City logistics " de Segro France. A la suite de la fermeture de la petite ceinture ferroviaire en 1991, l’approvisionnement ne s’effectue plus par trains mais par camions. Le site qui accueille une majorité d’entreprises de commerces asiatiques en gros et demi-gros est surnommé « le petit Rungis » asiatique.
Travaux de second œuvre
Le chantier de réhabilitation a débuté par une phase de curage et de désamiantage (par l’entreprise Premys) qui se poursuivra pendant encore deux mois environ. « Ensuite, nous réaliserons essentiellement des travaux de second œuvre. Nous allons peindre les murs et les plafonds pour éclaircir cet espace très sombre, remplacer les kilomètres de réseaux de sprinkler, refaire la ventilation et le désenfumage, supprimer quelques monte-charges, aménager une rampe spécifique pour les vélos-cargos… Les appels d’offres sont en cours », décrit Edouard Ancel. Segro divisera l’ancienne gare en cellules de 1 000 à 2 000 m2 qui pourront s’étendre jusqu’à 10 000 m2. Certaines seront plus dédiées aux flux de livraison, les autres au stockage. Elles offriront aussi des hauteurs différentes : 5 m au niveau rez-de-voirie, de 6 m à 7 m au niveau inférieur.
Trois certifications et deux labels visés
Des capteurs installés partout dans le centre logistique souterrain serviront à réguler la qualité de l’air, la température et la luminosité. Côté rue Baudricourt, quelque 600 m2 de bureaux et des espaces de détente donnant sur un jardin arboré seront créés. « Nous allons retravailler la façade pour que ces lieux bénéficient de lumière naturelle », précise Edouard Ancel. Le projet vise trois certifications - Breeam RFO niveau excellent, Bâtiment durable francilien et Bâtiment bas carbone - et deux labels - Ecocycle et Certibruit. « Nous allons inciter nos futurs exploitants à utiliser aussi ce label en phase exploitation », indique le directeur du pôle « City logistics ».
Verdissement du site
Dans le cadre du projet global porté par Segro et Icade (qui développera deux immeubles de bureaux dans une seconde phase), le réaménagement de l’ancienne gare des Gobelins s’accompagne d’un verdissement du site avec en particulier la création d’un espace paysager, support d’un parcours pédagogique, à l’angle des rues Nationale et Regnault, et le réaménagement de l’actuel jardin des Rails.
« Un lieu générateur de liens »
« Avec cet hôtel logistique urbain, nous voulons créer un lieu générateur de liens », poursuit Laurence Giard. Un espace d’environ 500 m2 sera dédié à des porteurs de projets - start-up, universitaires, etc. - pour qu’ils puissent tester des solutions innovantes en matière de logistique urbaine. A l’issue des travaux, courant 2025, Segro ouvrira une maison des services, rue de Tolbiac. Accessible aux riverains et aux salariés du centre logistique, elle devrait regrouper un atelier de réparation de vélos, un café solidaire, une conciergerie de quartier, un cliqué-retiré ou encore une recyclerie. Enfin, une maison de la logistique urbaine durable devrait voir le jour. « Nous l’imaginons comme un lieu de rendez-vous d’experts, de start-up, d’acteurs publics et privés qui réfléchiront ensemble à la logistique urbaine de demain. Nous allons nous appuyer sur Paris&Co pour définir une programmation de conférences », détaille Laurence Giard. La première pourrait se tenir dès ce mois de mars.