Passerelle en carton et caisse à savon : 350 étudiants à l’ouvrage
L’édition 2023 des ateliers design a amené trois promotions de l’École des Ponts ParisTech, l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et l’école Penninghen à collaborer pour imaginer et construire des structures performantes avec des matériaux imposés.
Arches de papier : plus loin avec moins
Ici les étudiants avaient pour mission de construire une arche de la plus grande portée possible avec du papier kraft, de la ficelle et des vis à reliure. Un vrai défi car même enroulé en tubes rigides, le papier kraft est un matériau particulièrement instable. Montées à plat, les arches ont été mises en tension puis levées avant une nouvelle mise en tension pour une recherche de forme manuelle.
Caisses à savon
Tout roule pour les caisses à savon
Des cadres en acier, quelques roues de brouette et hop, voilà des véhicules prêts à s’affronter tout autour de l’école. Comment placer les masses ? Mettre au point la géométrie de la structure ? Penser le système qui permet à l’engin d’avancer ? Un atelier qui mêle la pensée de l’ingénieur et une bonne part d’intuition pour un résultat très apprécié des étudiants !
Cartour
Du carton, des tours, des « cartours »
Selon le modèle du beffroi, quatre tours sont construites avec deux types de carton : ondulé double face et ondulé simple face, à utiliser en fonction de leur résistance – différente – à la compression et à la traction. Pas de colle entre les modules : les étudiants ont dû inventer des systèmes d’assemblage et de clipsage. Chaque tour doit pouvoir supporter 50 à 80 kg.
Franchir mon pont
Franchir sans fléchir
Tiendra, tiendra pas ? Oui, il tient ! Succès pour cet ouvrage dont la réalisation a suivi un parcours classique avec schémas, premières maquettes permettant de comprendre le fonctionnement de l’objet, maquettes plus importantes pour étudier les technologies d’assemblage et enfin réalisation à l’échelle 1. L’ouvrage est sanctionné par une note carbone qui prend en compte la quantité de matière utilisée, la possibilité de réemployer des éléments et le ratio d’assemblages par rapport aux éléments.
Meubles et chaussées
Meubles et chaussées : des ponts à livres
Pour familiariser les étudiants avec les différentes typologies de ponts et de passerelles, l’atelier les met au défi de s’en inspirer pour construire des étagères-bibliothèques. Ici, le groupe en a retenu quatre : suspendue, haubanée, arche et treillis. Objectif : que la construction soit capable de supporter des livres.
Micro-architectures bois
Micro-musées en bois et toile
Cinq artistes imposés et une mission : leur construire à chacun une petite structure en toile et bois avec des cordelettes pour assurer l’assemblage, destinée à accueillir une œuvre ou un élément inspiré du travail de l’artiste. Ou comment faire tenir une structure avec des matériaux extrêmement cassants, le tout sur un amphi… en pente !
Ombrières à oculus
Micro-architecture ombragée
Une balançoire ? Pas du tout. Le poids central niché au cœur de cet assemblage de voiles et de cordes permet, lorsqu’on le soulève, de relever les pans de tissu jusqu’à venir clore le petit édifice. Ou comment utiliser le caractère tridimensionnel de la structure et son vide central pour retransmettre des efforts.
Osier structurel
Saule porteur
Alors qu’en architecture, l’osier est généralement utilisé en remplissage, l’idée ici était de l’utiliser en structure. Construire des bancs permettrait de remplir les trois fonctions structurelles : porter, ponter et contreventer. Les deux modèles imaginés par les étudiants mesurent 2,20 de large et leur structure a été conçue à l’aide d’un algorithme spécifique aux constructions en osier.
Passerelles en carton
Les passerelles en carton ou la compréhension du matériau
Grand classique de ces ateliers, l’exercice demande aux étudiants de faire travailler ensemble des panneaux en carton alvéolaire et du carton ondulé simple face assemblés par de la colle à bois pour porter une personne sur 6 m de long.
Pont de Vinci
Le petit pont de pierre
Alors que la pierre de taille revient dans les constructions contemporaines, cet atelier démontre les possibilités offertes par ce matériau avec des outils très simples et les préceptes des compagnons du devoir tailleurs de pierre. Un moyen d’aborder les questions structurelles car tous les blocs participent à l’équilibre de l'ouvrage.
Pylônes téléphériques
Un téléphérique dans le hall
Spectaculaire, cet atelier demande la construction de quatre pylônes de typologies différentes avec pour seuls matériaux des plaques de 1,25 x 1,25 m d’OSB (panneau de particules orientées), des baguettes de bois de 3 x 3 cm et des boulons. Les pylônes sont reliés par un câble et l’objectif est de faire circuler entre eux une nacelle de 8 kg dont la charge est accrue jusqu’à 15 kg.
Rue Canyon
Rendez-vous rue Canyon
Comment maintenir les extérieurs confortables par tous les temps ? La rue Canyon imaginée par les étudiants baigne sous un soleil artificiel fait de lampes chauffantes qui éclairent des prototypes de façades destinés à réfléchir ou à absorber le rayonnement.
Sable et sel
Sable et sel : à table !
Pour concevoir une table et une chaise avec ce matériau inutilisable en construction qu’est le sable du désert, les étudiants l’ont mélangé avec du sel et ont introduit ce nouveau matériau ferme en compression mais faible en tension dans des tubes de plastique flexible. Résultat : un mobilier qui tient le choc.
Tour parachute
Une tour para-chute
Une masse reliée à la tour par une corde la soulève lorsqu’elle est lancée de l’autre côté de la rambarde. L’objectif de l’atelier était de freiner la masse avant son arrivée au sol par un système de dissipateur d’énergie. La force de l’impact doit rester inférieure au poids de la tour afin que celle-ci reste au sol.
Il aura fallu du carton, beaucoup de carton, pour construire les objets proposés lors des ateliers design qui se sont tenus dans l'enceinte de l'Ecole des Ponts ParisTech. Il aura fallu aussi des baguettes de bois, des cadres d’acier récupérés, des roues de brouette, de la pierre, de l’osier, du sable et quelques kilomètres de ficelle. Pendant une semaine, fin mars, 350 étudiants issus de trois écoles différentes ont construit une soixantaine d’objets différents. L’objectif : « l’alliance de l’esprit et de la main », résume Cyril Douthe, maître de conférences à l’Ecole des Ponts ParisTech et organisateur de ces ateliers design.
Savoir technique
Une devise empruntée au MIT, le célèbre institut des technologies bostonien, qui s’applique parfaitement à cette session d’une semaine. « La fabrication d’un objet, quel qu’il soit, nécessite un savoir théorique mais aussi un savoir technique, estime Cyril Douthe. Ce dernier est lié aux matériaux, aux techniques d’usinage, de fabrication, de montage ou encore aux méthodes, ce sont d’autres connaissances, notamment culturelles, à acquérir par les étudiants ».
Jurés prestigieux
Au total, 190 étudiants ingénieurs, 100 futurs architectes et 60 apprentis designers constitués en groupes travaillent sur 15 thèmes différents : pylônes de téléphérique, passerelles en carton, arches de papier kraft, bancs d’osier, ballon suspenseur ou étagères pensées selon les principes du pont. Chaque groupe est encadré par plusieurs professeurs et ses travaux sont évalués par deux jurés parmi lesquels des noms prestigieux comme l’architecte Marc Mimram ou le lauréat du grand prix de l’urbanisme 2022 Franck Boutté.
Sortir des silos
Ce dernier s’y retrouve pleinement : « en intégrant des enjeux et des disciplines complémentaires pour fabriquer un même objet et lui donner un sens pluriel, on sort des logiques disciplinaires par silo avec l’ingénieur structure qui calcule a posteriori un objet dessiné par un concepteur », se réjouit-il. Après avoir fait le tour des différentes réalisations, les jurés se penchent plus en détail sur les travaux de « leur » groupe, dispensant remarques et conseils.
Maquettes en spaghettis
Du côté des encadrants, on trouve cette année, un compagnon tailleur de pierre avec lequel les étudiants ont appris à commencer leur journée par un échauffement. « Pour moi, c’est l’élite du savoir technique que nous confrontons à l’élite du savoir théorique », explique Cyril Douthe. Equations à rallonge et maquettes en spaghettis permettent aux étudiants d’imaginer, dessiner, calculer et réaliser intégralement leurs objets. A la fin de la semaine, les structures sont entièrement démontées, ce qui peut être recyclé l’est tandis que la quincaillerie et les chutes de matériaux les plus importantes sont conservées, en prévision de l’année suivante. On n’a jamais assez de carton…
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.