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Il a passé tous les tests. A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le centre aquatique olympique (CAO) a réussi ses premiers sauts. Le 7 mars dernier, sous la grande halle de bois du nouvel l’équipement, les athlètes de la Fédération française de natation qui prendront part aux épreuves de plongeon lors des prochains Jeux se sont jetés à l’eau pour leur premier entraînement. La veille, avait eu lieu la symbolique remise des clés au comité d’organisation Paris 2024. Avec plusieurs semaines d’avance sur une date butoir fixée au 30 mars.
Dans un communiqué, la Métropole du Grand Paris, maître d’ouvrage du centre qui accueillera pendant les Jeux, outre le plongeon, la natation artistique et les phases préliminaires de water-polo, soulignait à cette occasion que «les 22 et 23 février, [s’y étaient tenues] les quatre commissions préfectorales prévues par le Code de la construction et de l'habitat pour les établissements recevant du public : les commissions sécurité incendie, sûreté et de sécurité publique, accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et, enfin, la commission d’homologation code du sport. Ces quatre commissions ont rendu un avis favorable sans réserve. »
Promesses olympiques
Un tel degré de précision dans le calendrier de la réception du bâtiment pourrait sembler superflu. Mais le doute a parfois été entretenu sur les capacités du lieu à tenir les promesses d’un équipement olympique. Une situation liée au parti-pris d’économie financière, mais aussi de sobriété écologique, du groupement mené par Bouygues Bâtiment Ile-de-France qui a été désigné mai 2020 pour concevoir et construire cet équipement, l'un des rares spécifiquement réalisés pour ces Jeux.
Au sein des deux agences associées sur ce projet, la française Ateliers 2/3/4/ et la néerlandaise VenhoenvenCS, les architectes Laure Mériaud et Cécilia Gross rappellent que la demande initiale supposait en effet de livrer un équipement dotés de bassins, longs respectivement de 50 m et 25 m et séparés par un espace de 9 m. Soit un bassin communément dit «olympique», capable d’accueillir des compétition de natation de course, plus le bassin de plongeon.
En préparant sa réponse pour la consultation, l’équipe a sorti son mètre et les calendriers de compétition. D’une part, l’été prochain, les épreuves de courses qui requièrent effectivement un bassin de 50 m n’auront pas lieu à Saint-Denis mais à l’Arena de Nanterre (Hauts-de-Seine) «mais dans aucun agenda d’aucune autre compétition, les épreuves de course et de plongeon n’ont lieu en simultané. Donc la demande était surdimensionnée», expliquent les deux architectes.
Murs mobiles
L’équipe a proposé un bassin à la mesure du réel besoin : pour les Jeux olympiques de cet été, les 25 m toujours nécessaires pour le plongeon et 33 m seulement pour le water-polo et la danse aquatique ; pour les autres compétitions à venir, comme les championnats d’Europe de 2026, les 50 m indispensables pour la course. Pour y parvenir, les concepteurs ont rendu la piscine modulable grâce l’installation de deux murs mobiles. «De la sorte, nous répondons évidemment à toutes les normes de compétition», assurent Cécilia Gross et Laure Mériaud. Et de rappeler que cette solution a été validée, ne serait-ce que par le jury qui a déclaré leur équipe lauréate en 2020.
Avec ce plan d’eau ramené précisément à 69,9 m, toute la halle a pu être redimensionnée. Une travée de 10 m de sa grande enveloppe, et donc de sa spectaculaire toiture toute en courbes, a été soustraite. Le coût de la construction a été abaissé mais «cela relevait d’un calcul plus largement efficace : tout le volume que nous n’avons pas créé est aussi du volume qu’on n’aura pas besoin de chauffer», poursuivent les deux conceptrices.
Héritage «soutenable»
Pour ces Olympiades qui faisaient la promesse d’une consommation raisonnée de toutes les ressources, le CAO pouvait se targuer d’économiser de la matière, de l’énergie et de l’eau, avant même sa mise en chantier. Et sans compter les bénéfices à venir des divers dispositifs dont il est équipé, les panneaux photovoltaïques en toiture ou les systèmes de récupération de l’eau des bassins et de sa chaleur. Au-delà des Jeux olympiques, Laure Mériaud et Cécilia Gross rappellent que la gestion du site devait être «soutenable» en phase dite de l’héritage, quand le CAO deviendra un équipement ouvert au public à partir de l’été 2025.
Enfin, observent les deux architectes, «travailler sur la compacité de la halle nous a permis de conserver ce qui faisait la qualité du bâtiment : les matérialités, les grandes ouvertures… bref, tout ce qui fait que l’on se sent bien dans cet espace.»
Fiche technique
Maîtrise d'ouvrage : Métropole du Grand Paris.
Maîtrise d'ouvrage déléguée et concessionnaire : Simbala (Bouygues Bâtiment Ile-de-France, Récréa et Omnes).
Maîtrise d'œuvre : VenhoevenCS et Ateliers 2/3/4/ (architectes). Paysage : Ateliers 2/3/4/.
BET : SBP - Schlaich Bergermann Partner (structure et façade), Inex (fluides et électricité), Katène (traitement d'eau), CL Infra (VRD), Inddigo (HQE), Mazet et associés (économie), Peutz (acoustique), CSD & associés (sécurité incendie).
Principales entreprises : Bouygues Bâtiment Ile-de-France (mandataire du groupement), Mathis (charpente bois), Mtechbuild (façades).
Surfaces : 15 000 m² SP, 21 000 m² SHO.
Calendrier : résultat de la consultation : mars 2020 ; inauguration : 4 avril 2024, ouverture au public en phase héritage : été 2025.
Coût total de l’opération (dont phase héritage et travaux spécifiques Paris 2024) : 151 M€ HT (source Métropole du Grand Paris).