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A l’annonce du confinement, le chantier de restauration de l’emblématique escalator dont la forme évoque une chenille en façade du centre Pompidou à Paris a été arrêté dès le 16 mars. « Nous avons pris la décision de fermer l’ensemble de nos chantiers car nous n’étions pas en mesure d’appliquer les restrictions sanitaires », déclarait alors dans nos colonnes Clarisse Mazoyer, présidente de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (Oppic), maître d’ouvrage délégué de l’opération.
De la nécessité de rénover la chenille
Le chantier avait pourtant bien démarré en septembre 2019, sous l’œil attentif de l’agence Renzo Piano Building Workshop (RPBW), garante de l’intégrité architecturale du bâtiment, proposé à la liste des édifices protégés au titre des monuments historiques.
Les travaux consistent à rénover les coursives et les escalators de la façade principale, celle qui donne sur la "piazza". « Depuis sa conception en 1977, cette chenille n’a jamais été remplacée. Les pièces sont d’origine. Seules des opérations de maintenance hebdomadaire et des entretiens annuels ont été menés », explique Julia Beurton, directrice générale adjointe du centre Pompidou. Ces pièces doivent donc être remplacées.
La deuxième raison qui a rendu cette opération nécessaire était « la volonté de rétablir une entrée commune », poursuit-elle. Depuis une opération de révision des flux en 2000, « l’entrée initiale de la bibliothèque publique d’information (BPI) en R+2 a été sacrifiée au profit d’un accès sur la rue Beaubourg », regrette Giorgio Bianchi, architecte chez RPBW. « La rénovation de la chenille est l’occasion de retracer le cheminement d’origine qui redonnera accès à l’ensemble des services du centre », explique-t-il. Les espaces de circulation doivent donc être restaurés afin de pouvoir accueillir les lecteurs de la BPI, qui s’ajouteront aux très nombreux visiteurs annuels des expositions.
De l’arrêt à la reprise
Pour faciliter la mise en œuvre en site occupé, le chantier a été scindé en deux : la partie nord (ou gauche) de la façade d'abord puis la partie sud (ou droite). De septembre à mars 2020, ont donc été menés, à gauche de la façade, les travaux de dépose et de repose des éléments verriers des coursives. « Au moment de la fermeture du chantier, les ouvriers venaient de terminer la réfection des vitrages de la coursive du 6e et dernier étage, et la chenille venait d’être fermée au public afin d’attaquer le remplacement des escalators », indique Alexandre Pachiaudi, architecte associé de l’agence Bunker Palace, maître d’œuvre associé de l’opération. L’ensemble des travaux devaient initialement s’achever en décembre 2020.
« Après plusieurs semaines d’échanges avec le coordonnateur SPS, la maîtrise d’œuvre et les entreprises, une fois le Plan général de coordination (PGC) et le Plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) établi dans le respect du guide de préconisation de l’OPPBTP, nous avons décidé de lever l’ajournement de chantier le 4 mai », détaille Pauline Prion, chef de projet pour l’Oppic. La première semaine a consisté à mettre en place les dispositifs nécessaires aux mesures barrières, principalement dans la base vie. Tandis que le chantier a réellement redémarré au 11 mai, avec un effectif égal à celui du mois de mars de 24 personnes, « que nous ne pourrons pas dépasser jusqu’à nouvel ordre », souligne-t-elle.
Un phasage révisé
Pour Pauline Prion, « la fermeture de l’établissement a facilité la reprise, car elle nous épargne la co-activité avec le public », soit l'une des contraintes majeures du chantier. Le phasage a été réorganisé en conséquence. Les ouvriers s’attellent en priorité au déplombage des garde-corps. Les points d’entrée dans la chenille, c'est-à-dire les niveaux pour accéder à l'escalier roulant, qui constituent des lieux de rencontres privilégiés, et qui auraient du être fermés à un instant T, sont aussi en cours de rénovation. « Il est même question de déployer un échafaudage sur la partie droite de la façade, pour mener des travaux sur la coursive du R+6 particulièrement utilisée, car elle donne accès aux espaces d’expositions temporaires », indique la chef de projets.
Prochaine opération d’envergure à venir, peut-être dès le mois de juin, le remplacement des vitrages et des escaliers mécaniques de la chenille. Concernant le calendrier, celui d’origine ne pourra bien entendu pas être respecté. « Non seulement, les deux mois d’arrêt vont se répercuter, mais en plus nous nous attendons à ce que la cadence des entreprises qui doivent appliquer les mesures barrières soit ralentie », explique Pauline Prion. Compte tenu de la situation, elle estime que « la livraison ne pourra intervenir qu’au premier semestre 2021 ».
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage : Centre national d’art et de culture Georges Pompidou.
Maîtrise d’ouvrage déléguée : Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic)
Maîtrise d’œuvre : Egis (maître d’œuvre d’exécution) /Renzo Piano Building Workshop (architecte) / Bunker Palace (architecte associé)
CSSI : SSITEC
CSPS : IPCS
Contrôle technique : Qualiconsult
Entreprises : Verre et métal (Façades, Métallerie, Serrurerie), Schindler (escaliers mécaniques), SAT (désamiantage), SPIE (fluides), Mergozzo (Résine), Altempo (installation de chantier), Multispe (nacelles)
Coût de travaux : 19 M€ TTC TDC