Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
Pour restaurer cette bâtisse, il a tout d’abord fallu prendre des mesures provisoires pour protéger la couverture, fuyarde, pendant la phase d’étude. Puis au démarrage des travaux, les tuiles ont été intégralement déposées. La ferme, conservée, a été redressée, renforcée, et reprise sur deux abouts d’entrait par de la résine. « La couverture a été refaite avec une tuile qui reprend le module d’origine, produite par l’entreprise Blache en Bourgogne », précise Aurélien Masurel, architecte du patrimoine.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
La toiture a ensuite été isolée d’une laine de bois sur 30 cm d’épaisseur. « Bien que combustible, son utilisation a été approuvée grâce à la mise en œuvre d’un écran au feu en bois massif verni de 3 cm », explique Adrien Bachelet, conducteur d’opération AMO à la Direction constructions publiques et architecture de la ville de Paris.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
Le volume de la grande salle a ensuite été retrouvé grâce à la dépose du plancher intermédiaire en béton et briques.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
En parallèle, l’entreprise de gros œuvre a procédé au dépiquetage de l’enduit en ciment sur les façades nord et est de manière à laisser respirer la pierre avant de l’enduire. En novembre, la pose des menuiseries a débuté.
Pour rappeler l’état du XIXe, les baies, qui ont été percées dans les années 1950, ont été rebouchées avec les tuiles plates de la toiture disposées à l’horizontale. « Près de 1800 tuiles ont été employées pour les cinq baies. D’autres seront disposées en moucharabieh dans les fenêtres basses, afin de faire circuler l’air jusqu’aux fenêtres de toit lors du rafraîchissement naturel en été », détaille Julia Turpin, architecte associée de l’agence Grand Huit.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
Entre décembre et janvier, les compagnons ont enduit les façades extérieures. « Si un enduit à la pierre vue comme celui de la façade sud était envisagé au départ, c’est finalement un enduit plâtre chaux de 3 à 5 cm qui a été appliqué suite à la découverte de reste de plâtre dans le coin d’une corniche », détaille Aurélien Masurel. « Cette méthode reprend une mise en œuvre traditionnelle, protégeant et habillant la pierre calcaire disposée en moellon plus ou moins équarri ».
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
A l'intérieur, une fois le plancher intermédiaire en béton et briques déposé, et la chape de béton coulée au sol début janvier, c’est un isolant similaire au béton de chanvre qui est en train d’être mis en œuvre sur une ossature bois non porteuse. En l’occurrence, il s’agit d’un mélange de paille, de chènevotte, de plâtre et de chaux aérienne, qui se déverse soit à la main sur des couches de 10 cm soit par projection en machine. « Ce mélange en provenance de l’entreprise Vieujot à Soisy-sous-Montmorency (Val d’Oise) est plus isolant que les anciennes formules par passe, ce qui nous a permis de diminuer de 50 % le liant plâtre chaux ainsi que le temps de séchage », explique Luc Moritz, dirigeant de l’entreprise Batilibre. Un bon point puisque la chaux est tout de même issue d’un procédé à forte émissivité de carbone. Le mélange est disposé sur 20 cm d’épaisseur derrière des treillis soudés en acier galvanisé qui servent de support à un enduit de finition brossé ou lissé. « Initialement un treillis en roseaux, enduit terre et finition argile était prévu, mais ce complexe, pas encore validé pour une résistance au feu pendant une heure, n’a pas pu être employé », déplore le conducteur de chantier.
Réfection du logis en bureaux
Dans le logis, la charpente bois du plancher intermédiaire a été conservée. Mais pour accueillir les bureaux à l’étage, elle a été renforcée au moyen d’une dalle connectée en béton.
« Par ailleurs, la façade, devenue aveugle, ainsi que la présence de linçoirs (une pièce fixée parallèlement à un mur, qui sert à supporter les solives d'un plancher, près des ouvertures), laissait deviner la présence d’anciennes baies cintrées, alors restituées », souligne Aurélien Masurel.
Aussi, « en soubassement, en guise de protection de l’enduit plâtre, des tuiles de l’ancienne couverture seront réemployées, disposées à la verticale sur un tasseautage fabriqué à partir des anciennes menuiseries du bâti », explique Julia Turpin.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
Au rez-de-chaussée et sur la mezzanine du logis, les 97 m de dalles de parquet en bois debout de 30 x 30 cm seront issues du travail de l’atelier R-are, qui s’est attelé à récupérer les chevrons et liteaux abimés sur site pour fabriquer la matière. Dans un premier temps, les clous sont extraits un à un avant que le bois ne soit découpé pour fabriquer à la main les dalles de parquet, fixées sur une sous face en liège. Un travail artisanal peu rentable, mais à forte valeur sociale puisqu’il permet la création d’emploi en insertion.
Restauration de la vacherie de la ferme Montsouris
Au sous-sol, l’ancien cellier, particulièrement humide a du être assaini. « Pour ce faire, les anciennes tuiles ont été concassées disposées le long des murs en pierre, en lieu et place de la dalle béton, afin de stopper les infiltrations d’eau », détaille Adrien Bachelet. La ventilation sera renforcée mécaniquement. Puis derrière une porte coupe-feu métallique, provenant d’une commande en trop sur un chantier voisin (un réemploi pas toujours évident puisque chaque élément obtient un Procès-verbal en fonction du bâtiment pour lequel il est prévu), un local est dévolu à la chaufferie bois.
Un poêle à pellet alimentera le bâtiment en eau chaude sanitaire et les radiateurs eux aussi récupérés d’une crèche voisine. Le même poêle fournira de la chaleur à la future bagagerie solidaire d'un futur pavillon qui devrait voir le jour en 2022.
En fond de parcelle, dans le 14e arrondissement parisien, se déroulent depuis l’été 2019 des travaux de restauration atypique. Une ancienne vacherie de la ferme Montsouris, datée des années 1846-1862, reconvertie 100 ans plus tard en un centre de réinsertion sociale, deviendra à la rentrée de septembre 2021 un lieu d’accueil pour les créations circassiennes.
La longère de 32 m de long pour 9 m de large, structurée d’un logis avec mezzanine et d’une grande salle sous une toiture à deux pans, était dans un piètre état au moment de son acquisition par la ville de Paris en 2013. Ses façades en pierre étaient enduites de ciment, l’empêchant de respirer. Ses fenêtres étaient murées de parpaing. Sa charpente de résineux était abîmée. Ses tuiles étaient devenues poreuses.
Pour restaurer cet ensemble modeste, mais témoin d’une époque, l’agence d’architecture Grand Huit et l’Atelier Aurélien Masurel (AAM), architecte du patrimoine, ont cherché à exprimer le volume et l’apparence originale de la bâtisse, en optant pour des matériaux biosourcés et d’autres réemployés, « une politique devenue chère à la ville de Paris », souligne Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris, chargé notamment du suivi des chantiers et de la transition écologique du bâti.
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Paris
Maîtrise d’œuvre : Grand Huit (Architecte mandataire), AAM (architecte du patrimoine), Sophie Popot (architecte)
BET : LM ingénieur, Alter-batir/BE Thermique, Toreana Habitat
Entreprises principales :
Becia groupe Alterea (gros-œuvre / charpente / menuiserie/ réemploi)
o Sous-traitant ADM (charpente), Batilibre (isolation chaux chanvre), Atelier R-are (réemploi) ;
CVC/plomberie/ électricité : Le feu et l’eau (CVC, plomberie) en cotraitance avec APASHU (électricité)
Surface : 360m2
Coût : Toutes Dépenses Confondues 2,2 M € TTC
Livraison : printemps 2021
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.