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Après deux ans et demi de travaux, la Bibliothèque humaniste de Sélestat (Bas-Rhin) entre dans ses nouveaux murs. Après la réception définitive du chantier, lundi dernier, le 18 juin, elle rouvrira ses portes au public samedi 23 juin. Son bâtiment, l’ancienne halle aux blés datant du milieu du XIXe siècle, a été rénové et se complète d’un nouvel espace d’entrée qui porte la surface totale à 2 500 m2, un peu plus du double de l’existant. «Il était vite apparu que notre ambition d’ouvrir davantage le lieu au public ne pouvait se contenir dans les seules surfaces d’origine», souligne Benjamin Fendler, le directeur de la bibliothèque. Celle-ci abrite une collection remarquable, reconnue en partie par l’Unesco, d’ouvrages manuscrits et imprimés depuis le VIIe siècle, dont surtout un fonds du Moyen-Age et du début de la Renaissance constitué à l’émergence du mouvement humaniste.
Rudy Ricciotti a été chargé de concevoir la rénovation-extension. «Il a appliqué son principe fétiche de la lumière en trouvant la voie pour la concilier avec les exigences de bonne conservation de la collection», salue Benjamin Fendler.
Des colonnes et une charpente tridimensionnelle
Deux éléments impriment leur marque à la construction. La plus visible: les 25 colonnes en grès rose des Vosges de part et d’autre du parvis d’entrée. Elles ont été empilées autour d’un noyau central de métal et de béton. Les 20 pièces de chaque colonne, toutes sur-mesure, ont été posées par une technique de type «manchonnage», comme des perles sur un fil.
L’autre composante forte, aujourd’hui un peu plus masquée, vient de la charpente métallique tridimensionnelle. Elle incarne les interventions multiples de renforcement de la structure, qui avaient commencé dans les fondations par une reprise en sous-œuvre grâce au jet grouting.
Véritable exosquelette, la charpente a consolidé l’enveloppe extérieure et assuré la conformité aux normes sismiques contemporaines (le site est localisé en zone 3 correspond à un niveau de sismicité modéré), dans le contexte où le projet de rénovation supprimait les murs porteurs qui assuraient le contreventement et supportaient les voûtes latérales.
Disposée en quatre travées équidistantes, la charpente se compose de tubes d’acier d’environ 100 millimètres de diamètre. Elle prend la forme d’une croisée d’ogives évocatrice des constructions gothiques et les butons architecturaux qui la terminent viennent accentuer son esthétisme. Elle restera surmontée d’une charpente traditionnelle en bois reconstituée à l’ancienne.
Du second œuvre complexe aussi
Achevé il y a un an, le gros œuvre a laissé place au second œuvre. «De façon plus discrète, lui aussi a dû relever un certain nombre de défis. C’est le cas notamment des lots revêtement de sol, électricité courant faible et chauffage-climatisation-ventilation (CVC) afin de maintenir une fourchette étroite de variation de température et d’hygrométrie eu égard aux exigences de bonne conservation des collections», souligne Patrice Dollé, directeur de l’immobilier de la Ville de Sélestat.
Fiche technique
Maîtrise d’ouvrage: Ville de Sélestat
Maîtrise d’œuvre: Rudy Ricciotti Architectes/LR Ingénierie/Ingérop
Maîtrise d’œuvre d’exécution: Thalès Architecture/OTE Ingénierie
Entreprise générale: Demathieu Bard Construction
Fondations: Keller Fondations
Charpente métallique: BCM (groupe Soprema)
Revêtement parquet: Parq’Line Voncept
CVC: Génie climatique de l’Est
Electricité: Sovec
Montant d’opération: 14,3 millions d’euros TTC