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L’opération de réaménagement de l’échangeur autoroutier de Sévenans (Territoire de Belfort) voit se succéder à cadence haute l’installation de ses ouvrages d’art. APRR (groupe Eiffage), le maître d’ouvrage du chantier de 120 millions d’euros, procède à la pose du pont de franchissement de l’A36 et de la rivière Douce, du 19 au 30 juillet. Cette construction de 94 mètres de long — la plus étendue de toute l’opération — constituera le support du cœur du projet : la mise à 2x2 voies, sur quelque quatre kilomètres de la RN1019 qui croise l’A36 à ce point entre Belfort (Territoire de Belfort) et Montbéliard (Doubs) pour distribuer la circulation, d’un côté vers la Haute-Saône, de l’autre vers le sud du Territoire de Belfort et la Suisse en passant d’abord par la gare TGV et le nouvel hôpital public. L’objectif étant de désengorger ce goulet, fréquenté quotidiennement par 60 000 véhicules sur l’A36 et 25 000 sur la route nationale et qui en attendent respectivement 80 000 et 27 000 dans deux ans.
Des méthodes de pose variées
L’ouvrage comprend un tablier à cinq travées composé de 24 poutres métalliques précontraintes et préfabriquées de type « Prad », en forme de « T » inversé, sur lesquelles sera posée une dalle béton puis la chaussée proprement dite. Il est posé à la grue, de nuit, en six phases. Il suit de quelques semaines la pose de trois autres ouvrages métalliques, construits, comme lui, par l’italien Giugliano : l’un à tablier trapézoïdal en hourdis béton et poutres en acier Corten qui surplombe la Douce (en mai), puis en juin deux franchissements respectivement de l’autoroute et de la route nationale, qui ont été installés grâce à des Kamags, remorques spéciales pivotables de levage. A l’automne prochain, APRR programme la mise en place de l’ouvrage de franchissement de la RD437 et du canal Rhin-Rhône, cette fois-ci par la technique du lançage depuis l’une de ses extrémités.
Le chantier applique donc une multitude de techniques de pose, « conséquence d’un environnement très contraint auquel nous devons nous adapter à chaque fois : présence de l’autoroute, proximité de rivières et d’un canal, le tout dans un espace étroit traversé par de nombreux réseaux », explique Charline Schwartz, conductrice d’opérations grands projets chez APRR.
Un remblai ultra-allégé
Cette configuration complexe conduit également à une première au sol : la réalisation sur un chantier autoroutier de remblais allégés constitués de verre recyclé. L’échangeur de Sévenans applique en effet un matériau formé par le mélange de billes de verre cellulaire recyclé avec une poudre minérale, tel que mis au point par le fabricant suisse Misapor. Utilisé principalement comme isolant, il est plus léger que les remblais « light » les plus courants. « Ce surcroît de légèreté est motivé par le voisinage immédiat d’une gravière, afin de ne pas fragiliser le talus qui la précède », précise Charline Schwartz. Ce sont ainsi 950 m3 de ce remblai qui sont posés par le groupement réunissant Vinci Construction Terrassement, Eurovia et Climent TP, sur une longueur de 120 mètres et une hauteur de quatre mètres, à raison de couches successives de 40 centimètres recouvertes chacune d’une membrane géotextile.
Au total, le projet comprend dix ouvrages d’art et il représentera 586 000 m3 de remblais d’ici à son terme prévu au premier trimestre 2020.