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Lancé il y a vingt ans, le chantier de la construction du château fort de Guédelon, dans l’Yonne, a repris au mois de juin 2020. Chaque été, une quarantaine de salariés travaillent sur le site d’une quinzaine d’hectares.
Vêtu de sa tunique beige, Florian Renucci, le maitre d’œuvre, fait sa ronde du début d’après-midi et se fraye un chemin parmi les visiteurs. Il commente à haute voix les ateliers, de la forge d’outils à la pose de clé de voûte, en passant par le taillage de pierre.
Ressources locales
Dans le monde de la construction, Guédelon reste un chantier à part. Ici, tous les matériaux proviennent de la forêt voisine. Le bois est utilisé pour les charpentes, le grès et le calcaire sont mobilisés pour les murs, le sable est réinvesti pour les mortiers. « Notre but est de reproduire des techniques de constructions du Moyen-Age, telles qu’elles étaient utilisées sous le roi Philippe Auguste, au XIIIe siècle », explique Florian Renucci.
Pour y parvenir, les responsables du chantier travaillent avec des historiens et des archéologues. Chaque étape nécessite un travail colossal de documentation en amont. Les équipes investies dans le projet utilisent les archives et visitent des châteaux de cette même époque, afin de mettre ensuite en œuvre les hypothèses pour les confirmer ou les infirmer.
Démarche scientifique
Le château construit à Guédelon possède plusieurs caractéristiques : d’abord, une cour centrale de forme rectangulaire, ainsi qu’une entrée principale défendue par deux tours. Ensuite, quatre tours d’angle décentrées des courtines, dont la tour maîtresse – le donjon –, viennent compléter l’ensemble.
A l’été 2020, une tour sur les six avait été terminée, celle de la chapelle. La tour maîtresse a été entamée aux deux tiers. La courtine ouest est en cours de finition. Tout le reste est en cours de réalisation et la totalité du projet ne sera pas achevée avant 2030. Pour autant, le chantier a d’ores et déjà commencé à livrer des premiers résultats. Au fil des étapes, ses constructeurs ont ainsi démontré que les hypothèses des historiens concernant la construction des voûtes sur croisée d’ogives, caractéristiques de l’architecture gothique, étaient erronées.
Vivier de créativité
Des formulations pour les mortiers ou les peintures ont été également mises au point. Les ressources disponibles sur place étant restreintes, il a fallu redoubler d’inventivité pour trouver les bons mélanges et les adapter aux contraintes locales. « Si les architectes ont besoin de se ressourcer aujourd’hui en termes de construction, alors je leur conseille de regarder de plus près les pratiques vernaculaires. Je suis convaincu que ces dernières peuvent alimenter et stimuler leur créativité ! », exhorte Florian Renucci.