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Gironde : à Bruges, l’école Frida-Kahlo est première de la classe

Après une année de fonctionnement, l’école Frida-Kahlo de Bruges dans la Gironde attend la validation de sa labellisation E+C- de niveau E4C2. Retour sur la concrétisation d’une ambition environnementale et d’une réflexion autour des usages.

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« Nous avions une page vierge et je voulais l’équipement le plus vertueux possible, se rappelle la maire (DVG) de Bruges Brigitte Terraza, pour cette école du quartier Ausone, près d’un parc écologique. »

Cette ambition a été traduite par ses services par la volonté d'atteindre la performance E4C2, un niveau qui n’a pas encore été atteint par d’autres équipements. Et pour cause… « Cela n’a rien d’évident, estime Jules Eymard, architecte associé de l’agence Compagnie Architecture (récompensé en cette rentrée par nos confrères de la revue « d’architectures » dans le cadre du Grand prix d’architectures 10+1) qui a réalisé le groupe scolaire, dans le cadre d’un marché de conception-réalisation avec l’entreprise Charpente Cénomane, et nous atteignons tout juste le niveau E4C2. »

L’ensemble scolaire qui comprend 16 classes (dont seulement 11 sont utilisées aujourd’hui) est conçu comme un village de cinq bâtiments sur les principes de l’architecture bioclimatique avec de grandes menuiseries pour l’apport solaire et des débords de toits pour la protection. L’approche est avant tout « low tech » : « des puits climatiques évitent le recours à la climatisation l’été, précise Jules Eymard, et apportent de la chaleur l’hiver : en cas de canicule avec 38 °C à l’extérieur, l’air intérieur sera à 28 °C et à l’inverse, avec 0 °C/-2 °C à l’extérieur, l’air insufflé ne descendra pas en dessous des 12 °C. » Une chaufferie bois complète le dispositif et elle est installée dans l’unique bâtiment en béton de l’école ; tout le reste étant constitué de murs à ossature bois avec isolant et doublage en laine de bois, planchers CLT et de coursives extérieures avec charpentes bois et bacs collaborant. « Chaque choix de système constructif doit être quantifié avec un poids carbone : c’est ce qui est compliqué, estime l’architecte ; dès que l’on introduit une variante, il est nécessaire de rebalayer tout le projet. » L’équipe de maîtrise d’œuvre est même parvenue à intégrer dans le calcul les 200 m2 de panneaux solaires qui couvrent la totalité des consommations et génère 30 % de surplus.

Outil pédagogique, mutualisation et réversibilité

Et pour faire de ce lieu un véritable outil pédagogique, Brigitte Terraza a intégré l’Education nationale à la réflexion. « Nous voulions travailler sur la mutualisation et nous savons que les locaux génèrent une organisation de travail », explique la maire.

Grâce à la création de salles accolées aux classes, les mêmes locaux peuvent être utilisés les jours d’école, le matin, le soir et les vacances scolaires. Ils sont investis en journée par les enseignants pour des ateliers et le reste du temps par les équipes d’animation du périscolaire.  « Nous réalisons moins de surface, mais elle est utilisée toute la journée », précise Jules Eymard. Un accès à l’extérieur pour chaque salle de classe – en rez-de-jardin et sur les terrasses – présente également un intérêt pédagogique pour les enseignants qui bénéficient également d’espaces verts, de plantes d’ornement ou comestibles... Les bâtiments accessibles de l’extérieur peuvent même être mis à disposition pour les associations.

La réversibilité est également un paramètres du projet : l’espace dépose-minute devant l’école est une place qui est rendue au quartier, une fois les parents partis, ou aux élèves qui peuvent l’annexer en fonction des activités. Compte tenu de leur disposition, les bâtiments eux-mêmes pourraient être utilisés pour d’autres usages : « il faut pouvoir agrandir, mais parfois il est aussi nécessaire de réduire la capacité d’accueil des équipements », souligne Jules Eymard.

Pour un tel résultat, « qu’on ne pourra pas dupliquer à tous les bâtiments, à cause des coûts de construction », estime l’architecte, « la commande est primordiale ». Tout comme la volonté politique. Le montant de cette opération s’élève à 9,3 millions d’euros HT et son surcoût, par rapport à une opération classique à 12,5 %. Elle a bénéficié d’une subvention de 350 000 euros, dans le cadre de l’appel à projets Bâtiments du futur de la région Nouvelle-Aquitaine, de 2,5 millions d’euros de Bordeaux Métropole (règlement d’intervention Ecoles), de 308 704 euros du conseil départemental, de 20 000 euros de la CAF et une subvention de l’Ademe pour la chaufferie bois.

Fiche technique

Entreprise mandataire du groupement de conception-construction : Charpente Cénomane
Architecte : Compagnie Architecture
Equipe de maîtrise d’œuvre : Pollen Paysage (anciennement Volga), paysagiste ; Albert & Co, BET fluides et environnement ; Cesma, BET charpente bois ; Astrée, BET gros œuvre ; Hoeco, économiste et OPC ; ACFI, BET électricité ; Fred Bonnet, BET VRD ; Adhoc, BET cuisiniste ; Acoustex, BET acoustique
Entreprises : Charpente Cénomane, charpente à ossature bois et mobilier bois ; Legendre, gros œuvre ; Teba, couverture et étanchéité ; Botanica, espaces verts ; Secop, chauffage, ventilation, climatisation, plomberie ; Rovalec, électricité ; Quietalis, équipements de cuisine

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