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Né à Plainpalais près de Genève en 1904, Jean Tschumi arriva à Paris à l’âge de 16 ans ; s’y forma à l’architecture, aux Beaux-Arts, et l’enseigna plus tard à Lausanne, dans une nouvelle école qui allait devenir l’EPFL ; eut des agences dans les deux villes et bâtit dans les deux pays. Ce Suisse très français faisait sans cesse l’aller-retour entre ces deux points d’ancrages et devait même mourir en 1962 dans le train de nuit Paris-Lausanne.
Alors quand son fils, Bernard Tschumi, architecte également, a voulu faire don de 342 dessins issus de l’agence parisienne, c’est la Cité de l’architecture et du patrimoine qu’il a choisi. «L’agence du boulevard Saint-Germain, c’était en réalité deux pièces dans l’appartement familial, raconte-t-il aujourd’hui. Ces dessins étaient conservés dans de grands meubles à tiroirs… sur lesquels étaient installés les matelas sur lesquels nous dormions.»
Soin extrême
A partir de ce fonds, le musée parisien a choisi de consacrer une rétrospective à Jean Tschumi. L’exposition permettra de faire redécouvrir, du 19 mai au 19 septembre 2021, une œuvre moins connue que celle de son compatriote Le Corbusier mais ponctuée de pièces magistrales, construites en particulier pour assoir l’image de grands noms de l’industrie comme Nestlé ou Sandoz.
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Dans ces sièges ou ces usines, l’architecte mit un soin extrême dont «son confrère Pierre Vago disait : "Tschumi ne recherche par la nouveauté, il recherche la perfection"», explique le professeur d’histoire de l’art contemporain, Jean-Baptiste Minnaert. Co-commissaire de l’exposition avec la conservatrice Stéphanie Quantin-Biancalani, il poursuit : «Jean Tschumi a pris les références de son temps et les a magnifiquement mises en musique. Tout est dans la précision, dans l’élégance. Sans emphase.»
De ce père architecte, qui pensait ses projets depuis le mobilier jusqu’à l’inscription dans le paysage et tendait ainsi vers l’art total, Bernard Tschumi évoque ce qui le séparait de ses contemporains du mouvement moderne : «il était davantage dans la continuité que la rupture. Chez lui, le mot brutal n’existait pas.»
Jean Tschumi Architecte
Commissariat : Stéphanie Quantin-Biancalani, conservateur, responsable de la collection d’architecture moderne et contemporaine, Cité de l’architecture & du patrimoine et Jean-Baptiste Minnaert, professeur d’histoire de l’art contemporain, Sorbonne Université, Centre André Chastel.
Scénographie : Jean-Benoît Vétillard, architecte.
Commande photographique : Christian Richters et Frédéric Delangle.
Catalogue : coédition Couleurs contemporaines - Bernard Chauveau éditeur et Cité de l'architecture et du patrimoine, 312 pages, 39 €.
Informations pratiques : du 19 mai au 19 septembre 2021 à la Cité de l’architecture et du Patrimoine à Paris, XVIe : citedelarchitecture.fr.
Exposition présentée dans la galerie moderne et contemporaine et accessible avec un billet d’accès au musée.