Bernard Tschumi est architecte. Même s’il a tardé à le revendiquer, il n’en est pas moins aujourd’hui le sujet d’une rétrospective au Centre Pompidou. Fils de l’architecte Jean Tschumi, il rappelle en effet qu’à ses débuts, quoique diplômé à son tour, il renâclait à se présenter comme bâtisseur. « Le mot architecture était tellement empreint de préjugés, raconte-t-il. Elle était devenue le résultat stérile de recettes constamment répétées. Ce qui était intéressant, c’était la ville, son chaos et son énergie. Je préférais parler d’espaces et d’événements. »
Répondre aux questions d’usage
Né en 1944 à Lausanne, le Franco-suisse grandit à Paris et se consacre dans les années 1970 à des travaux théoriques. Aujourd’hui encore, plus qu’à la forme des murs, l’homme reste attaché aux concepts, à la réflexion qui permet de donner des réponses matérielles aux questions d’usage. Pour son associée parisienne, Véronique Descharrières, « son travail est d’abord une pensée. Pour lui, un concept doit pouvoir s’expliquer en trois phrases. »
Bernard Tschumi obtient son premier projet bâti en 1983, « un coup de tonnerre ». Avec le parc de La Villette, il rejoint les bâtisseurs des grands projets mitterrandiens. « Je ne m’attendais pas à être lauréat du premier concours auquel je participais. Je n’avais aucune expérience de la construction. » L’architecte qui, parce qu’il a toujours « été dans l’incapacité de choisir entre Paris et New York », se partage entre ces deux villes et ses deux agences, affichant désormais une œuvre construite non négligeable parmi laquelle on citera l’école d’architecture de Marne-la-Vallée, les Zénith de Rouen et de Limoges et, plus récemment, sa participation à la renaissance du zoo de Vincennes.
« En ce moment, quatre de mes chantiers sont ou vont être livrés », remarque-t-il. Et la construction du deuxième bâtiment du MuséoParc d’Alésia, en Bourgogne, devrait être lancée en 2015. Pourtant, dans bien des esprits, Bernard Tschumi reste surtout associé aux emblématiques folies écarlates de son parc parisien. Mais ce rouge, comme celui de l’écharpe qu’il arbore immanquablement, d’où peut-il bien venir ? Bernard Tschumi botte en touche : « A vous de vous projetez ! » Il a intitulé un de ses livres « Red is not a color » Le rouge, donc, n’est pas une couleur.
