Diaporama

En Meurthe-et-Moselle, le tabouret de la flèche de Notre-Dame prêt à rejoindre Paris

Après une opération de montage à blanc achevée le 17 mars à Val-de-Briey, la base de l’émergence emblématique de la cathédrale prendra la route pour rallier le chantier sur l’île de la Cité. Cette première pièce de charpente, réalisée par le groupement de quatre entreprises désignées pour restituer la flèche de Viollet-le-Duc, aura place au-dessus de la croisée du transept d’ici la mi-avril. Soit quatre ans après l'incendie qui a ravagé le monument, le 15 avril 2019.

Réservé aux abonnés

«Nous avons pris un peu de retard…» La clameur qui jaillit aussitôt vient rappeler à Patrick Jouenne qu’il a prononcé un mot interdit quand on parle du chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris. Mais celui qu’on appelle le «gâcheur», c'est-à-dire le charpentier chef du chantier de restitution de la flèche de la cathédrale, reprend : «… Mais nous allons rattraper ça. Le tabouret que vous voyez aura été monté sur le monument le 15 avril !»

Ce tabouret dont il parle est une pièce monumentale – 15 m de longueur, 13 m de largeur, 6 m de hauteur – qui s’élève sur le terre-plein attenant au grand atelier de l’entreprise Le Bras Frères à Val-de-Briey, en Meurthe-et-Moselle. Cet ensemble de grandes poutres qui se chevauchent, se doublent et se soutiennent porte bien son nom : la partie émergente de la flèche viendra s’asseoir sur cet assemblage complexe pour culminer à nouveau à 96 m dans le ciel de Paris.

Date anniversaire

L’effondrement de cet ouvrage haut, à lui seul, de 66 m, et que l’architecte Viollet-le-Duc avait fiché au-dessus de la croisée du transept au XIXe siècle, avait suscité l’effroi du monde entier alors que l’incendie faisait rage dans la cathédrale, au soir du 15 avril 2019. La date anniversaire, quatre ans après le sinistre, est donc visée pour achever la première étape de la restitution de cette création néo-gothique.

Ce jeudi 16 mars, les charpentiers des quatre entreprises engagées dans la réalisation de la nouvelle flèche - Le Bas Frères donc, mais aussi Cruard Charpente, Asselin et Métiers du bois (MDB) - en sont au montage à blanc. Maintenant que toutes les pièces ont été taillées, il s’agit de vérifier que tout s’emboîte parfaitement. «Nous aurons terminé demain et lundi, on commencera à redémonter», poursuit Patrick Jouenne. Ensuite, poutres, fermes et goussets seront embarqués sur des camions, direction Paris. Il faudra alors répéter les mêmes gestes, opérer les mêmes manœuvres mais cette fois à 30 mètres au-dessus du sol.

Le moment est si symbolique que les responsables de la maîtrise d’ouvrage, l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, et la maîtrise d’œuvre, des élus et le préfet de Meurthe-et-Moselle, Arnaud Cochet, ont fait le déplacement à Val-de-Briey. Sans oublier une foule de journalistes. Philippe Villeneuve, l’architecte en chef des monuments historiques en charge de Notre-Dame et ce faisant, de son chantier de reconstruction, a un peu la voix qui tremble devant la première preuve de renaissance de la flèche détruite : «Je suis l’ACMH qui a été le plus malheureux du monde quand l’incendie est survenu. Aujourd’hui, je suis le plus heureux du monde. Nous allons rendre au monde cette cathédrale.»

«Gagner ce pari»

Avec la voix forte qui sied à un ancien Chef d’état-major, le général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de Rebâtir Notre-Dame de Paris déclarait quelques minutes auparavant : «Nous sommes en train de réaliser quelque chose d’extraordinaire pour la France. Le président de la République a voulu qu’une organisation particulière soit mise en place pour que la cathédrale rouvre en 2024. Tout est fait pour gagner ce pari. L’affaire n’est pas gagnée mais nous y arriverons grâce à votre ténacité !»

Un message d’encouragement adressé aux charpentiers engagés dans le chantier de la flèche et probablement, à travers eux, aux quelque 1000 personnes qui, à travers tout le pays, ont œuvré ou œuvrent encore à la reconstruction du monument. Mais aussi un rappel. Le mort «retard», donc, est interdit.

Les plus lus : Réalisations
  1. Espace public : la mémoire vive du jardin du 13-Novembre
  2. Travaux souterrains : en haut et en bas, un vrai gymkhana
  3. Equipement scolaire : un îlot de verdure pour la maternelle
  4. Montpellier : l’imagination au pouvoir sur les friches
  5. Nièvre : un bâtiment industriel reconverti en IUT
  6. Bordeaux : rue de Tivoli, les bureaux se transforment en logements
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !