Dix ans de chantier pour la Méca, la «coloc’ créative» de Nouvelle-Aquitaine

0 of 8

Depuis 2006, le président de région Alain Rousset voulait regrouper les activités culturelles de la région Aquitaine et le Frac au sein d’une entité unique. En 2009, la région lance une étude de programmation. En 2012, la maîtrise d’œuvre est confiée à l’agence BIG (Bjarke Ingels Group) associé aux parisiens Freaks freearchitects. La maîtrise d’œuvre d’exécution sera confiée aux Bordelaises Catherine Lafourcade et Paule Rouquette (Lafourcade & Rouquette Architectes).

L’implantation marque l’entrée sud de l’agglomération, sur le site voisin des anciens abattoirs, les halles Debat-Ponsan. Au milieu du territoire de projet de l’établissement public Bordeaux Euratlantique, aménageur du site. En face, on trouve le nouveau siège de la Caisse d’épargne, la halle Boca et, non loin, les tours en bois Hypérion et Innova.

Ce que dit le maître d’ouvrage

Le directeur de la construction et de l’immobilier de la région Nouvelle-Aquitaine, François Jolly explique l’enjeu : « C’est un projet complexe, qui a pris du temps pour mûrir, la région est maître d’ouvrage. Le jury a choisi un projet perçu comme le meilleur, techniquement complexe à monter, notamment par rapport aux façades. C’est un choix ambitieux qui a nécessité des autorisations spéciales (Atex), des analyses techniques particulières et la confirmation de la tenue dans le temps.

Le type d’accrochage utilisé n’existait pas en France, nous avons affiné le projet lors du dialogue compétitif avec GTM, mandataire du gros œuvre. Le chantier se termine, la partie bâtiment sera terminée à la fin mars, le mobilier arrivera en avril, puis les occupants s’installeront sur une surface d’accueil de 14 000 m2. » L’inauguration est prévue fin juin.

Particularité : la façade en dalles préfabriquées de béton blanc comprend 4 800 panneaux suspendus sur une façade de 120 mètres de long pour 36,6 mètres de hauteur.

Le mot de l’architecte

Cyril Gauthier, architecte associé de l’agence Freaks freearchitects : « le bâtiment se développe sur six niveaux, autour d’une place en hauteur, au sommet des rampes, ouverte à la fois sur la ville et sur la Garonne. Au rez-de-chaussée, on trouve le foyer central traversant, le restaurant, un petit amphithéâtre creusé en gradin pour des réunions en agora et l’accueil des agences, le tout ouvert au public. Des ouvertures vitrées en biais, flanquées de miroirs inclinés type « périscope » maximisent l’éclairage naturel de l’agora.

Au-dessus, la « chambre urbaine », place surélevée, est un espace public accessible notamment par deux rampes, qui donne à voir sur la ville et sur la Garonne. La forme résulte des deux rampes qui mènent à la chambre urbaine sur la pile opposée. Au-dessus, le bâtiment se compose de deux piles, qui accueillent chacune une agence et d’un pont qui fait la liaison, et accueille le Frac. » Structurellement les piles sont en béton et le pont en structure métallique. Le tout se développe sur 12 000 m2.

« Avec BIG, nous avons assuré la conception et le concours ensemble entre Paris et Copenhague. Bjarke Ingels, qui passe son temps en avion a mis au point sa méthode de « Friday pdf », une synthèse du projet qu’on lui envoie et qu’il peut commenter où qu’il soit. C’est le support de discussion qu’on s’envoyait par courrier électronique. Nous avions aussi des connexions vidéo régulières » précise Cyril Gauthier. Rassurons le maître d’ouvrage : « Bjarke Ingels est venu à Paris et nous à Copenhague ».

Autre particularité, l’agence culturelle Oara, dédiée au spectacle vivant, « bénéficie d’une grande scène de 400 m2 et 11 mètres d’ouverture, qui permet d’accueillir une compagnie qui veut répéter ou représenter un spectacle. La salle est équipée de 200 places en gradin amovibles. Ce qui en fait une scène de niveau national, unique dans un établissement culturel régional » précise Ivan Matea, de Freaks, chef du projet Méca.

« Au lieu de donner des subventions à de multiples compagnies, la région met à leur disposition un outil pour répéter et présenter un spectacle » précisent les architectes.

Dans l’autre pile, on trouve l’Alca, agence dédiée à l’audiovisuel et au livre, un ensemble constitué des bureaux avec vue sur Garonne et salles de conférence. Au niveau supérieur, et entre les deux piles, le fonds régional d’art contemporain (Frac) dispose d’une surface d’exposition de 1 200 m2 et de 1 400 m2 de stockage. « La salle d’exposition a triplé la surface actuelle du Frac. Elle ouvre sur la terrasse qui donne à voir sur le Bordeaux historique et le côté Garonne » explique Alain Rousset. « Le projet est une porte d’entrée dans la métropole régionale et dans la grande région. C’est une double porte, facile d’accès pour ceux de Poitiers et Limoges, et un moyen pour faire circuler des œuvres. La gare est à côté et toute la nouvelle région est à disposition pour les agences qui agissent également hors les murs ».

Se disant « très heureux qu’on ait choisi BIG », Alain Rousset s’amuse un peu : « c’est aussi une réponse à la Cité du vin avec, ici, une réelle esthétique ».