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En écho à la recherche d’une architecture décarbonée, les festivals de cabanes misent sur l’utilisation de matériaux bio-sourcés ou recyclés. Les budgets limités et le caractère non pérenne de ces installations orientent les constructeurs vers des ressources locales. Faire avec les moyens du bord est un peu la philosophie des bâtisseurs réunis cet été au festival des Sources du lac d’Annecy. Sur les berges d’une rivière, Roman Lucas Biers et Vanessa Lin ont ainsi eu l’idée d’employer des pierres plates et des galets trouvés dans le lit du cours d’eau, afin de servir respectivement de socle et de contrepoids à leur structure. Quant au bois de la charpente, il provient d’une scierie située à proximité.
Chantier public et partage de compétences
Au festival Microtopies de Lille et ses environs, le réemploi apparaît comme un acte militant. La cabane Tellus, par exemple, sensibilise au recyclage de manière originale. D’une part en érigeant, sur des parpaings récupérés, un mur en terre crue banchée. Et d’autre part en réutilisant les coffrages en bois de la paroi pour en faire la couverture de l’installation. « Ce choix valorise des matériaux considérés comme des déchets, et dont une partie peut être restituée à la terre lors de la déconstruction », expliquent Marie Mequinion et Lucas Labbens, les deux auteurs.
Mettre en avant le réemploi est aussi l’occasion de faire preuve de pédagogie. Car le montage, effectué sur deux jours les 6 et 7 juillet derniers, s’est accompagné d’ateliers participatifs où le public a pu découvrir des modes constructifs alternatifs. « Microtopies est un chantier ouvert à tous, pour apprendre en faisant et pour partager les compétences avec les habitants du quartier », explique sa directrice Léonie Debrabandère.
Bois, acier, et osier
La cabane Chez Prunella, du collectif ZB et KEE Paysages, est un éloge de la haie. Son nom rend d’ailleurs hommage à Prunella modularis, une espèce d’oiseau menacée. Conçue comme un refuge, cette micro-architecture associe une structure autoportante en bois et acier avec des persiennes en osier et une ombrière en fibre végétale tressée. Afin d’encourager la plantation de nouvelles haies ou l’entretien de celles existantes, les osiers et tiges ont été récupérés auprès des services Espaces verts de collectivités locales.
De leur côté, à Lambersat, Pauline Dubois et Nicolas Hellou ont édifié Pirouette et Cacahuète à l’aide de quelque 500 briques produites avec 1,5 tonne de terre et 1,4 tonne de papier recyclé. Ces éléments, soumis aux intempéries, vont capter l’eau et progressivement se végétaliser grâce aux graines qu’ils contiennent. La toiture, qui adopte le même principe, le sera également. A suivre jusqu’au 31 décembre 2024…
Recyclage tous azimuts
Plus au sud, Architecture en Champagne est une manifestation qui permet à des étudiants de bâtir de petites constructions au cœur des vignobles de la région. Les vignerons leur fournissent des matériaux de réemploi tels que des pupitres en bois, ces grands porte-bouteilles utilisés pour le remuage du célèbre vin mousseux, qu’ils détournent de leur usage premier. Mais on trouve aussi des foudres (tonneaux) et les douelles ou lamelles qui les composent, ainsi que des cuves, des couvercles de pressoir, des ardoises et d’anciennes fenêtres… L’une des réalisations a même réussi à empiler quatre gyropalettes, ces grosses caisses métalliques pouvant contenir et remuer jusqu’à 500 bouteilles de Champagne, pour former une mini-tour appelée L’Eloge des vignes. Envisager de tels réemplois sur des bâtiments bien plus imposants que ces micro-architectures constitue un défi d’une toute autre échelle !
A suivre dans le cinquième épisode de notre feuilleton : des usages à foison.