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Construire dans un site historique sans le dénaturer : tel est le défi imposé aux architectes du Festival des cabanes de la Villa Médicis à Rome (Italie), ouvert au public jusqu’au 29 septembre prochain. Dans un terrain riche au plan archéologique, la principale contrainte consiste à ne pas pouvoir creuser de fondations. Les six structures éphémères sont donc justes posées sur le sol, à l’instar de cette rotonde en bois inspirée du Tempietto romain bâti par l’architecte Donato Bramante au XVIe siècle. « Nous souhaitions insérer notre réalisation dans un paysage culturel, en puisant dans l’histoire de la ville et des jardins de la Renaissance », résume Gaspard Clozel de l’agence ANE Architecture.
Les éléments de la rotonde ont été usinés dans la Sarthe par l’entreprise de charpenterie Cénomane, partenaire et mécène de la construction. Puis ils ont été montés sur place par trois salariés de la société en seulement quelques jours. « C’est une structure assez simple, avec des assemblages par boulons et vis », précise l’architecte. La cabane est lestée par des poches d’eau au pied des poteaux. Un principe constructif qui permettra éventuellement de la remonter sous une autre forme, comme l’envisagent ses deux concepteurs Gaspard Clozel et Laura Chérubin. A Rome, l’aspect non pérenne des réalisations n’empêche pas leur ampleur : le belvédère de l’Espagnol Manuel Bouzas, en constitue la preuve. Il culmine à dix mètres de hauteur et offre une vue imprenable sur les toits et les coupoles de la ville éternelle.
Fleximob pour du logement temporaire
Egalement exposé dans le parc de la Villa Médicis, Fleximob est un abri entièrement pliable et dépliable par un système de charnières. Un procédé qui facilite à la fois son stockage et son transport. « On peut en mettre cinq ou six pliés sur un seul camion », assure Laurent Daudigny, le dirigeant de l’entreprise Lamécol. Cette flexibilité peut répondre à des problématiques de logement temporaire, par exemple pour héberger des travailleurs saisonniers. Un cas de figure que l’on retrouve fréquemment dans les villages de Nouvelle Aquitaine, région dont est originaire cette entreprise spécialisée dans le bois. Mais cet hébergement modulaire pourrait aussi être facilement mobilisé en cas de catastrophes naturelles.
Petite maison démontable
L’adaptation au changement climatique est d’ailleurs l’objectif de Marina Tabassum à travers son Khudi Bari. Présenté actuellement sur le Campus Vitra à Weil-am-Rhein (Allemagne), cette « petite maison » se monte et démonte à la main, sans électricité ni outil. Elle a été conçue par l’architecte bangladaise et son équipe, comme une réponse aux inondations dévastatrices qui frappent son pays. C’est une structure en bambous, avec des jonctions en acier préfabriquées en atelier. Le système est complété par un toit à pignon recouvert de tôle. L'étage surélevé offre un refuge en cas d'inondations. Et si les terres cultivables disparaissent, on peut démonter le Khudi Bari, le transporter et le réinstaller ailleurs. Lauréate 2024 du Global Award for Sustainable Architecture, Marina Tabassum ouvre des pistes vers une architecture plus flexible et résiliente, adaptée à un monde en transition.
A suivre dans le deuxième épisode de notre feuilleton : la pédagogie du chantier école.