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« C’est un chantier un peu fou pour lequel il a fallu mettre beaucoup de tripes ». A mi-parcours des travaux, Benoît Guiost, maire de Gommegnies, savoure déjà ces quelques mots prononcés sous la structure bois. Car il a fallu convaincre les partenaires institutionnels de le suivre dans cette aventure.
D’ici avril 2024, au terme d’un investissement de 3,6 millions d’euros, les élèves de maternelle de sa commune bénéficieront d’un tout nouveau lieu d’apprentissage, cette fois accolé aux écoles élémentaires existantes. Une localisation importante au regard du cahier des charges de la municipalité. Dans une démarche de sobriété, cette dernière imposait d’utiliser les capacités supplémentaires de la chaufferie du pôle scolaire pour chauffer les nouveaux lieux. De cette condition a découlé le projet confié à l’Atelier Amélie Fontaine. L’architecte, elle aussi installée dans l’Avesnois, déploie alors un programme bioclimatique pour accueillir une tisanerie, quatre salles de classe, un dortoir, une salle de motricité et un espace restauration d’un total de 800 m2.
Chantier biosourcé et participatif
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les ressources locales sont ici mises à contribution. A la structure, on retrouve du peuplier des Hauts-de-France, du châtaignier en bardage tandis que l’isolation est assurée par des murs en ossature bois remplis de paille. Elle aussi évidemment locale. « Grâce au concours de trois agriculteurs, nous avons récolté 3 500 ballots de paille en deux jours », raconte l’architecte qui a aussi piloté un vaste atelier de fabrication des briques en terre crue. Habitants, élèves, élus, enseignants, soit pas moins de 300 bénévoles sous la supervision de l’atelier Amàco installé à Villefontaine en Isère, ont modelé 3 800 briques composées à partir de l’argile du site et de paille. De quoi construire cinq murs intérieurs (non structurels), gage « de bonne qualité de l’air et qui apporte une inertie intéressante », loue Amélie Fontaine. Manière finalement de remettre au goût du jour une technique jadis utilisée sur ce territoire, en témoigne la présence d’anciennes microbriqueteries, fournisseurs pour la construction des maisons alentour. Mais aussi de « montrer que l’on peut construire autrement. Pour cela, nous avons suivi le guide des bonnes pratiques de la construction en terre crue et observé l’Atex délivrée pour son usage à Mayotte ».
En outre, l’orientation plein sud de l’équipement permettra de profiter du rayonnement du soleil pour réchauffer les bambins l’hiver, en complément du surplus d’énergie généré par la chaufferie de l’école attenante et des atouts de conception. En débord de la toiture en zinc, une casquette vient toutefois filtrer les rayons solaires pour assurer le confort d’été. « Une problématique que nous devons de plus en plus prendre en compte ». Le rafraîchissement est ici assuré grâce à une surventilation naturelle. Positionnés à deux pas du bocage, véritable îlot de fraîcheur, les lieux bénéficieront aussi de leur intégration paysagère favorable. Pour constituer, in fine, un véritable démonstrateur de la construction bas carbone.