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Avignon : la Villa créative a son écrin

Dix ans après sa naissance, le projet de Villa créative porté par Avignon Université dans la Cité des papes est devenu réalité. Depuis cette fin de printemps, chercheurs, entreprises et étudiants œuvrant dans le domaine de la Culture, du Patrimoine et des Sociétés numériques pourront se croiser et échanger dans ce lieu hybride réaménagé dans une ancienne école normale d’institutrices de la fin du XIXe siècle sous la houlette des agences Atelier(s) Alfonso Femia et DLAA Architectes.

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Né en 2015, le projet de Villa créative initié par Avignon Université a failli ne pas voir le jour. Aménagé dans une ancienne école normale d’institutrices d’Avignon (Vaucluse), l’équipement hybride, inauguré ce 27 mai, est la démonstration, une fois encore, que la réhabilitation de bâtiments patrimoniaux réserve toujours des surprises, allongeant la durée initialement prévue du chantier.

L’équipement devait ouvrir à l’été 2023 lors de la 77e édition du festival de théâtre d’Avignon après presque deux ans de travaux. Finalement, les scientifiques, entrepreneurs, artistes, étudiants ainsi que le grand public attendus commencent à peine à investir le lieu conçu pour favoriser la création, l’innovation et la recherche dans le domaine de la culture, du patrimoine et des sociétés numériques. « Lieu hybride, la Villa créative accueillera tout en même temps : la recherche, la formation, l’insertion professionnelle, la vie universitaire et aussi des résidences d’artistes, des conférences, des expositions et une pouponnière d’entreprises. Le concept est le suivant : faire Université en dehors de l’Université pour croiser les publics », affirme Anne-Lise Rosier, directrice de la Villa créative, et cheville ouvrière du projet dont le montage financier et le statut sont également innovants. Détenue par la Banque des territoires, la foncière solidaire Etic - foncièrement responsable - et Avignon Université, la Villa créative est une « société universitaire et de recherche », nouveau dispositif public-privé créé dans le cadre du troisième Programme d’investissements d’avenir (PIA 3).

Vacant depuis 2014

La découverte de mercure obligeant à réaliser un important programme de dépollution chiffré à 2 millions d’euros, des charpentes en bois abîmées, la hausse des coûts des matériaux, le Covid et plusieurs entreprises qui ont déclaré forfait au cours du chantier sont les différents aléas auxquels la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre ont dû faire face. Aujourd’hui, la satisfaction est d’autant plus grande d’avoir rendu son lustre à un ensemble vacant après le départ, en 2014, de la faculté de pharmacie qui occupait les lieux depuis soixante ans.

Au bâtiment principal en forme de « H » et à la conciergerie, construits à la fin du XIXe siècle pour accueillir l’école normale des institutrices, se sont ajoutées, en 1905 puis en 1934, deux annexes chacune réservées à des logements de fonction. Plus tard, dans les années 1970-1980, des préfabriqués, un garage et autres locaux techniques ont encombré l’espace clôturé par des murs d’enceinte. Réalisée sous la houlette des agences Atelier(s) Alfonso Femia et DLAA Architectes, la réhabilitation de cet ensemble de quatre bâtiments inscrits a consisté à valoriser le site et à restructurer les constructions sans modifier leur enveloppe.

Optimisation

Ainsi, de l’extérieur, rien ne laisse deviner l’étage supplémentaire ajouté au bâtiment principal grâce à l’abaissement de la dalle sous les combles qui recevront les salles de cours. Dans cette même logique d’optimisation du bâti, au rez-de-jardin, le niveau des anciennes caves a été abaissé pour accueillir d’autres salles de cours et des locaux techniques. De la même manière, le gymnase, occupant la moitié d’une des ailes du bâtiment principal, a retrouvé son volume originel pour recevoir l’auditorium de 75 places. S’y ajoutent les trois annexes dans le jardin réservées à l’administration, la conciergerie et le restaurant. Ce dernier est doté de deux terrasses : une existante, à l’étage, rendue accessible et une autre, au pied des emmarchements de la nouvelle rampe d’accès extérieur, greffée à l’axe piéton principal aménagé dans le jardin. « Dans cette nécessaire mise en connexion des usagers, il jouera un rôle important », précise l’architecte Alfonso Femia.

Fluidité et modularité

La fluidité des circulations et la modularité des espaces ont été un autre objectif recherché. Les coursives vitrées et l’atrium central doivent ainsi favoriser les rencontres. De même, les sols techniques et les réseaux apparents doivent permettre une adaptation permanente aux besoins des usagers.

Une autre intervention majeure a été la restitution de l’escalier monumental disparu en 1931. Positionnés dans l’axe de l’avant-corps central, un noyau réalisé en structure métallique abrite la cage d’escalier et l’ascenseur. C’est la touche contemporaine de l’opération. « Réinterprété comme une sculpture fonctionnelle, l’escalier principal mêle acier mat, verre et céramique. Les parois sont habillées de céramique dorée, matière signature de notre agence », rappelle Alfonso Femia.

Enfin, pour retrouver de la pleine terre, le jardin a été totalement reconfiguré dans le respect des plans initiaux.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Rectorat Aix-Marseille
Architectes : Atelier(s) Alfonso Femia, DLAA Architectes
Paysagiste : Après la Pluie
Bureaux d’études : Quadriplus Groupe (tous corps d’état), Socotec (dépollution)
Scénographie : Ducks Scéno
Entreprises : Sarpi ThinkTech, DSD, DI Environnement (dépollution) ; Mariani (gros œuvre) ; Vivian & Cie (maçonnerie, pierre de taille) ; Le Ny / Chardon / Socam (charpente bois et métal, couverture, zinguerie) ; Sud France / MDE Chazaud (menuiseries extérieures bois : restauration et création) ; Profil 3 (déplombage de menuiseries extérieures conservées) ; Stephan Métallerie (métallerie serrurerie) ; Iroko (menuiserie intérieure bois, mobilier) ; ISO 9 (cloisons, doublage, plâtrerie, peinture ; plafonds suspendus) ; Mattout (revêtement de sols durs) ; Nouvosol (revêtement de sol souple) ; Acaf (appareils élévateurs) ; Mendes (plomberie sanitaires ; chauffage-ventilation) ; Rubio (plomberie sanitaires bâtiment C) ; SET (électricité CFO-CFA) ; FL Structure (serrurerie scénique) ; Saviex Industries (fauteuil scénique) ; Lagoona (audiovisuel et éclairage scénique) ; EHTP (voirie, réseaux divers) ; Terideal Tarvel (travaux horticoles)
Calendrier : lauréat du concours, 2018 ; début de chantier, 2021 ; livraison, printemps 2025
Surface de plancher : 3 700 m2
Coût travaux : 13,5 millions d’euros HT

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