Diaporama

Au Tadjikistan, l’armée française construit une tour de métal

L’aéroport des Tadjiks avait été utilisé pendant la guerre d’Afghanistan par l’armée française. En remerciement, la France construit une tour à l’esthétisme particulier. Un projet à 6 M€ financé entièrement par le ministère de la Défense.

Réservé aux abonnés

En 2001, après les attentats du 11 septembre, l’armée française se joint à l’Otan pour intervenir en Afghanistan. C’est à l’aéroport de Douchanbé, au Tadjikistan, que l’aviation s’installe pour les opérations militaires afghanes.

Elle restera plus de 10 ans sur cette base, point de passage vers l’Afghanistan. Pour remercier le Tadjikistan de son accueil, la France s’engage en 2007 à bâtir une nouvelle tour de contrôle pour l’aéroport. L’ancienne, trop vétuste ne permettait de contrôler correctement les avions. Or, "dans ce pays enclavé l’aéroport a un rôle fondamental" explique Gabriel Daguet, l’architecte responsable du projet.

Performance sismique

Il dessine, d’abord en 3D, une tour de forme hyperboloïde en métal, un matériau adapté au terrain sismique. "La structure en métal à une performance sismique dans cette région ou la terre tremble souvent mais à faible intensité" décrit Gabriel Daguet. La silhouette métallique dont l’ossature est dépourvue de façade "n’est pas seulement décorative", elle vise à rappeler, selon l’architecte "l’esthétisme des arts islamiques". Laisser la charpente vide a aussi un intérêt pratique : les réglementations en matière de sécurité contre les incendies sont moindres.

Mais les difficultés techniques du projet restent nombreuses, l’exigence est celle d’une construction française et le peu de connaissance du terrain sismique comme du marché local complique la construction. De plus, de par sa forme atypique, "le travail géométrique pour relier les éléments est important, surtout qu’il faut intégrer des éléments fabriqués sur mesure, notamment l’ascenseur extérieur inventé pour le projet" explique Gabriel Daguet.

A ces difficultés techniques s’ajoutent des problèmes culturels. Le Tadjikistan est une ancienne république de l’URSS, très pauvre et enclavée. "Nous avions du mal à comprendre les locaux. Il y a de la corruption et leur mentalité n’est pas évidente à cerner", lâche Gabriel Daguet. Avec l’administration aussi la compréhension est difficile notamment pour obtenir le permis de construire du projet.

Des matériaux acheminés de La Rochelle

Ce terrain local compliqué pousse aussi à préfabriquer une partie de la tour, la charpente et les ossatures de second œuvre notamment. Venu de La Rochelle, le premier transport par voie routière (via Moscou et Tadchkent) prend trois semaines. Puis, à partir de mai 2018, plus d’une trentaine de semi-remorques se succèdent pour livrer les autres composants de la tour.

Sur place, l’état-major des armées, maître d’ouvrage, s’appuie sur "une entreprise locale pour la charpente pour son habitude de travailler en montagne et sa maîtrise du système D" précise Gabriel Daguet. Au total, le chantier dure 18 mois et la tour est inaugurée le 27 juin 2019 par le président de la République du Tadjikistan.

Le budget du projet s’élève à 6 M€ payés en intégralité par le ministère de la Défense. Le coût s’explique notamment par l’envoi de main d’œuvre française dans le pays.

En plus d’une tour, la France a financé sur cet aéroport la rénovation des pistes et des parkings et la moitié de l’aérogare. Un "loyer en nature pour l’utilisation durant la guerre d’Afghanistan des aéroports civils de la ville" selon l’architecte. La dette est maintenant payée.

Les plus lus : International
  1. Droits de douane : près de 2,8 Mds€ d’exportations européennes de matériels sont menacées
  2. Le groupe d’ingénierie Artelia se renforce en Italie avec une acquisition
  3. Incendies de Los Angeles : des robots assurent la reconstruction des habitations
  4. Pourquoi la guerre dans la bande de Gaza a fait perdre à Caterpillar l’un de ses principaux actionnaires
  5. Cet été, une église suédoise et un aéroport texan déplacés comme sur des roulettes
  6. Innovation : un cimetière sous-marin pour stocker le CO2 des cimentiers et sidérurgistes
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !