Au centre-ville de Marseille, deux immeubles enrichissent l’offre tertiaire

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Hasard du calendrier, le 2 juin dernier, le promoteur lyonnais 6ème Sens Immobilier et Arkadea (Icade Promotion et La Poste immobilier) ont chacun présenté l’avancement de chantiers qui enrichiront l’offre tertiaire au centre de la cité phocéenne. Distantes de moins d’un kilomètre, les deux opérations de renouvellement urbain sont réalisées à partir de locaux laissés vacants. Le centre-ville de Marseille se transforme donc et pas seulement en requalifiant l’espace public ou en réhabilitant de l’habitat dégradé.

Ancien immeuble de La Poste

L’opération baptisée « Grand Central », présentée par Icade Promotion et La Poste Immobilier le 2 juin aux membres de l’association AMO Provence, concerne la restauration de l’ancien immeuble de La Poste édifié rue Barbusse en 1936 pour servir d’annexe à la Poste centrale Colbert, devenue trop exiguë.

Un des enjeux est de redonner tout son lustre au bâtiment postmoderniste, conçu par l’architecte Auguste Marie Joseph Bluysen, auteur, entre autres, du Grand Rex à Paris. Un autre enjeu est sa mise aux normes correspondant aux critères de confort actuels d’un établissement recevant du public.

Acquis par Icade Foncière auprès de La Poste Immobilier, le bien a été vendu au groupe CMA-CGM qui l’a acheté pour y installer la rédaction du quotidien régional La Provence. Il sera livré cet automne avec des plateaux sans aménagements intérieurs. Ceux-ci seront réalisés en direct par l’acquéreur final avec le maître d’œuvre Saguez & Partners. Une fois totalement « relifté », l’ancien hôtel de La Poste accueillera des bureaux sur cinq niveaux, un espace de coworking et de restauration en rez-de-chaussée, un auditorium, ainsi que des salles de réunion et locaux techniques en sous-sol. Le toit-terrasse, avec son platelage en bois, aménagé sur la terrasse en R+6, complétera l’offre.

Respect absolu de la façade extérieure

Son statut d’édifice étoilé au titre des monuments historiques et sa situation dans la zone de protection patrimoniale et archéologique valent au chantier d’être suivi de près par l’architecte des bâtiments de France (ABF) qui a donné son avis pour les façades et tous les éléments extérieurs afin de se rapprocher au mieux du bâtiment d’origine. « Il nous a notamment demandé le respect absolu de la façade extérieure habillée de pierres et de garder certaines des fenêtres à guillotine de l’époque », a témoigné l’architecte Franck Venutolo de l’agence lyonnaise Sud Architectes. « Plus que de respecter un patrimoine architectural, il s’agit de le sublimer pour faire de Grand Central l’un des symboles de la renaissance de Marseille ».

Hydrogommage de la pierre

Entamé en novembre 2021 par des opérations de désamiantage et curage pour mettre à nu l’ossature poteaux-poutres en béton armé remplie de briques, la première phase du chantier, confiée à Léon Grosse en entreprise générale et à son cotraitant Spie sur les lots techniques, est en passe de se terminer.

Pour ne pas fragiliser les pierres tendres de Cassis de la façade extérieure, Léon Grosse a, par exemple, utilisé la méthode de l’hydrogommage. Six mois ont été nécessaires pour les traiter ainsi que les éléments en béton armé en partie haute de l’édifice.

A l’intérieur, après la consolidation avec des micropieux de la structure, les travaux lourds de restructuration ont servi, entre autres, à créer des circulations verticales s’ajoutant aux deux escaliers d’honneur rénovés : « Nous avons coulé les voiles des deux cages d’ascenseurs et celles des cinq escaliers. Pour réaliser ces derniers, nous avons amené par le haut les éléments préfabriqués via des accès provisoires jusqu’à 40 m de haut à travers des trémies de 4 m de large par 6 m de longueur » a précisé Serge Chagniot, directeur de projet chez Léon Grosse.

La mise en œuvre de plafonds rayonnants en îlots pour le chauffage et le rafraîchissement des espaces de coworking, de même que les menuiseries extérieures en aluminium et la chaufferie bois, permettront à l’opération d’obtenir les HQE niveau excellent, Breeam niveau very good et Wiredscore niveau gold.

Une seconde opération tertiaire

Respectant la RE2020, ciblant le niveau HQE Excellent et Wiredscore gold, la seconde opération, baptisée Newdelec, et dont c'est la première pierre qui a été posée le 2 juin, ne sera pas en reste en termes de niveaux de performance. Pour son premier programme tertiaire à Marseille, le promoteur lyonnais 6ème Sens Immobilier s’est donné pour défi de racheter à Orange ses anciens locaux et de donner une nouvelle destination au site inscrit dans la ZAC Saint-Charles aménagée par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée.

Situé à proximité immédiate de la gare Saint-Charles, le futur immeuble en R+7 se caractérisera notamment par ses plateaux de bureaux éclairés naturellement et son raccordement à la boucle d’eau de mer Thassalia d’Engie.

Grandes surfaces rares

Sur les 13 500 m2 SP répartis sur les deux ailes, près 3 500 m2 sont déjà précommercialisés par un spécialiste du coworking. Les surfaces disponibles à la location seront réservées à des bureaux (6 200 m2 SP) et à une école bénéficiant d’un ERP de 2e catégorie (3 500 m2 SP).

« Nous enrichirons ainsi l’offre d’établissements d’enseignement supérieur dans cette partie de Marseille, inscrite dans l’opération d’intérêt national Euroméditerranée qui va accueillir à la rentrée l’Institut méditerranéen de la ville et des territoire. Par ailleurs, nous répondons à une demande de bureaux dernière génération », a assuré Jacques Garcès, directeur général associé de 6ème Sens Immobilier Entreprises, lors de la cérémonie de pose de première pierre, estimant qu’à « l’horizon 2026, des opérations proposant à la location des grandes surfaces comme celles de Newdelec où chaque plateau fait 1 800 m2 sont rares ».

Mur-rideau

En attendant la livraison de Newdelec en 2025, Demcy (Eiffage) a achevé la démolition des bâtiments existants d’Orange. Seule demeure la façade extérieure dont la forme détermine celle du futur immeuble dessiné par les architectes de l’agence marseillaise CCD Architecture. Deux éléments architecturaux de la façade originelle seront particulièrement visibles : la corniche débordante et le soubassement. Un mur-rideau composé de métal, de verre et de matériaux d’aspect minéral viendra habiller la façade, alternant vides et pleins : « L’idée est de dérouler, côté ville, une sorte de ruban vitré et rythmé verticalement, tel un « code-barres » entre les deux lignes existantes, à savoir la corniche et le socle. Les traces historiques deviennent ainsi les guides formels de ce ruban qui se poursuit en cœur d’îlot en se pliant, se creusant, se déformant pour offrir de la profondeur et de l’épaisseur au nouveau bâtiment », décrit Xavier Chabrol, architecte associé chez CCD Architecture.

Après les dernières évacuations de matériaux vers une base de recyclage dans le courant du mois d’août et le passage des archéologues, 6ème Sens Immobilier pourra lancer, cet hiver, le chantier de construction du bâtiment en structure béton. Les contraintes seront la pente naturelle du terrain et celle de la présence, en limite nord, du central d’Orange dédié aux télécommunications avec le Maghreb qui ne tolère aucune vibration.