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A Strasbourg, l’université offre une tribune au bois CLT

Réalisé à partir des panneaux de lamellé-croisé, le chantier de la Maison des personnels pour les services de l’université a servi de prologue à un point sur le développement de cette technique en France et dans le monde.

 

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La Maison des personnels de l’université de Strasbourg apportera le bois dans l’univers bétonné du campus de centre-ville, et de façon généreuse. Ce chantier entré dans sa phase finale consomme 750 mètres cubes du matériau. Outre des tavaillons en mélèze en façades, il fait la part belle au CLT, le lamellé-croisé (cross laminated timber). Ces couches de panneaux permettent de confectionner le plancher nervuré ainsi qu’une moitié des murs, l’autre partie de l’ossature  – de même que le noyau central - étant constituée en béton : une approche mixte dictée par les contraintes de coût, de résistance au feu et de contreventement. La particularité vient de la dalle porteuse en CLT, auquel est associée une solive. « Cette combinaison apporte la stabilité, elle absorbe notamment les vibrations, point faible traditionnel du bois. L’épaisseur de la dalle (14 cm ou 16 cm selon les étages) permet de faire passer les réseaux. De plus, les portées importantes, de 10 mètres, garantissent la modularité du bâtiment dans le temps », décrit Jean-Charles Riber, cogérant d’Ajeance, le cabinet architecte du projet. Ces choix entraînent l’important volume de bois au total,  surtout si on le compare à la surface plancher totale de 1 200 m2 et de 600 m2 rien que pour la partie bois.

Record à 18 étages au Canada

Livrée dans quelques mois, l’opération constituait le « hors d’œuvre » idéal à la conférence sur le CLT, donnée mardi au sein du campus dans les locaux de l’INSA par Jean-Marc Pauget, expert bois au CNDB (Comité national pour le développement du bois). Grandes portées, optimisation de la matière première utilisée, résistance mécanique et thermique, isolation phonique, rapidité de montage, etc ? les atouts du lamellé-croisé séduisent petit à petit les maîtres d’ouvrage, a-t-il relaté, à l’appui d’exemples divers. Le début d’engouement se confirme pour l’habitat collectif, des équipements publics et globalement pour des surélévations et des constructions de grande hauteur, le record mondial étant détenu pour l’heure par le Canada avec la résidence étudiante « Brock Commons » de 18 étages à Vancouver. Mais il se diffuse aussi à des applications plus originales, comme ces dernières années la brasserie-restaurant Etoile du Nord du chef Thierry Marx dans la gare du Nord à Paris qui laisse le CLT apparent, la « Maison des éléphants » au zoo de Zurich (Suisse), le « Smile Pavillon », un ouvrage de 34 mètres de long à Londres, ou la coque d’’éoliennes à Hanovre (Allemagne). « Et le CLT fait son entrée dans réhabilitation », pointe Jean-Marc Pauget, citant notamment la rénovation-extension de 160 logements à Bondy, conçue par Virtual Architecture.

Question toujours sensible, la résistance au feu procure une valeur REI (résistance, étanchéité aux flammes, isolation thermique) de plus de 30 minutes pour un panneau de trois couches d’un total de 60 millimètres, et de plus d’une heure pour un cinq couches de 120 mm. 

Dans l’Eurocode 5

Les perspectives en matière réglementaire sont également favorables du développement du CLT : sa norme dédiée, la EN 16351, doit sortir cette année encore et il sera intégré l’an prochain à l’Eurocode 5,a  rappelé Jean-Marc Pauget.

Les « points de vigilance » demeurent pour autant. Le CNBD relève entre autres la nécessité d’anticiper tous les détails de réservations pour les passages de gaines au stade des études d’exécution et  le besoin de définir une grande partie des ouvertures dès la préfabrication sans donc pouvoir en rajouter beaucoup au montage.

S’ajoutent les questions récurrentes du coût forcément généré par les volumes importants du fait des épaisseurs mises en œuvre, d’une filière française qui reste au stade de l’émergence et de l’utilisation d’une ressource étrangère pour l’essentiel. Elle vient des forêts d’Allemagne, d’Autriche ou de plus à l’Est de l’Europe encore, « boostées » par des fabricants d’une taille bien supérieure.

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