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A Paris, Montparnasse sort de son isolement

A l’issue d’une consultation urbaine lancée il y a un an, l’équipe pilotée par l’agence britannique RSH+P a été désignée pour remanier l’îlot urbain qui forme le socle de la tour parisienne. D’ici à 2030, le site de l’actuel centre commercial sera reconnecté aux quartiers alentours tandis que de nouveaux bâtiments accueilleront une programmation plus diversifiée.

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Après sa tour et son cube, Montparnasse redessine son tapis commercial. A Paris, la grande transformation de l’îlot de 9 ha qui s’étend devant la gare a franchi une nouvelle étape. Alors que le projet de réhabilitation de la tour Montparnasse, conçu par l’agence Nouvelle AOM, devrait se voir accorder son permis de construire dans les prochains jours et que les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal sont déjà missionnés pour repenser l’immeuble CIT, le nom de l’équipe qui sera chargée de recomposer tout le socle commercial du site a été annoncé le 11 juillet 2019.

A l’issue d’une consultation d’urbanisme lancée un an plus tôt, en juillet 2018, et de plusieurs mois de dialogue compétitif, le groupement de commande qui réunit la mairie de Paris et les copropriétaires de l’Ensemble immobilier Tour Maine-Montparnasse (EITMM) a en effet choisi à l’unanimité le projet porté par l’agence britannique Rogers Stirk Harbour + Partners (RSH+P), associée à l’architecte Lina Ghotmeh, au paysagiste Michel Desvigne et à l’agence d’urbanisme Une Fabrique de la Ville. Leur maquette ainsi que les propositions de leurs concurrents - les agences AUC, TVK et UAPS – sont exposées jusqu’au 1er septembre au Pavillon de l’Arsenal.

« Quintessence de l’urbanisme sur dalle »

Il reviendra donc aux lauréats de corriger, par étapes successives d’ici à 2030, tous les défauts d’une création emblématique des années 1960-1970. « Ce quartier est en effet la quintessence de l’urbanisme sur dalle et de l’urbanisme de l’automobile », a ainsi rappelé Jean-Louis Missika, l’adjoint à l’urbanisme de la Ville de Paris en listant les anomalies : une rue de Rennes quasi inachevée, des rues du Départ et de l’Arrivée « inamicales » et une grande gare difficile d’accès. Et l’élu de constater : « ce site forme presque une coupure entre les VIe, XIVe et XVe », alors même qu’il tient une position pivot entre ces trois arrondissements.

Reconnecter tous ces quartiers parisiens est donc un des objectifs premiers du projet lauréat. « Nous souhaitons ouvrir le site et trouver les lignes de traversées naturelles », a ainsi expliqué l’architecte Stephen Barrett de l’agence RSH+P. Le projet nécessitera de tailler dans la masse pour créer de nouvelles voies de circulation piétonne au niveau du sol de la ville, tracées dans le prolongement de la voirie environnante. L’acte le plus emblématique de ce renouveau sera le creusement d’une tranchée qui raccordera la rue du Rennes jusqu’à la gare SNCF.

Pour compenser les nécessaires démolitions de surfaces commerciales qu’impliquera l'opération, des immeubles seront construits de part et d’autre de ce nouvel axe nord-sud. « Mais il s’agira d’une densification modeste, qui sera menée dans les limites du PLU actuel », a précisé Stephen Barrett. Les futurs immeubles n’essaieront donc pas de se hausser du col auprès de leur grande voisine, la tour Montparnasse, mais resteront dans des gabarits de la ville haussmannienne. Par ailleurs, le projet a aussi su convaincre par sa volonté de ne pas faire complètement table rase du centre commercial actuel. « On ne détruira pas tout, a noté Lina Ghotmeh. Ainsi les dalles en béton seront conservées et on viendra les surmonter de bâtiments en ossatures bois. » La construction de ces immeubles fera l’objet de concours d’architecture.

Diversification programmatique

Selon Guillaume Hébert, d’Une Fabrique de la Ville, le bilan surfaces détruites/surfaces construites aboutira à un solde positif de 15 à 20 000 m². « Mais il n’y aura aucune augmentation des surfaces commerciales », a assuré Jean-Louis Missika. Les magasins qui verront leurs murs abattus seront certes relogés mais le solde d'espaces construits sera dédié à une diversification programmatique.

L'exacte utilisation du site reste encore à préciser mais il devrait accueillir une part de logements et de bureaux.

Dans la lignée de toute la politique de verdissement et de désimperméabilisation menée par la Ville de Paris, l’îlot Montparnasse verra la plantation de quelque 1 500 à 2 000 arbres supplémentaires. « Nous créerons ainsi une masse végétale substantielle, a plaidé Michel Desvigne. Ce n’est pas un gadget. » Le coût du projet, à ce stade, est estimé de 700 à 800 millions d’euros et dans l’équation financière actuelle, il serait entièrement porté par les copropriétaires de l’EITMM.

L'équipe lauréate

Maîtrise d’œuvre : Rogers Stirk Harbour + Partners, architectes-urbanistes mandataires ; Lina Ghotmeh - Architecture, architectes associés ; Une Fabrique de la Ville, urbanistes, programmation urbaine et bilan d’opération ; Michel Desvigne, architectes-paysagistes.

Bureaux d’études : Ingérop (structure, sécurité incendie, désamiantage, voirie et réseaux divers, économie, OPC), Franck Boutté Consultants (conception et ingénierie environnementale), Scet (financement de projet d’aménagement, conseil juridique montages immobiliers), CEI (évaluation biens immobiliers et conseil financier), Systematica (mobilités).

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