A Paris, des tulipes de béton évasées sur 10 m de côté forment un péristyle
Dans le IVe arrondissement parisien, boulevard Morland, un ensemble bâti subit une lourde restructuration, comprenant des extensions. Une quarantaine de voûtes en béton architectonique constituent les pieds des nouveaux bâtiments. Chacune est à elle seule un ouvrage d’une complexité rare.
Pour les mettre en œuvre, il faut d’abord préparer les ferraillages. « Pour chaque voûte, ils sont découpés en trois parties : le poteau, le cône et enfin la dalle sont préfabriqués sur place, dans une zone délimitée », explique Corine le Huédé, responsable de la mise en œuvre des bâtiments neufs du chantier pour Bouygues bâtiment Ile-de-France.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Puis, les équipes s’attèlent à la préparation des outils de coffrage. Pour former la voûte, ils sont décomposés en quatre parties de 12 tonnes chacun, qui constituent les quatre faces de l’ouvrage. Chacun comprend une armature et une peau coffrante métallique.
MORLAND MIXITE CAPITALE
« Au vu de la dimension, ils ont dû être assemblés sur place. Les assemblages ont été minimisés pour éviter les fuites et la position des joints minutieusement choisie pour des raisons esthétiques », précise la responsable des travaux.
MORLAND MIXITE CAPITALE
La peau est ensuite nettoyée puis cirée.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Le ferraillage du poteau est mis en place à la grue, avant que ne soit bétonné la talonnette, en pied.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Trois des outils sont enfin roulés jusqu’à leur place, puis bloqués au moyen de vérins. Une fois serrés, leur position est contrôlée par le géomètre.
Les ferraillages du cône et de la dalle sont ensuite installés à l’aide d’un palonnier.
Le dernier élément de coffrage peut alors être mis en place.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Le bétonnage peut commencer avec une pompe à béton, par passe de 1 m de haut. 70 m3 de béton sont coulés en une matinée sans reprise ! La réalisation d’une voûte nécessite 7 toupies à béton.
« Pendant le coulage, nous devons être vigilant aux gradients de température, car le béton chauffe extrêmement vite à l’intérieure. Or, plus les températures sont chaudes, plus le béton sèche vite, ce qui risquerait d’occasionner des désordres », explique Corine le Huédé. Deux prototypes réalisés au préalable ont permis de s’assurer de la qualité et de la pérennité de l’ouvrage.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Reste alors l’étape du décoffrage, qui consiste à retirer le palonnier, décintrer les vérins et déboulonner les outils entre eux avant de les retirer.
MORLAND MIXITE CAPITALE
« Mais plus le nombre de voûtes réalisées augmente, plus la place au sol diminue et plus la manutention, notamment des outils de coffrage, est difficile », explique Corine le Huédé.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Ainsi, la réalisation d’une voûte prend une à deux semaines. Pour complexifier les choses, le projet compte 15 typologies de voûtes différentes, qui nécessitent autant de coffrages spécifiques.
MORLAND MIXITE CAPITALE
Actuellement, les compagnons achèvent la réalisation des dernières voûtes côté Seine.
L'ancienne préfecture de la Seine conçue par Albert Laprade et deux associés en 1967, située au 17, boulevard Morland (Paris IVe) sur une parcelle de 8 400 m², est en cours de restructuration. « Nous nous sommes intéressés dès 2014 à cet ensemble bâti soumis à l’appel à projets Réinventer Paris, explique Yann Bloch, directeur général Emerige tertiaire, maître d’ouvrage de l’opération. Non seulement pour sa localisation très centrale, mais aussi pour son architecture emblématique comprenant un immeuble de grande hauteur en R+16, exceptionnel dans ce quartier. De plus, avec près de 40 000 m² de surface, il y avait matière à faire évoluer le programme. »
L’architecte David Chipperfield a choisi de prendre le contre-pied de cette architecture austère, mono-programmatique et fermée sur elle-même. Au-delà de constituer une mixité programmatique, le projet consiste à "ouvrir l’îlot sur la ville, en créant une rue intérieure qui relie le boulevard Morland au quai Henri-IV », explique Jean-Philippe Le Bœuf, architecte associé de l’agence Calq, en charge de l’exécution.
Dans ce but, seul le bâtiment en R+16 et les deux ailes attenantes en R+9 ont été conservés. D’autres constructions ont été démolies pour être remplacées par deux nouveaux bâtiments : l’un longe le boulevard, et l’autre, installé à la perpendiculaire de l’IGH central, vient chercher le quai sur Seine.
Tous deux ont la particularité de reposer sur un péristyle qui libère le rez-de-chaussée. Sa construction a nécessité de réaliser 40 voûtes en béton brut architectonique coulées en place.
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.