A Montpellier, la Cité des Arts joue une partition subtile

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Au cœur du quartier Boutonnet, l’ex-maternité Grasset, devenue commissariat de police puis squat, a finalement accouché de la Cité des Arts après quatre ans de travaux. Depuis la rentrée, elle accueille le conservatoire à rayonnement régional de Montpellier Méditerranée Métropole (1 700 élèves), hébergé jusqu’alors en trois lieux distincts. Un équipement de 10 000 m2 sur quatre niveaux ne passe pas inaperçu… « Pour qu’il s’intègre de façon harmonieuse dans un tissu très résidentiel et déjà végétalisé, nous avons imaginé un village musical au rythme vertical, fragmenté en petits volumes dont l’assemblage génère des patios, des terrasses et des jardins suspendus, reliés par des circulations ouvertes sur la rue » relate l’architecte Alain Bretagnolle, d’Architecture Studio. Entre canopée et ombres créées par les vides et les salles dissociées, l’ensemble a des vertus bioclimatiques. « Plus qu’un simple outil technique au service d’apprenants, il se veut aussi un lieu de vie, d’où cette atmosphère assez détendue et cette organisation spatiale qui engendre des relations avec la ville ou des espaces intérieurs de convivialité. »

Double jeu

De l’établissement d’origine, daté de 1900, seul le pavillon central a été conservé et réhabilité dans le respect de son écriture architecturale : il héberge les services administratifs et le centre de ressources. Les ailes, détruites, ont fait place à des structures de métal et de verre, placées en retrait pour valoriser le bâtiment historique et créer des espaces publics. Habillées de grandes lames de verre colorées faisant office de protection solaire, elles abritent les multiples salles d’enseignement, l’auditorium et les studios. Mais tel ce dieu romain à deux visages, l’architecture offre une double lecture. A l’avant, la façade est continue, lisse, minérale, tandis qu’à l’arrière, le bâtiment se développe de façon plus organique et végétale, à travers un jeu de boîtes béton en retrait ou en surplomb, dont les généreuses façades vitrées s’ouvrent sur un square arboré.

Isolation

Préoccupation majeure du projet, l’acoustique a fait l’objet d’un traitement personnalisé en fonction des usages. Les salles sont ainsi conçues sur le principe de la boîte dans la boîte pour éviter les transmissions par le plancher ou par les murs, avec des ambiances variées liées à l’emploi de diffuseurs ronds, triangulaires, ou autre, en matériaux nobles comme le bois ou composés de marches industrielles perforées. La dissociation des grandes salles, sur des planchers à ressort, élimine également les interférences. Le rapport à l’extérieur et à la lumière est quant à lui, omniprésent, notamment grâce à une scénographie intérieur-extérieur, jour-nuit. Au final, le nouveau conservatoire ne se donne pas à voir comme un objet architectural isolé : il demande à être exploré.