A Marseille, le chantier de reconstruction de la prison des Baumettes à mi-parcours

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Depuis deux ans, les équipes d’Eiffage Construction sont mobilisées par le chantier Baumettes 3, la troisième et dernière intervention visant à moderniser la célèbre prison marseillaise édifiée dans les années 1930.

Après la démolition, pendant sept mois, des Baumettes historiques - 50 000 m3 de matériaux extraits dont plus de 50 % réemployés après concassage sur site -, l’entreprise a pu démarrer sur les 4,3 ha libérés la construction d’un ensemble de cinq bâtiments d’hébergement, de deux autres réservés respectivement à la réinsertion et à l’administration, d’une blanchisserie, d’un théâtre ouvert sur un parvis d’honneur, de la porte d’entrée principale et, enfin, d’un parking réservé au personnel pénitentiaire.

A l’achèvement, en 2025, de cette cure de jouvence, Baumettes 3 comptera 740 places qui assureront « aux personnes détenues dignité et parcours de détention personnalisé afin de favoriser leur réinsertion. Il offrira également de meilleures conditions de travail pour les personnels pénitentiaires avec, à terme, la création d’un établissement pénitentiaire unique, regroupant Baumettes 2 et Baumettes 3 dont les services seront mutualisés », affirme-t-on au sein de l’ Agence publique pour l’immobilier de la justice (Apij), maître d’ouvrage d’une l’opération qui représente 90 millions d’euros HT de travaux.

Pour l’heure, Eiffage Construction a réalisé 90 % du gros œuvre, qui devrait être totalement achevé cet automne, et a débuté les corps d’état secondaires.

Gestion des nuisances

La gestion des nuisances a été une des contraintes du chantier qui mobilisera à la pointe de l’activité jusqu’à 300 personnes. « Nous avons dû le réaliser de manière totalement indépendante des deux sites pénitentiaires en exploitation, Baumettes 1 et Baumettes 2. Pour ce faire, nous avons installé une clôture pénitentiaire de 6 m de haut », précise Olivier Watier, directeur de projets chez Eiffage Construction. A ces mesures s’en sont ajoutées d’autres telles que l’installation d’une centrale à béton pour limiter les flux de camions et pouvoir livrer en temps et en heure les sept grues installées sur le site, la limitation des émissions de poussières par l’arrosage, la réalisation de pistes en bicouche, la création de buttes de terres acoustiques ou encore la mise en place de fibres acoustiques sur les clôtures de chantier. « Nous avons fait valider les itinéraires au moment de la concertation avec les riverains organisée par l’Apij. Jusqu’à 20 camions par jour ont circulé, notamment lors de la démolition », témoigne Olivier Watier.

Meilleure insertion

Dans ce site caractérisé par les contraintes du terrain en pente et en limite du parc national des Calanques, l’insertion du centre pénitentiaire a été un enjeu majeur. A joué également la problématique de la covisibilité avec les riverains de ce quartier résidentiel. En effet, se développant sur cinq étages et, pour certains, orientés parallèlement au chemin de Morgiou, les bâtiments de la dernière extension (Baumettes 2) n’isolent pas suffisamment les riverains des vues et des cris des détenus. Ainsi, Eiffage Construction et les agences d’architecture Groupe-6 et WTF/A, associés au sein du groupement de conception-réalisation, ont pris soin d’élever, mais pas trop, les nouveaux bâtiments qui accueilleront les 740 cellules, ainsi que les espaces communs. « En R+3, ils s’insèrent au plus bas du site perpendiculairement au chemin de Morgiou afin d’éviter les vues directes sur le quartier », souligne Bruno Hallé, architecte associé de l’agence Groupe-6. Enfin, le parking est construit sur le site pour permettre aux agents de l’administration pénitentiaire de se garer sur place et éviter ainsi de gêner les riverains.

Pare-vue

Par ailleurs, le mur d’enceinte existant, à l’ouest, sera surélevé d’un pare-vue qui montera entre 6 m et 12 m de haut selon la hauteur de l’arase. « En tôle perforée avec une arase supérieure en forme de vague, il a été conçu en concertation avec les riverains et la Ville de Marseille », rappelle le directeur de projets chez Eiffage Construction. Des écailles acoustiques sous forme de casquettes seront également posées sur les façades des bâtiments abritant les cellules afin de réduire les émissions sonores et limiter davantage les vues entre détenus et riverains.

L’autre défi à relever pour Eiffage est le respect du délai. Pour livrer en temps et en heure les 30 000 m2 de surface de plancher, l’entreprise construit en parallèle l’ensemble des bâtiments. Cela l’a conduite à mobiliser du personnel et des moyens techniques, à l’instar de sept grues et de la centrale à béton, ainsi qu’à s’appuyer sur un prestataire spécialisé dans la logistique. Grâce à la plate-forme logistique en ligne et à la gestion des accès routiers spécifiques pour les camions, les embouteillages sont évités sur le site qui ne compte qu’une seule entrée.