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Les Grands Travaux dus à la volonté de François Mitterrand sont devenus de véritables mythes urbains et architecturaux. Mythique, la Grande Arche l’est sans doute davantage depuis la parution du livre de Laurence Cossé qui a révélé à un large public la figure de son architecte, le Danois Johan Otto Von Spreckelsen. Bien que totalement inconnu, il est lauréat du concours en 1983, mais démissionne du chantier en 1986 et meurt l’année suivante, à 58 ans. C’est Paul Andreu (1938-2018), architecte associé, qui portera la réalisation jusqu’à son inauguration le 14 juillet 1989. Prouesse structurelle, ce cube ouvert de 110 m d’arête, en béton revêtu de marbre blanc à l’origine, affiche un granit blond en façade depuis sa rénovation menée par Valode et Pistre entre 2014 et 2017.
« Ouvrir les lieux vers l’extérieur et apporter des services »
Alors que la tour sud est réservée au ministère de l’Equipement, la tour nord abrite 45 000 m2 de bureaux privés dont Weinberg Capital Partners a racheté les lots à partir de 2019. « Pour faire revenir les gens, il faut ouvrir les lieux vers l’extérieur et apporter des services », explique Jean-Philippe Olgiati, associé et directeur général des activités immobilières de WCP, qui a confié à Franklin Azzi la rénovation de son socle.
Tout inox
En haut des marches, un volume vitré hémicylindrique émerge sur le parvis de la Grande Arche. Ce hall, conçu par Paul Andreu, a été libéré de tout ce qui l’encombrait et son mouvement souligné par une banquette périmétrique. « Notre premier travail a consisté à retrouver le vide », raconte Franklin Azzi. L’architecte a remis en scène l’entrée, décalé les portiques de sécurité vers l’intérieur et habillé son plafond d’inox poli miroir. Puis, il a ouvert des perspectives au cœur de l’immeuble, afin d’apporter de la transparence entre les deux versants. Une aide précieuse pour se repérer dans l’espace.
Mobilier inspiré de la trame carrée des façades
L’agence a imaginé pour les lobbies un mobilier bas au dessin inspiré par la trame carrée des façades : banquettes en cuir et kiosques de services en inox brossé et verre. Dans les volumes en pointes, situés aux extrémités, un café a été créé et l’auditorium repensé, avec la mise à nu d’un portique de béton. Pour dégager de la hauteur sous plafond, les réseaux ont été concentrés partout où cela était possible.
Œuvre d’art intégrée
Murales, l’œuvre monumentale du peintre Jean Dewasne (1921-1999) choisi par Johan Otto Von Spreckelsen, est bien mieux mise en valeur grâce à la neutralité des matériaux de la rénovation. « C’est la première fois, à mes yeux, qu’une peinture est intégrée à l’architecture, qu’elle participe à la solidité de cette architecture », disait l’artiste à l’époque de l’inauguration. Des panneaux en tôle d’acier émaillé couverts de formes nettes abstraites aux couleurs vives, caractéristiques de Dewasne, ornent le niveau d’entrée de la tour nord (R+3).
Prochaine étape
Sur la paroi sud, la composition se déploie à travers les 34 étages. « Il fallait enlever la pollution visuelle pour qu’elle regagne sa lisibilité », précise Franklin Azzi. Le graphiste et designer Yorgo Tloupas est l’auteur de la nouvelle signalétique très claire, elle aussi inspirée par la trame carrée. La prochaine étape : revoir les portes et accès dissimulés dans le nu de la façade au niveau du parvis de La Défense (R+0). « C’est vraiment une opération chirurgicale… », admet Franklin Azzi.
Fiche technique
Maître d’ouvrage : Weinberg Capital Partners, Orfeo (maîtrise d’ouvrage déléguée), JLL (assistant à maîtrise d’ouvrage chantier).
Maîtrise d’ouvrage déléguée: Theop
Maître d’œuvre : Franklin Azzi Architecture (architecte), Franklin Azzi Design (architecte d’intérieur), Kardham (maîtrise d’œuvre d’exécution), Yorgo&Co (signalétique), Convergence (AMO espaces de travail), Impact Acoustis (BET acoustique), Gesys (BET fluides), DAL Eco (économiste), Bureau Veritas (bureau de contrôle)
Entreprise générale : Cesam
Agenceur : Synapses
Surface : 2 000 m2
Montant des travaux : 4 millions euros HT