Yvan Le Garrec, architecte « L'architecture laisse libre un espace qui vit au rythme des allées et venues de l'eau »

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« Lorsque nous abordons un nouveau projet, nous devons déceler les potentialités du lieu en fonction de son histoire, des éléments architecturaux ou paysagers qui constituent son identité, de sa topographie et des lignes de devenir qu'il recèle. Nous intervenons dans un monde globalement malmené et cette approche sensible rend possible une réponse architecturale inattendue : l'architecture est le surgissement, dans un espace déjà existant et saturé d'histoires, d'un événement spatial "en situation".

Dans un site a priori inconstructible, impropre à l'établissement d'un habitat, comme celui de Saint-Ouen (cf. p. 65) car situé en zone inondable, la conception s'est enracinée dans l'appréciation très factuelle du terrain : un trapèze compris entre une voie de chemin de fer et un boulevard. La voie ferrée nous orientait vers une problématique de protection sonore alors que le boulevard incitait à une stratégie d'alignement et à une scénographie urbaine. Entre ces deux lignes de force une cuvette inondable et qui doit le rester.

La mise en place du projet à l'intersection de ces trois déterminations s'est faite progressivement. Nous avons d'abord conçu deux emprises construites globalement parallèles - l'une alignée sur le boulevard, l'autre sur la voie SNCF - posées sur des pilotis laissant libre l'espace inondable de la cuvette. Depuis le niveau de la rue, une série de coursives franchit le terrain naturel en creux. Les coursives donnent accès à des escaliers et des paliers d'étage ouverts, qui déploient une promenade architecturale engendrée par la contrainte de circuler au-dessus d'un espace inaccessible car potentiellement envahit par l'eau.

Cette inaccessibilité devient le vecteur d'une poétique particulière par la création d'un jardin aquatique sophistiqué, conçu par Laurence Jouhaud, contemplé mais jamais occupé : la contrainte devient le ferment d'une réponse raffinée, l'architecture laisse libre l'espace d'une végétation que personne ne foule du pied et qui vit au rythme des allers et venues de l'eau. « Il faut se laisser aller dans la vie comme un bouchon dans le courant d'un ruisseau », disait Pierre-Auguste Renoir. »

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