En 2024, VNF a signé avec l’Etat un nouveau contrat d’objectifs et de performance (COP) qui a doublé les crédits attribués à l’opérateur public jusqu’en 2032. Ce sont désormais en moyenne 300 M€ par an qui doivent lui permettre de régénérer et moderniser les 6700 km de réseau et les 10 000 ouvrages placés sous sa responsabilité, que des décennies de sous-investissement ont amenés à se dégrader. « Malgré le contexte budgétaire difficile, notre établissement conserve son niveau d’investissement, se félicite la directrice générale de VNF, Cécile Avezard, mais il reste encore insuffisant au regard des besoins ».
Le mur de l’adaptation
Un récent rapport de la Cour des comptes pointe l’« état préoccupant » des voies gérées par VNF et des moyens « très en-deçà des besoins d’entretien ». Si le nouveau COP porte le montant cible d’investissement entre 2023 et 2032 à 2,5 Md€, il faudrait en réalité « 3 Md€ sur dix ans pour stabiliser l’état du réseau » et « 3,8 Md€ pour le remettre réellement à niveau », estiment les magistrats.
D’autant qu’après les opérations de régénération et de modernisation du réseau, l’opérateur public va devoir faire face à un deuxième mur d’investissements, non encore chiffré, celui de l’adaptation au changement climatique. Comment ? « Augmenter la taille de certains réservoirs leur permettrait d'accueillir plus d’eau et de donner ainsi plus de résilience au territoire en période de sécheresse », indique Cécile Avezard. Et élargir certaines biefs en ferait des zones d’expansion de crue, limitant ainsi l'impact des inondations.
Réponse organisationnelle
« Il s’agit d’optimiser un patrimoine bâti, pas de créer de nouvelles infrastructures », souligne Olivier Jossot, directeur adjoint de l’infrastructure, de l’eau et de l’environnement de l’opérateur public, qui ajoute cependant que la réponse aux aléas climatiques ne peut pas résider uniquement dans l’infrastructure. « Elle est aussi organisationnelle et passe par l’anticipation et la préparation des équipes à la gestion de crise ». Encore un autre défi pour VNF qui passera par un nécessaire renforcement des compétences.
Fin de l’Afit : pas d’inquiétude pour 2025
L’opérateur public perçoit 700 M€ de recettes par an dont 192 M€ au titre des subventions apportées par l’Agence de financement des infrastructures de transport (Afit). Les incertitudes concernant le devenir de celle-ci n’inquiètent pas Cécile Avezard : « le montant d’investissement prévu pour VNF en 2025, soit 165 M€, est maintenu et le principe de la consolidation d’une enveloppe dédiée au financement des infrastructures de transport n’est pas remis en cause ». La conférence de financement des mobilités qui doit avoir lieu à partir de mai sous l’égide de l’ancien secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau devrait permettre à l’opérateur d’y voir plus clair pour les années suivantes.