A quelques kilomètres des fortifications de Langres (Haute-Marne), au milieu de la verdure, le barrage-réservoir de la Mouche retient 5,6 millions de mètres cubes d’eau. « Ce n’est pas une bassine, prend soin de préciser Pascal Dupras, chef de l’unité territoriale d’itinéraire du canal entre Champagne et Bourgogne chez Voies navigables de France (VNF), nous ne venons pas pomper de l’eau dans la nappe pour l’alimenter ».
Mouvements irréversibles
Ici comme dans les trois autres réservoirs des environs, c’est le ruissellement naturel des bassins versants qui constitue le lac. Celui-ci soutient le débit d’étiage du canal entre Champagne et Bourgogne, approvisionne 22 500 personnes en eau potable et accueille des activités touristiques. Or le barrage de la Mouche dérive vers l’aval. « C’est de l’ordre du dixième de millimètre par an, rassure Pascal Dupras, cela fait partie de ce qu’on appelle la respiration de l’ouvrage qui se fait au gré des températures ou du remplissage. » Mais ces mouvements, si infimes soient-ils, se sont avérés irréversibles.
23 000 tonnes de matériaux
C’est pour les contrôler, mais aussi pour augmenter la capacité de son réservoir que VNF a entrepris en début d’année des travaux de confortement.
Construit en 1890, le barrage en maçonnerie de 410 m de long est ainsi renforcé par 70 m de remblais sur les deux rives. Larges de près de 13 m en crête, ils se composent de 23 000 tonnes de graves.
Remblai et couche de transition
« Il fallait à la fois du poids et un effet frottant pour offrir une bonne résistance à la poussée du barrage lui-même poussé par l’eau », explique Hervé Marneffe, adjoint au chef d’arrondissement à la direction de la maitrise d’ouvrage de VNF. Le calcaire retenu pour le remblai affiche une densité de 2,2 t/m3 et une couche de transition drainante d’un mètre d’épaisseur située entre l’ouvrage et le remblai vient assurer le caractère frottant.
Renfort de béton projeté
Côté lac, les rives du barrage seront également renforcées par 30 cm de béton projeté ancré au parement qui viendront compléter le « masque Lévy », une paroi de béton appliquée sur 270 m en son centre quelques années après sa construction. « Ce béton apportera du poids et de l’étanchéité et grâce à lui, nous pouvons réduire d’un mètre la hauteur du remblai à l’aval », indique Vincent Mouy, directeur de l’exécution des travaux pour le maître d’œuvre, Tractebel. Celui-ci culminera donc à 6 m au lieu de 7.
Evacuateur de crue modernisé
L’opération nécessite de faire baisser le niveau du réservoir pour mettre hors d’eau la zone à traiter, tout en créant un creux de sécurité pour pouvoir faire face à une crue décennale sans noyer le chantier. L’évacuateur de crue sera également modernisé et agrandi pour sécuriser l’aval du barrage et le chantier s’achèvera par une réfection de la crête du barrage, avec l’élargissement de la route départementale qui le traverse.
22 % de capacités supplémentaires
A l’issue des travaux, la capacité de stockage du réservoir pourra atteindre près de 8 Mm3, soit une augmentation de 40 %. Il s’agit d’un retour à ses capacités d’origine, revues à la baisse au fur et à mesure de son avancée en âge et de l’évolution des normes de sûreté. Dans un contexte où les sécheresses alternent avec les crues, VNF s’emploie à augmenter les capacités de ses réservoirs. A quelques kilomètres du barrage de la Mouche, celui de la Liez a ainsi été équipé d’un nouvel évacuateur qui lui permet d’accueillir 2,6 Mm3 supplémentaires et les études sont en cours pour ajouter 1,7 Mm3 en confortant le barrage de Charmes. Au total, les réservoirs qui entourent Langres gagneront 22 % d’ici à la fin de l’opération.