Villes moyennes 5/5 : Saint-Omer ranime son coeur médiéval

L’inversion de la courbe démographique se profile à Saint Omer (Pas-de-Calais). Depuis les années soixante, la ville a perdu un quart de sa population. Elle est passée de 19 000 à 13 800 habitants en 2012, dans un territoire qui a longtemps affiché une vitalité économique resplendissante, grâce notamment à la Cristallerie d’Arc qui a compté jusqu’à 14000 salariés.

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St-Omer Gare
Entre la gare et le centre-ville, St-Omer part à la reconquête de ses friches.

Saint-Omer n’a pas attendu le programme Action cœur de ville (ACV) pour soigner son hémorragie démographique qui a obéi à un schéma classique : de nombreuses familles ont fui la ville médiévale et ses logements anciens pour s’offrir des pavillons flambant neufs en périphérie. La tendance s’est inversée à partir de 2014 avec le lancement d’une politique de revitalisation impulsée par le nouveau maire, François Decoster (MoDem).

Priorité aux friches

« Rénover le centre patrimonial et les quartiers anciens sans disposer de réserves foncières » : l’enjeu posé par Antoine Vercruysse, directeur de cabinet du maire, se décline ici dans une ville médiévale entourée à 88% de marais non constructibles. Une seule solution se dégage : la reconquête des friches.

Cette ligne s’est d’abord déclinée dans l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat et de renouvellement urbain (Opah-RU), sur des terrains ferroviaires entre la gare et le centre-ville. Propriétaires de la majorité de l’habitat ancien morcelé en petits logements, les bailleurs privés ont du mal à rentabiliser leur investissement, dans un marché immobilier détendu.

En soutien, la ville crée plusieurs outils: un guichet unique pour faciliter les démarches, une brigade contre l’habitat insalubre, et une aide financière de 7000 € pour les propriétaires qui créent de grands logements par la réunion de plusieurs appartements. L’habitat et les bureaux motivent deux autres opérations sur des friches GDF et SNCF.

Un programme fédérateur

« En 2018, l’adhésion au programme ACV a donné un coup d’accélérateur à ces projets en fédérant tous les acteurs », apprécie Eugénie Ruckebusch, responsable d’ACV à l’agence d’urbanisme et de développement de Saint Omer. Longtemps, le chacun pour soi avait empêché l’émergence d’une dynamique commune au service d’urbanisme, au prestataire OPAH, à l’architecte conseil, et à Action Logement.

« Désormais, nous nous réunissons chaque mois pour étudier tous les dossiers en cours. D’où un gain d’efficacité. Le label ACV facilite l’accès aux financements fléchés pour la rénovation. A Saint Omer, nous bénéficions du Fonds Friches pour nos opérations », se félicite la cheffe de projet.

Un chef étoilé au centre

Parallèlement, la rénovation du théâtre élisabéthain et l’embellissement des trois places du centre-ville (espaces piétons élargis, création d’un parking de 220 places en entrée de ville et aménagement de vastes terrasses) ont dopé l’attractivité. Entre 2018 et 2020, le volume des transactions immobilières a augmenté de 20%. Le taux de vacance des commerces dans les rues piétonnes est pratiquement nul, et de nouvelles enseignes nationales s’implantent. En septembre, Camille Delcroix, pressenti comme futur chef étoilé, va même poser ses fourneaux dans le centre-ville.

La prolongation du programme ACV va permettre d’achever l’OPAH-RU. « La rénovation urbaine nécessite un temps long, entre 5 et 10 ans » insiste Eugénie Ruckebusch. Saint-Omer profitera également de la seconde phase pour renforcer la place de la nature en ville, grâce au soutien de la Banque des territoires qui finance 50% des études de faisabilité.

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