Entrée dans le paysage après des études de cinéma, Eugénie Denarnaud a découvert le sujet de sa résidence versaillaise au cours de son adolescence : « Depuis 2001, j’observe Tanger, dont la taille a décuplé dans le sillage des nouvelles infrastructures portuaires, et où se développent des espaces plantés par les habitants, tant pour la nourriture que pour l’agrément », raconte la franco-marocaine de 31 ans. Le conseil départemental des Yvelines a financé sa résidence à partir de 2014, avant même la naissance officielle de la villa André Le Nôtre.
Pirates de la biodiversité
Ce même phénomène de prise de possession spontanée, la paysagiste le stimule, avec le soutien du département, des communes et des maîtres d’ouvrages d’infrastructures, sur deux sites du far-west parisien : le quartier du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie, et le centre culturel du Château éphémère, aux abords d’une ancienne gravière remblayée qui a servi d’exutoire aux égouts parisiens, à Carrières-sous-Poissy. Dans le premier cas, un jardin potager de 5 m sur 40 a mobilisé d’abord des jeunes du Centre de vie sociale, puis des riverains. Sur le second site colonisé par les ronces, les robiniers et les renouées du Japon, d’autres jeunes des environs découvrent les lapins et les renards. Ils y ont construit leur navire en bois baptisé Bateau Pirate, nom donné au projet d’Eugénie Denarnaud.

Facilitées par sa maîtrise de l’arabe dialectal, l’encadrement et la mise en forme des projets collectifs la ramènent à sa passion de cinéaste, autour d’une œuvre prospective : quel devenir pour ces projets éphémères ? Que se passe-t-il après la pollution ? Le livre, encore en quête d’éditeur, donnera des pistes de réponse.