En 1986, après des années de guerre suivies de dix années d’économie centralisée et planifiée, le Vietnam se trouvait être parmi les plus pauvres des pays d’Asie. À l’instar de son grand frère chinois, le VIème Congrès du Parti communiste vietnamien décide alors de libéraliser l’économie du pays tout en maintenant un contrôle politique. Baptisée "Doi Moi", ou politique du renouveau, cette orientation va permettre au pays de connaître trente années de développement (+5,6% de croissance annuelle moyenne entre 2012 et 2016 et une prévision d’environ 6,5% pour les prochaines années) et de se hisser sur les premières marches du podium des pays les plus dynamiques de l’Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) ! En janvier 2016, le XIIème Congrès du Parti communiste vietnamien a adopté un nouveau plan quinquennal et fixe les objectifs socio-économiques des cinq prochaines années. Ils s’inscrivent dans la continuité du plan précédent et fixent les priorités : le développement du tourisme, des infrastructures et des équipements publics, notamment la construction de nouveaux hôpitaux, l'alimentation en eau potable et la gestion des déchets, l'urbanisation du pays... Des priorités qui nécessitent le soutien d’investisseurs privés internationaux.

• Population : 92,5 millions d’hbts
• PIB 2015 : 182,6 milliards d’euros
• Production du BTP 2015 : 39,4 milliards d’euros (5,9% du PIB)
• croissance : +6,5 % de moyenne pour les années à venir (source gouvernementale)
Tourisme
Dans le secteur du tourisme, la politique du pays consiste dorénavant à attirer les visiteurs et les investisseurs vers un hébergement de luxe à forte valeur ajoutée sur le littoral. Le chiffre d’affaires global de la filière en 2015 était en augmentation de près de 50% par rapport à 2014, dont 70% est réalisé par l’hôtellerie. Ainsi, de nombreux projets d’hôtels et de "resorts" sont en cours dans les villes côtières avec la présence d’acteurs internationaux comme AccorHôtels (le groupe de tourisme français ouvre un hôtel tous les trois mois au Vietnam), le britannique Intercontinental Hotel Group, l’américain Marriott International, mais également d’acteurs locaux comme Vingroup, Sun Group, FLC ou Muong Thanh (société d’immobilier). Des partenariats stratégiques entre ces groupes locaux et des acteurs internationaux ont été créés : Vingroup et l’ingénieriste français Artelia pour concevoir des "resorts", Sun Group et AccorHotels pour la gestion hôtelière, CEO Group et l’entreprise hexagonale Site Architecture sarl-France & Site Asia pour la conception du projet hôtelier Sonasea Villas et Resort. En complément de ces partenariats, les opportunités sont multiples pour les entreprises françaises spécialisées dans les produits d’équipements hôteliers comme les luminaires ou les sanitaires.
Transport
Pour répondre à ce développement du secteur touristique et de l’économie en général, le gouvernement vietnamien a décidé de mettre les bouchées doubles en termes de réalisations d’infrastructures aéroportuaires, portuaires, ferroviaires et routières.
Le pays souffre en effet d’un manque d’infrastructures de qualité. Le Vietnam dispose de 22 aéroports, dont 10 internationaux. Pour faire face à l’accroissement rapide du nombre de voyageurs (62 millions en 2015 soit une augmentation de 24% par rapport à 2014), de nombreux projets de construction et extension ont été lancés par Airport Corporation of Vietnam, l'entreprise d’État dans laquelle Aéroports de Paris (ADP) vient de prendre 20% du capital. Le plus important est le gigantesque projet du nouvel aéroport international Long Thanh (5,45 milliards de dollars) situé dans la banlieue d’Hô Chi Minh-Ville est en cours. Les travaux pourraient commencer dès 2019. Son ouverture est prévue en 2025.
Le Vietnam est au 67ème rang en termes d’infrastructures de transport dans le classement mondial établi par le World Economic Forum de 2015. Plus de 27 milliards d'euros vont donc être consacrés par le gouvernement aux infrastructures routières (construction et rénovation) d’ici à 2020. Sur les 250 000 km de voies toutes catégories confondues que compte le pays, 20 500 sont des routes nationales, 704 des autoroutes (457 en cours de construction s’y ajouteront). D’ici à 2020, le réseau autoroutier devrait s’étendre sur 2 500 km et sur près de 6 500 km à l’horizon 2030. Parent pauvre en termes d’investissements et d’infrastructures, le réseau ferroviaire vietnamien est plus qu’obsolète : 2 600 des 3100 km de voies ferrées du pays ont été construits avant 1936 ! Plusieurs projets de lignes nouvelles, dont les tronçons de ligne à grande à grande vitesse Hanoi-Vinh et Ho Chi Minh-Nha Trang, sont en phase d’étude par la société d’État Vietnam Railway Corporation pour une construction programmée entre 2020 et 2030. Cette première LGV du pays serait électrifiée et à double voie sur une partie de l’axe nord-sud entre Hanoi et Ho Chi Minh-Ville. Les trains devraient rouler à 160-200 km/h, mais les infrastructures permettraient une vitesse de 350 km/h dès l’achèvement de la ligne, à partir de 2050. Pour mettre en œuvre ce programme « révolutionnaire », les autorités vietnamiennes espèrent bénéficier de l’aide publique au développement et travaillent sur des schémas spécifiques de BOT (Build, Operate, Transfer), BT (Build, Transfer) et PPP (Partenariat public-privé). Dans le même temps, des réseaux de transports urbains (métros et tramways) sont en cours de construction à Hanoi et Hô Chi Minh afin de remédier à l’engorgement du trafic automobile et deux roues et de maîtriser les effets de la pollution. La première ligne de métro d’un réseau de huit lignes prévu entre 2020 et 2030 devrait être inaugurée à Hanoi en décembre 2016. D’ici 2030, selon son schéma directeur, Ho Chi Minh devrait être dotée de six lignes de métro, une ligne de tramway, deux lignes de mono rail et six lignes de bus, ce qui serait le plus important réseau de transport urbain en Asie du Sud-Est.
Hôpitaux
Le secteur de la santé s’ouvre également très largement aux investisseurs internationaux. Les équipements hospitaliers étant insuffisants, surchargées et n’ayant pas les moyens de développer de nouvelles capacités pour répondre aux besoins grandissants de la population – le ministère de la Santé avait annoncé la construction de 45 hôpitaux dans 36 provinces entre 2013 et 2015, mais à ce jour seule une moitié des projets a été réalisée – l’État vietnamien s’est engagé dans une politique de développement d’hôpitaux privés sous forme de concessions, de joint-ventures et de PPP. Les nombreux projets en cours représentent de réelles opportunités pour les entreprises de la construction et de "facility management". Par ailleurs, les promoteurs et les constructeurs locaux cherchent depuis peu à diversifier leurs activités dans le secteur hospitalier. Si ce phénomène récent peut susciter un surcroît de concurrence, il peut aussi représenter une opportunité de partenariat gagnant/gagnant. « La plupart du temps, les groupes locaux disposent des contacts pour obtenir du foncier disponible et des concessions, mais n’ont pas la connaissance technique pour y construire des hôpitaux, les exploiter, acheter les équipements nécessaires…. », souligne Matthieu Lefort, directeur pays de Business France au Vietnam.
Autre priorité du nouveau plan quinquennal : l’urbanisation du pays. Elle devrait être comprise entre 38 et 40% en 2020 (contre 34% aujourd’hui), et portée à 50% en 2025. Un objectif qui a des conséquences directes pour le secteur du BTP. Le schéma directeur pour le développement urbain prévoit, entre 2011 et 2020, un investissement de plus de 45 milliards d'euros (venant du public comme du privé, y compris d’investisseurs étrangers). L’objectif est la construction de 100 millions de m² de logements par an et la création de villes satellites à Hanoi et Ho Chi Minh. Dans le même temps, un investissement de 390 millions d'euros (financé à 60% par l’État) sera consacré à la construction d’équipements de loisir sportifs et culturels ainsi qu’à la mise en valeur des bâtiments du patrimoine national. Cet accroissement de la population urbaine ne sera pas sans conséquence sur l'environnement et la pollution dans les villes. Si cette question n’était pas, jusqu’à une période récente, une priorité pour le gouvernement, elle est devenue une véritable préoccupation pour la population de plus en plus sensible et critique à l’égard de la qualité de l’eau, de l’air, de son environnement en général. Le gouvernement vietnamien s’est ainsi engagé à fournir l’accès à l’eau courante à 95% de la population urbaine et 90% de la population rurale d’ici à 2020. Une annonce dépourvue concrètement de moyens, révélatrice d’un véritable problème sanitaire dans le pays nécessitant l’expertise d’entreprises étrangères pour le solutionner.
Les points d’entrée
• Business France Vietnam, Matthieu Lefort, directeur pays Business France Vietnam ; E-mail : Matthieu.lefort@businessfrance.fr ; Tel. : +84(0)439445800. Vincent Huynh, directeur du bureau de Ho Chi Minh-Ville, chef de pôle Industries et Cleantech, Vietnam-Cambodge ; E-mail : vincent.huynh@businessfrance.fr ; Tel : +84(0)835206885. Voir http://export.businessfrance.fr
• Agence française de développement : Voir www.afd.fr/home/pays/asie/geo- Asie/afd-Vietnam
• Chambre de Commerce et d’Industrie France Vietnam ; Tel. : +84(0) 8 38 25 86 25 ; voir www.ccifv.org
• Section Vietnam des Conseillers du Commerce extérieur de la France ; Jean-Michel Caldagues, président de section ; Tel. : +84(0) 4 49 43 68 85. Voir www.cnccef.org/10-annuaires.htm.
• Délégation de la Commission européenne : Voir www.delvnm.ec.europa.eu
• Eurocham (Chambre de commerce européenne) : Voir www.eurochamvn.org/
• Les majors locaux du BTP : Song Da, Vinaconex, Coteccons, Hoa Binh, Delta , Archetype Group
• Les majors français du BTP : Bouygues Batiment International, Colas (Asphalt Distribution Co Ltd), Vinci Construction Grands Projets (Campenon Saigon Builders Ltd, Thai Nguyen, Vinci Construction Grands Projets -Vietnam -Hanoi / Ho Chi Minh City), Soletanche Freyssinet (Bachy Soletanche Vietnam, Freyssinet Vietnam Hanoi, Freyssinet Vietnam Ho Chi Minh City, Menard Vietnam), Vinci Construction France (Structures Vietnam Hanoi / Ho Chi Minh City), Lafarge Holcim (LafargeVietnam / Holcim Vietnam), Schneider Electric Vietnam Ltd Compan), Legrand Vietnam), Egis, DE-SO (architecture).
DEUX QUESTIONS A :
Matthieu Lefort, Directeur Business France Vietnam
« Les entreprises de BTP vietnamiennes ne peuvent pas se positionner sur des gros contrats »
Quels sont les atouts des entreprises de BTP au Vietnam ?
Elles jouissent d’une très forte notoriété sur tous les sujets techniques en termes de fiabilité. C’est un héritage de la période coloniale au cours de laquelle les Français ont beaucoup construit d’infrastructures dans le domaine de l’énergie, des transports et du génie civil en général, qui font encore référence aujourd’hui. Des infrastructures qui ont plus de soixante ans sont certes dépassées, mais fonctionnent toujours alors que des équipements bon marché achetés à des entreprises chinoises il y a moins de vingt ans sont déjà défectueux. Les entreprises de BTP vietnamiennes ont des compétences basiques et ne peuvent pas se positionner sur des gros contrats demandant une réelle expertise technique. Les majors du BTP français sont donc tous présents au Vietnam et essayent d’entrer sur des projets avec plus ou moins de facilité. Bouygues est ainsi très intéressé par les projets liés à la construction d’hôpitaux.
Quels sont les avantages pour une entreprise française à s’installer et travailler au Vietnam ?
Le premier est lié aujourd’hui à la politique d’ouverture du marché vietnamien. Il est intégré au marché de l’Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) qui s’est ouvert en janvier 2016. Cela permet à l’entreprise de travailler depuis le Vietnam sur l’ensemble des pays de la zone Asean sans difficulté et de bénéficier de la libre circulation des produits, biens, capitaux et services. Le second repose sur l’accord de libres échanges conclut entre l’Union européenne et le Vietnam, qui va entraîner à l’horizon 2018 une baisse progressive des droits de douane sur les produits importés, un accès aux appels d’offres facilité avec l’obligation pour les autorités de publier ces appels d’offres en anglais sur un site internet dédié. Le Vietnam fait également partie des douze pays signataires du Traité de Partenariat Trans Pacific (aux côtés notamment du Japon, de la Corée du Sud, du Canada, des États unis, de l’Australie), pays dans lesquels les entreprises vietnamiennes vont pouvoir exporter leurs produits sans difficulté. Avec ces accords sans précédent, le pays est en avance sur la plupart des pays de l’Asean. L’Indonésie, considérée comme une des locomotives de la zone, n’a pas ce type d’accords !