Vient de paraître : «Travailler aux chantiers»

Un ouvrage sur le chantier dans tous ses états, au plus près de l’expérience de ses acteurs

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"Travailler aux chantiers".

Telles les mains d’une statue de bronze antique tendues vers le lecteur, la paire de gants en caoutchouc sur la couverture de «Travailler aux chantiers» donne le ton de ce livre aux multiples regards. Dirigé par Gwenaële Rot, sociologue du travail des mondes industriels et artistiques, professeure des universités à Sciences-Po et chercheuse au Centre de sociologie des organisations (CSO/Cnrs), il regroupe des enquêtes de chercheurs ponctuées d’extraits de leurs notes de terrain, de témoignages et de leurs photographies prises in situ. S’y ajoutent des images de professionnels, telles celles de Marc Riboud d’où émerge la dimension esthétique des gestes accomplis, véritables chorégraphies qui se donnent en spectacle parfois sous les yeux d’un public, celui des passants. Sur le chantier du Grand Paris Express à Bagneux, la photographe Juliette Paulet révèle la partie invisibilisée des chantiers en faisant le portrait de ceux qui exercent un de ces métiers dits «de support». De l’autre côté du miroir, elle s’est aussi consacrée aux riverains troublés par leur quartier en complète mutation.

Bâtir, enlever, maintenir

Dans ce livre, il est question de travaux publics bien sûr mais aussi de construction navale, de foresterie, de maintenance industrielle ou de production muséale, regroupés en trois modes archétypaux du travail de chantier : la construction bien entendu, et également l’excavation, la maintenance. Issus d’observations au long cours, les sociologues parviennent à retranscrire la dimension temporelle (le rythme, l’attente, l’accélération), les aléas, les retards, les ajustements entre les interventions des diverses entreprises, les risques physiques et les conséquences sur le mental des équipes, entre stress et satisfaction d’un travail dont le résultat sort de leurs mains et évolue sous leurs yeux. «Les règles d’usage de l’espace sont précisées en permanence, en fonction des urgences», raconte Gwenaële Rot qui a suivi l’avancée des tunneliers sur le prolongement de la ligne 14 du métro. Évoluant entre deux mondes, Bastien Cantini, qui est issu d’une famille d’entrepreneurs du BTP, a commencé une thèse de sociologie sur la logistique de chantier. Il évoque les rouages et les engrenages qui mènent à un accident. De son côté, Marie Ngo Nguene s’est attaquée à un tabou en étudiant la consommation d’alcool sur les chantiers, son rôle dans la sociabilité entre collègues et sa participation à une logique productive comme soutien pour des métiers physiquement pénibles.

«Au cours du temps, j’ai appris les mots pour exprimer en termes savants une fascination d’enfance, celle du travail comme acte constructeur», écrit François Vatin, spécialiste de l’histoire de la mécanique et de la physiologie du travail. Dans un très beau texte, il raconte sa découverte des ouvriers, des instruments, de la division du travail et de la hiérarchie lorsqu’il s’est retrouvé à 7 ans sur un «chantier à l’envers», celui de fouilles archéologiques à Délos...

«Travailler aux chantiers», sous la direction de Gwenaële Rot, 21x26 cm, 120 photographies, 304 p. 35 euros. Editions Hermann.

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