L’agence est fictive, son auteur un peu moins. Danicollaterale, de son vrai nom Daniele Pasin, est italien. Il est né en 1987 et s'est installé à Paris au début des années 2010. Architecte, il a travaillé pour différentes agences prestigieuses, en France comme à l’international. Reconverti en auteur et illustrateur d'album pour la jeunesse, il signe aujourd'hui «Je suis charrette. Vie d’architecte», paru en avril dernier aux éditions Delcourt.
Le pitch ? Enzo Forte, fraîchement diplômé architecte, recherche une colocation à Paris, dans l'espoir de décrocher un stage en agence. Après avoir inondé de son CV tout ce que la capitale compte d’agences prestigieuses et enchaîné entretiens sur entretiens, il reçoit enfin une réponse positive pour un stage - naturellement non rémunéré - dans l’agence de Xavier Nolan, starchitecte pritzkerisé. Dans la foulée de son recrutement, l’agence se met «en mode charrette», au bord de la crise de nerfs en permanence, pour le projet de Musée d'Art Contemporain de Shanghai (MoCA), objet d'un concours international.
Et c’est ainsi que, catapulté au cœur du maelström, le pauvre Enzo découvre la réalité du métier - une certaine réalité, du moins – faite d’amitiés nouvelles, de désillusions, de patrons tyranniques, de petits chefs hystériques et vicieux, et de collègues faux-jetons ; mais aussi de travail intense et de sacrifices perpétuels... Une description certes caricaturale (mais y aurait-il matière à BD sans cela ?), où l’on s’amusera à reconnaître, ici et là, les portraits et réalisations de quelques-uns de ces starchitectes contemporains dont raffolent, peut-être un peu trop, les revues d’architecture… Le dessin est plaisant, précis ; la ligne est claire, les couleurs en petit nombre. Les architectes et autres amateurs d'architecture s'amuseront beaucoup à cette lecture.
«Je suis charrette. Vie d’architecte», par Danicollaterale, 22,6 x 29,8 cm, 208 pages, 29,95 euros. Editions Delcourt.