C’est un pesant pavé immaculé de plus de 800 pages, et c’est aussi un très bel objet qui rend hommage au travail de l’architecte Claude Vasconi (1940-2009) dont la pratique était, chez lui sans doute plus que chez tout autre, intimement liée au dessin. De 1965 jusqu’à sa disparition, l’architecte a signé plus de soixante réalisations en France, en Allemagne et au Luxembourg : le 57 Métal à Boulogne-Billancourt, le Corum à Montpellier, la Filature à Mulhouse, etc.
Mais avant de sortir de terre, ces bâtiments ont d’abord été des esquisses tracées avec fougue, au feutre, sur de petits calepins ou des rouleaux de calque d’études collés ensuite sur de grands carnets format raisin. Le trait puissant, expressif, contrasté, presque brutaliste, évoque ici celui de son confrère Pierre Parat (né en 1928).
Du crobard initial à la finalisation de l'édifice, le dessin rythme chaque étape des projets de Vasconi. Et ce sont ainsi des centaines d’entre eux qui témoignent d’un processus créatif itératif, où la main et le geste nourrissent l’émergence de la forme et la pensée de l’œuvre en cours d’élaboration.
Les 400 dessins reproduits dans cet épais volume, classés par ordre chronologique, se mêlent à des réflexions sur l’architecture et autres notes sur les projets. Une somme graphique qui invite à redécouvrir, pour la réévaluer, l’œuvre d’un architecte-bâtisseur qui aura marqué durablement de son empreinte le paysage architectural et urbain de la fin du XXe siècle.