Le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) a pour vocation de traiter les eaux usées. Il vient de se faire construire, sur son site verdoyant de Valenton (Val-de-Marne), un bâtiment tout de bois revêtu. Conçu par l’architecte Suzel Brout, l’édifice abrite des bureaux, des salles de commande et de crise, ainsi que des ateliers de maintenance et des magasins de stockage. Long de trente mètres, mais haut de huit mètres seulement, il s’impose frontalement dans le paysage comme une sorte de longue palissade de bois faisant le lien entre deux buttes plantées.
Avec sa morphologie strictement rectangulaire, généralement de mise dans les zones d’activités, la construction est à l’image d’un bâtiment tertiaire traditionnel. Ou presque, car ici le bois change tout… Il enveloppe l’ensemble des faces du bâtiment, jusque et y compris le toit. La construction dialogue ainsi avec la terre, les plantations et même la ferme voisine, « dont il pourrait constituer l’une de ses dépendances », s’amuse Suzel Brout. Intégralement bardée donc, cette réalisation s’inscrit dans une démarche environnementale à l’intérieur même d’un site classé Seveso. Et, ironie du sort pour un lieu dévolu à l’épuration des eaux, le bâtiment occupe un terrain inondable ! D’où sa position surélevée, au-dessus d’une double dalle de béton qui accueille un parking à l’air libre en rez-de-chaussée et le met à l’abri des crues et de l’humidité du sol.
Ecorce protectrice
Aux dires de Suzel Brout, cet édifice est l’un des tout premiers à mettre en œuvre, à une telle échelle du moins, du pin maritime rétifié (Retiwood) en bardage sur ossature de sapin. Sans aucun traitement chimique de surface, ce bois modifié par la seule action de la chaleur est stable au plan dimensionnel et résistant aux intempéries comme aux xylophages. De plus, il se patine avec le temps en grisant légèrement. En regard de la structure poteaux-poutres en béton de l’édifice, l’enveloppe de bois se devait d’être perçue comme « épaisse ». Aussi le pin se retourne-t-il sur l’embrasure des fenêtres pour apparaître comme une écorce dure et protectrice destinée au confort des usagers. Les lames sont disposées verticalement afin que la pluie glisse dessus, vite et uniformément, sans stagnation possible. « J’ai bataillé longuement pour obtenir un calepinage parfait avec une largeur de lames partout identique ! Il fallait faire en sorte que ces lames de bois ne soient jamais recoupées en rencontrant une fenêtre. Il m’a fallu longtemps pour faire le tour du bâtiment ! Les menuisiers sont des gens à qui il faut s’adresser en direct et, par chance, la jeune équipe de chez Brezillon a toujours cru au projet », tient à souligner l’architecte. Le bois est en effet l’unique « religion » de ces façades, puisque les menuiseries des fenêtres sont en chêne. Epaisses et très résistantes, elles permettent d’obtenir des baies vitrées toute hauteur d’étage sans aucune traverse intermédiaire.
Aux côtés de la transparence des ouvertures, le bois prédomine avec une belle unité rigoureusement rythmée par une succession de meurtrières.