Des délais de chantier raccourcis, pas d'échafaudage, peu de nuisances, nul besoin de déplacer les locataires, un impact carbone limité et des matériaux plus sains : ces nombreux avantages ont convaincu le bailleur social 3F d'expérimenter la filière hors-site pour la rénovation énergétique et architecturale de son parc comptant 133 000 logements étiquetés E, F et G.
Un premier chantier a été lancé le 20 décembre à Thiais (Val-de-Marne) pour mettre à niveau la résidence Einbeck, un ensemble de 176 logements répartis sur six immeubles de deux à quatre étages construits en 1964. « Avec ses 4 700 m2 de façades linéaires typiques des constructions de l'époque, cette résidence se prête parfaitement à une rénovation reposant sur l'adjonction de panneaux préfabriqués », explique Stéphane Thous, chef de projet patrimoine chez Immobilière 3F (pôle 91-94). Objectif visé par le maître d'ouvrage : ramener à C l'étiquette énergétique qui oscille aujourd'hui entre D et E selon les bâtiments.
Des délais raccourcis. Les 570 panneaux en ossature bois nécessaires à l'opération sont fabriqués à Bressuire (Deux-Sèvres), dans les ateliers de Sybois, une filiale du fabricant de fenêtres Millet. Pesant entre 800 et 900 kg, ils contiennent de la ouate de cellulose insufflée à forte densité (60 kg/m3 ) pour garantir une bonne isolation dans le temps, et sont livrés équipés de fenêtres. La pose est relativement aisée. Une fois les briques de parement et les brise-soleil déposés, des ferrures de fixation sont installées sur la façade. Un seul opérateur en nacelle peut alors fixer les panneaux de bas en haut. Dès qu'ils sont mis en place, les anciennes menuiseries et les volets roulants sont retirés ; c'est d'ailleurs la seule opération qui nécessite d'entrer chez les locataires.
Ce chantier, d'un coût de 8,9 M€, doit durer cinq mois, au lieu de quatorze avec une approche classique. 3F a mis en place une organisation spécifique qui garantit un partenariat étroit entre le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre et GCC, l'entreprise de travaux sélectionnée dès la phase d'avant-projet définitif en groupement avec InSitu-A.
Une filière qui se structure. « Le recours au hors-site doit toujours rester au service du projet architectural », insiste Mirco Tardio, cofondateur de l'agence Djuric-Tardio Architectes qui intervient sur cette opération, épaulé par le bureau d'études Biotope. Et de préciser : « Dans le processus retenu, nous sommes sollicités en amont pour améliorer le confort thermique des habitants mais aussi pour conférer une nouvelle identité à ces ensembles dont nous héritons. La qualité est au rendez-vous. Ici, les panneaux sont équipés de menuiseries en chêne français, un produit généralement réservé à la rénovation du patrimoine classé. » Comme l'explique Valérie Fournier, directrice générale du groupe 3F, le hors-site constitue l'une des réponses aux défis de la transition écologique en construction comme en rénovation : « Au regard de notre patrimoine de près de 300 000 logements, nous avons la responsabilité de nous inscrire dans une dynamique vertueuse de décarbonation. Même si elle réduit les temps d'études et de chantier, cette solution entraîne encore un léger surcoût. Mais la structuration de la filière française, à laquelle nous participons activement, devrait la rendre de plus en plus attractive. »