Le gouvernement et les organisations professionnelles des entreprises du bâtiment annoncent avoir trouvé un accord permettant la reprise des chantiers. Cet accord se ferait sans la maîtrise d’œuvre? Dans un communiqué en date du 22 mars, Jean-Michel Woulkoff, président de l’Union nationale des syndicats français d’architectes (Unsfa), réagit.
«L’Union nationale des syndicats français d’architectes (Unsfa) ne peut accepter cet accord en l’état car l’acte de construire n’engage pas que les entreprises mais toute une chaîne d’intervenants dans laquelle l’architecte a un rôle de concepteur et de coordonnateur. L’Etat, en concertation avec tous les acteurs de la construction, doit définir quels sont les chantiers prioritaires à poursuivre durant cette période de confinement. L’Unsfa exige que les représentants de la profession soient intégrés à la rédaction de ce guide des bonnes pratiques qui doit permettre de poursuivre des chantiers et seulement ceux qui sont prioritaires.
L’Unsfa ne peut accepter une initiative unilatérale dans laquelle les architectes ne sont pas partie prenante alors que leur responsabilité sera engagée. Elle refuse que les architectes soient pris en otage de décisions purement économiques au détriment des risques sanitaires actuels. Les architectes ne peuvent pas recevoir d’injonctions paradoxales : restez chez vous / reprenez les chantiers!
Citoyens, mais aussi chefs d’entreprise, les architectes font preuve de responsabilité et ne doivent pas faire prendre de risques à leurs collaborateurs, aux compagnons des entreprises et à leurs proches. Poursuivre le travail sur les chantiers, c’est pour les architectes, assurer une présence régulière et s’exposer eux-mêmes ou leurs collaborateurs, à un risque qu’ils ne maîtriseraient pas, sans matériels de protection disponibles, tenus à un suivi et une validation des travaux réalisés sous peine d’être - après coup - responsables d’éventuelles malfaçons.
L’Unsfa désapprouve les mesures générales de reprise des travaux. Si la volonté gouvernementale consiste à redémarrer les chantiers, elle demande à préciser quels sont les chantiers prioritaires et à ce que les protocoles de redémarrage soient faits avec ses représentants. «Nous ne devons pas être les otages d’une décision alors que notre responsabilité sociétale, sanitaire et professionnelle est engagée.»