Traditionnellement plutôt soudée, la filière du BTP se trouve désormais écartelée. Les négociants suspectent les industriels de hausses de prix opportunistes, les artisans et PME en veulent aux distributeurs comme aux fabricants. En bout de chaîne, la promotion immobilière, les bailleurs sociaux, les constructeurs de maisons individuelles ne voient pas d'issue à la situation actuelle, et regardent aussi vers l'amont avec aigreur.
Si les reproches sont souvent excessifs (toute crise a ses boucs émissaires), reconnaissons que le négoce n'est pas le plus mal placé. Rompu aux logiques d'achat et de revente, il gère ses prix au plus près. Contrairement aux entreprises de travaux, ni sa trésorerie ni sa survie à court terme ne sont en jeu.
Mais à moyen terme, les acteurs de la distribution professionnelle doivent garder un œil vigilant sur le grief de « profiteurs de guerre » que formulent certains professionnels. Tout à fait excessif, il peut néanmoins laisser des traces quand le calme sera revenu sur les marchés mondiaux.
Cette vigilance passe par toujours plus de transparence. Certains la pratiquent déjà, en détaillant les hausses, famille de produits par famille de produits, pour que leurs clients les comprennent. La riposte réside aussi dans l'affirmation du service comme cœur de métier du négoce. Certes, une enseigne achète et revend des produits. Mais la disponibilité, le conseil, la livraison, la commande en ligne, le retrait en drive, le leasing - qui se développe dans certains univers -, la salle d'exposition dernier cri pour faire rêver le client, les outils proposés aux artisans pour mieux préparer leurs devis sont autant de composantes essentielles de la relation commerciale approfondie qu'entretient un négoce avec ses clients professionnels.
Par-delà les aléas tarifaires liés à un contexte mondial sur lequel personne n'a réellement prise, le négoce doit réaffirmer son positionnement sur le long terme, au côté des acteurs de la construction.