Equipement - Une rampe entre ville et montagne

En Savoie, l'agence Hérault-Arnod a fait d'un parking silo un parcours ascensionnel à travers les strates du paysage.

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Le long de la voie ferrée, les lames de verre de l’enveloppe apportent une touche de noblesse à ce secteur de la ville.

Au bout de la voie qui part du château des Ducs de Savoie et passe par la célèbre fontaine des Eléphants, le parking silo Ravet constitue un repère à un endroit où le tissu urbain commence à se déstructurer, et offre une alternative au stationnement en plein air qui défigure le centre-ville de Chambéry (Savoie). Son volume ondulant, habillé de lames de verre opalescent, ressemble, sur fond de paysage montagnard, à un bloc de glace sculpté par le vent. Avec son enveloppe striée de brise-soleil, l'édifice évoque de loin un musée, une bibliothèque ou le siège d'une administration. Il faut se rapprocher pour distinguer les voitures qu'il abrite.

C'est l'effet que les architectes ont recherché pour que ce parking silo de 499 places, au volume nécessairement imposant, s'inscrive dans la ville à la manière d'un équipement public. L'intervention artistique dont il est le support concourt à cet objectif. Co-conçue avec l'artiste néerlandais Krijn de Koning, une boîte rouge et vitrée, en porte-à-faux de cinq mètres sur la façade, constitue un belvédère abrité, ouvert à qui souhaite contempler le grand paysage de Chambéry. « Nous l'avons placé dans l'axe de la voie historique pour qu'il y ait un marqueur d'architecture contemporaine au bout de la séquence patrimoniale », précise l'architecte Isabel Hérault.

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Par son style constructiviste, jusqu'à la nuance de rouge choisie, l'ouvrage est en filiation directe des fameuses « folies » conçues en 1987 par l'architecte Bernard Tschumi pour le parc de la Villette à Paris. A l'origine, ce belvédère disposé dans l'axe du château des Ducs de Savoie devait être accessible directement depuis l'espace public, sans avoir à passer par le parking. C'était avant que la réglementation incendie n'en décide autrement… Témoin de cette intention première, le petit jardin en gradins qui jouxte le bâtiment, et qui devait au départ se raccorder à l'escalier extérieur. C'est finalement via le deuxième étage du parking qu'on emprunte ce drôle d'escalier greffé à la façade comme une mystérieuse excroissance.

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Une balade en pente douce. « L'idée est d'offrir une grande promenade en voiture, très fluide. Elle permet au fur et à mesure de l'avancée de percevoir la ville différemment entre les lames de verre, depuis le rez-de-rue jusqu'à la terrasse, au dernier niveau du parking, où le paysage de Chambéry se dévoile à 360°, entouré de ses collines et de ses montagnes », explique l'architecte. Composées à 6 % de verre recyclé, ces lames sont fixées d'une dalle à l'autre suivant un angle à 45° ; elles ménagent entre elles des vides interstitiels qui équivalent à la moitié de la surface totale de l'enveloppe, afin que le parking soit considéré comme extérieur au regard de la réglementation incendie.

Au lieu d'être horizontal comme c'est souvent le cas, chaque niveau se déploie en pente douce de 5 %, avec paliers aux angles. L'ensemble du bâtiment forme alors une gigantesque rampe qui distribue de chaque côté les places de stationnement. La descente s'effectue par une route spiralée qui occupe l'un des angles du bâtiment. Ainsi les flux montants et descendants ne se croisent jamais, donnant au circuit ascendant toute sa fluidité.

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Durant le long plan-séquence qu'offre ce dispositif de pente douce continue, les niveaux de stationnement s'enroulent autour d'un patio central, jardin d'ombre planté d'une végétation de sous-bois, cerné de vertigineuses parois en béton brut sur lesquelles s'impriment des halos de lumière. Le circuit s'achève en terrasse où les voitures sont garées sous des auvents métalliques équipés de panneaux photovoltaïques. De là est directement accessible l'énigmatique boîte rouge, abritant un espace dont l'unique fonction est d'offrir de superbes cadrages sur le paysage. Une folie qui vaut le détour.

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