Le ministère de la Justice dispose, sur tout le territoire, d'un maillage d'établissements de placement éducatif (EPE) afin de soustraire pour un temps des mineurs à leur milieu de vie, si leur sécurité, leur éducation ou le bon déroulement d'une procédure judiciaire l'exige. Héberger, protéger, surveiller, former : pour répondre au mieux à ces quatre impératifs, une politique est menée pour des EPE à taille humaine. Ce sont ainsi 12 jeunes en tout et pour tout que devrait abriter la nouvelle institution de Valence (Drôme), se substituant à la précédente, vieillissante.
Studio Gardoni Architectes s'est emparé avec beaucoup d'ambition du sujet, notant qu'il imposait autant l'adéquation au site que « l'élaboration de solutions reproductibles ». Sans évidemment prétendre arrêter un modèle définitif, les concepteurs se sont employés à combiner les diverses dimensions antagonistes d'une telle structure. A savoir : un lieu de vie qui protège ses résidents d'eux-mêmes et de leur environnement habituel, tout en prévenant des comportements imprévus, parfois violents. Un espace d'accueil qui apporte à ces mêmes résidents intimité réparatrice autant qu'insertion dans un collectif.
Séparation des espaces. Le parti a été pris d'implanter le nouvel équipement à la place de l'ancien. Un choix qui préservait le terrain de sport, le parking, un bâtiment technique, une bonne part des voiries, ainsi que le parc de feuillus et de résineux. Face à ce dernier ont été disposées l'entrée de l'édifice ainsi que sa composante principale, l'unité de vie commune (grandes salles d'activités, restaurant), avec la cuisine. L'autre versant, comprenant la logistique (locaux de stockage, buanderie, etc.), est tourné vers la cour de service.
Cette partition interne se manifeste aussi au-dehors, où la construction place un écran visuel entre le parc, offert aux résidents, et cette cour de service. Son plan se développe en effet en longueur : à la partie logistique et à l'unité de vie commune succèdent l'unité pédagogique (salles de formation), puis l'aile en biais de l'unité administrative.
Moucharabieh. A l'étirement du plan se joint un effet formel avec de longues façades où les pans du toit s'articulent. En s'affirmant, ils font surgir l'archétype de la maison, voulue par Studio Gardoni, protectrice et familière. L'intérêt d'une telle disposition est aussi fonctionnel puisque sous son point haut, au centre de la façade, se dégage un étage partiel qui reçoit les 12 chambres des pensionnaires. Des chambres individuelles que leur position à l'étage met à l'écart des activités collectives (le rez-de-chaussée accueille une seule chambre PMR). Elles résument, par leur dispositif de fenêtre, la dualité de l'édifice protecteur/protégé : un moucharabieh de briques devant la partie ouvrante de la baie pour la ventilation, à l'abri des regards, qui évite aussi qu'un résident ne joue les filles de l'air. Sur toutes les façades, la brique alterne avec l'enduit et participe de l'image de robustesse du lieu. A part les échancrures au droit des trois accès (résidents, logistique, administration), le volume est lisse. Ni débord de toit, ni chéneau, le tout d'un blanc immaculé.