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Grâce à son écoute intelligente, le projet Nature Sound Box, développé en intrapreneuriat par Ingérop, aide à restaurer et à réaménager des milieux naturels.

 

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Les capteurs sont installés dans des arbres ou sur des lampadaires.

Lorsqu'en 2019 l'entreprise suisse Securaxis, spécialisée dans l'analyse des sons, a proposé ses outils à Ingérop, Carine Dunogier, directrice de l'activité ville, Delphine Joncour, chef de projet environnement et Paul Cassagnes, écologue, ont immédiatement pensé à les appliquer à la biodiversité. « Ecouter la faune permet de mieux la connaître, donc de mieux la comprendre et de monter des projets d'aménagement du territoire plus adaptés », explique Carine Dunogier. Cette innovation va trouver sa place dans la première saison d'IN3 (prononcer « incube »), le programme d'intrapreneuriat lancé par l'ingénieriste. L'un des trois projets lauréats, Nature Sound Box, est choisi parmi les 80 dossiers déposés.

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« Entendre ne suffit pas ». Dans cette association, Ingérop apporte l'expertise écologique, la stratégie d'utilisation au regard des enjeux de biodiversité dans les projets, pose les capteurs et réalise les tests tandis que Securaxis assure le traitement des données recueillies grâce à l'intelligence artificielle. L'enjeu ? Restaurer et réaménager des milieux naturels. « Depuis la loi Biodiversité de 2016, le maître d'ouvrage a l'obligation de recréer un milieu pour les espèces protégées délogées ou détruites lors d'un chantier », rappelle Carine Dunogier. D'où l'intérêt de dresser un état des lieux régulier pour mesurer le retour de la faune et prendre d'éventuelles mesures correctives. Mais l'intelligence artificielle ne remplace pas les écologues habituellement chargés de cette tâche : ceux-ci vérifient et valident ce que comprend l'algorithme, ce qui lui permet de progresser. « Entendre ne suffit pas. Il faut comprendre pourquoi l'espèce identifiée est venue sur le site : est-ce un territoire de chasse, de transit, de reproduction ? Seul l'écologue le sait. Et selon la réponse, on ne réaménagera pas le site de la même façon », explique la responsable.

L'outil couvre quatre familles : les oiseaux, les chiroptères (chauves-souris), les orthoptères (sauterelles, grillons et criquets) et les amphibiens. Réalisé en 2020, un premier test a permis de cerner les difficultés, notamment dans le traitement du signal, tandis qu'un second a débouché sur une version améliorée de l'algorithme.

Le projet entre désormais dans une étape décisive puisque Nature Sound Box fait partie du groupement mené par Citelum et sélectionné en juillet dernier par la Ville de Paris pour son éclairage public. « La question est de savoir si l'on peut développer la biodiversité en modifiant la façon dont on éclaire la ville », détaille Carine Dunogier qui rappelle que les chauves-souris ont beaucoup pâti de la mise en lumière des églises destinée à valoriser ce patrimoine. L'an prochain, dans l'une des rues de la capitale, les partenaires évalueront l'effet sur la faune des variations de puissance, d'intensité et de température de couleur de l'éclairage. « Le but du projet est de trouver le meilleur compromis possible pour toutes les espèces, humains compris, afin qu'elles cohabitent au mieux », souligne Carine Dunogier.

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