« On élève cette façade qui a un aspect de pierre massive en trois jours, alors qu'avec de la pierre naturelle il aurait fallu 6 à 8 semaines, explique Dominique Stoeux, directeur général de l'entreprise Betsinor. Pour des commerçants, des banquiers ou des hôteliers, ce critère de délai est très important. »
La BNP, installée sur la Grand-Place à Tourcoing, devait changer la façade de ses premier et deuxième étages, sur près de 12 m de large et 9 m de haut, sans fermer les portes et en travaillant six jours sur sept.
« Nous avons cherché un ensemble qui s'intègre simplement à la Grand-Place. La simplification du travail des modénatures nous a incités à choisir le béton de fibres, qui convient mieux que la pierre. Celle-ci aurait paru anachronique sur ce bâtiment d'après-guerre », explique Frédéric Maunoury, l'architecte.
L'entreprise a donc fourni et posé 21 éléments en composite ciment-verre retaillable (CCV). « L'intérêt de pouvoir faire des dimensions importantes est d'offrir un aspect monolithique à la façade, qui renforce l'impression de pierre massive », souligne Dominique Stoeux.
108 m2 en 21 éléments de façade
La démolition de l'ancienne façade de verre, recouverte de plaques en aluminium, a duré une semaine, du 14 au 21 juin. Puis, les deux ouvriers de Betsinor ont pris une journée pour souder les fixations mécaniques, destinées à accueillir les 21 nouveaux éléments composites en ciment-verre retaillable. Ces fixations (quatre pour chaque élément) ont été soudées sur la structure porteuse existante en métal ou posées mécaniquement sur les parties en béton.
« Avec les soudures, il n'y a pas de désagrément de bruit ou de vibrations, comme c'est le cas pour les percements béton. L'autre intérêt de ce système est de pouvoir être fixé aussi bien sur le fer que sur le béton », indique Dominique Stoeux. Chaque patte a ensuite été équipée d'un néoprène extrudé, interposé entre la fixation et la pièce composite, conformément à l'avis technique du CSTB dont bénéficie Betsinor. La pose proprement dite des 21 éléments a nécessité trois jours, du 22 au 25 juin, avec deux ouvriers installés sur une nacelle à ciseaux et un grutier.
Une réparation invisible
Chaque élément est une coque de 4 cm d'épaisseur dans laquelle, au moment de la fabrication, est incorporée une rainure. La grue prend l'élément et le positionne face aux fixations. Les fixations mécaniques pénètrent donc dans les rainures, sans jamais toucher le panneau, du fait de la présence du néoprène. Deux douilles en haut de chaque pièce règlent l'aplomb, tandis que les deux fixations du bas reprennent le poids. Lors d'une manipulation par la grue, le bas d'un des éléments a été abîmé. La réparation a pu être réalisée à l'aide d'un kit de ragréage, en procédant comme pour une réparation béton puisqu'il s'agit d'un liant hydraulique.
Préparer l'ossature métallique en atelier
« Nous avions la référence précise de la nuance car la matrice cimentaire est fabriquée à partir d'une centrale informatisée, qui dose tous les composants », explique Dominique Stoeux. « La réparation ne se voit pas car les ouvriers savent faire de bonnes rustines », estime Frédéric Maunoury.
La BNP de Tourcoing, qui était soumise à l'agrément de l'architecte des Bâtiments de France, est le second chantier de Betsinor avec ce composite ciment-verre retaillable. L'objectif de l'entrepreneur est bien sûr d'aller plus loin : « Nous étudions avec un groupe hôtelier la faisabilité de changer ses façades sans arrêter l'exploitation », indique-t-il.
Parmi les pistes de travail pour éviter tout désagrément aux clients, il est prévu la préparation en atelier des ossatures métalliques déjà équipées de fixations.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : BNP.
Maîtres d'oeuvre : Frédéric Maunoury, architecte.
Entreprise : Betsinor Composite.
Dominique Stoeux,
directeur général de Betsinor
«Pour des commerçants, des hôteliers ou des banques, le critère du délai... et du maintien de leur activité... est très important. »
SCHEMA : SCHEMA DE PRINCIPE DE FIXATION DES ELEMENTS DE CCV EN FACADE
Deux douilles en haut de chaque pièce règlent l'aplomb, tandis que les deux fixations du bas reprennent le poids de l'élément en CCV.
PHOTOS
1. Les pattes de fixation, équipées de leur joint néoprène extrudé, sont fixées mécaniquement sur le béton ou soudées sur l'ossature métallique existante.
2. Manutention d'un élément en composite ciment-verre retaillable : la grue prend l'élément, le positionne face aux fixations, qui pénètrent dans les rainures, sans jamais toucher le panneau, du fait de la présence du néoprène.
3. Détail de l'assemblage vertical de deux panneaux, dont l'élément bas comporte un relevé.
4. Les éléments en CCV retaillable sont posés sur une façade très disparate (béton, tôle et brique). Ils permettent une modénature soignée, et donnent à la façade un aspect en pierre.
5. Ces pièces de dimensions importantes offrent un aspect monolithique à la façade, qui renforce l'impression de pierre massive.