Une enveloppe bois inventive pour une restructuration lourde

Bâtiment caricatural des années 70, ce centre de formation fait peau neuve. Une peau de bois qui assure tout à la fois : requalification architecturale, isolation thermique et acoustique performante, contrôle solaire jusqu’à l’intégration des gaines techniques.

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Anne-Charlotte Goût, architecte de l’agence parisienne Snap, n’y va pas par quatre chemins pour décrire l’état d’origine du bâtiment de l’Association des Compagnons du Tour de France d’Angers(49), dont elle achève aujourd’hui la restructuration complète : « Situé sur le site de formation de l'Association, à côté d'ateliers et de logements, ce bâtiment construit dans les années 70 était usé par quarante ans d'usage intensif et cumulait désagréments et contraintes.

D'une longueur de 100 m, il présentait de multiples ponts thermiques horizontaux et verticaux en raison de son mode constructif poteaux et dalles bétons. Orientées est-ouest, les salles de cours subissaient un éclairement solaire gênant la plus grande partie du temps scolaire ». Et, pour couronner le tout : « La journée de classe était rythmée par le passage des TGV dont la voie longe le bâtiment, d’où une problématique de confort acoustique importante ». La demande de l’association portait, elle, sur la refonte complète des espaces avec la contrainte supplémentaire d’agrandir le bâtiment d’au moins 200 m2 de surface utile.

Structure emballée

Après réflexion, l’équipe de maîtrise d’œuvre a proposé « d’emballer » la structure du bâtiment existant dans une nouvelle peau constituée de panneaux de bois préfabriqués. Une option radicale mais qui a l’avantage de résoudre, point par point, l’ensemble des contraintes énoncées par l’architecte : pont thermique, acoustique, agrandissement et, bien sûr, requalification architecturale de l’édifice.

Ainsi explique-t-elle : « Plutôt que de reprendre au cas par cas les multiples ponts thermiques, ces derniers sont traités ensemble avec la nouvelle enveloppe ». Nouvelle enveloppe qui permet aussi d’éviter l’extension souhaitée par le maître d’ouvrage, dans la mesure où les concepteurs ont pu maximaliser les surfaces en se servant des particularismes de la construction d’origine : « Les panneaux bois préfabriqués sont solidarisés à l’extérieur sur les nez des dalles béton d’origine, alors que l’ancienne peau était posée entre les poteaux, en retrait de 40 cm par rapport au nez de dalles ».

Cette astuce a permis d’augmenter, sans travaux supplémentaires, la surface du bâtiment de 200 m2. Bombée côté rue, la double peau a également été utilisée comme « local technique » : « Nous avons utilisé le cintrage de la nouvelle peau comme un volume technique horizontal et y avons logé l’ensemble des gaines techniques. Cette solution nous a permis d’optimiser les hauteurs sous plafond à l’intérieur du bâtiment ».

Etude d’ensoleillement

Autre point résolu par ce choix technique, l’amélioration du confort des occupants, notamment pour éviter les surchauffes dues à l’exposition est-ouest, et l’aspect esthétique du bâtiment : « Pour filtrer l’ensoleillement, nous avons fait réaliser à l’entreprise un jeu de tasseaux horizontaux en façade qui donne l’impression d’une pose aléatoire, tout en créant une dynamique sur la façade et un effet de vitesse en parallèle du TGV ».

De fait, le filtre solaire résulte d’une étude environnementale d’ensoleillement sophistiquée. Laquelle, prenant en compte les données climatiques sur une année, a permis de visualiser virtuellement la quantité d’énergie due à l’ensoleillement sur les façades et identifier celles qu’il fallait protéger. L’étude des salles de classe a ainsi permis de vérifier l’efficacité de l’orientation et de la densité des claires-voies disposées en façade.

Double préfabrication

Ce choix n’a pas été sans compliquer la tâche de l’entreprise de charpente, qui a proposé une solution technique originale et innovante : « Nous avons réfléchi pour savoir jusqu’où nous pouvions aller dans la préfabrication des éléments, explique François Hibert, gérant de l’entreprise de charpente ABC construction bois. Finalement, nous avons opté pour une double préfabrication : d’un côté les panneaux de structure, de l’autre les bardages. Cette solution nous a permis d’optimiser la fabrication en atelier et l’assemblage sur chantier. Pour les panneaux, nous avons travaillé en fonction du calepinage des façades et nous nous sommes arrangés pour qu’ils soient transportables avec des convois normaux ». C’est finalement le calepinage des bardages filants qui s’est avéré le plus complexe à réaliser : « Pour respecter le dessin de l’architecte, il a fallu s’arranger avec un logiciel de calcul et de traçage pour que les joints verticaux du bardage filant entre les différents panneaux ne choquent pas sur le plan esthétique ».

Pilotage par GTB

Côté équipements techniques, c’est la simplicité qui a prévalu : «Le projet n’entre pas dans les « cases HQE », mais il a été traité afin de construire un bâtiment simple d’exploitation et d’entretien », commente Anne-Charlotte Goût.

« Pour le chauffage, nous avons amélioré l’efficacité de la chaufferie gaz existante, qui chauffe plusieurs bâtiments administratifs et ateliers, en changeant les brûleurs et en mettant en place des pompes à débit variable, indique  Vincent Hamard, chargé d’affaire au sein du bureau d’étude AB ingénierie. L’amélioration des performances est réelle mais difficilement quantifiable en raison de la typologie particulière des bâtiments ».

Les salles de classe du bâtiment rénové, elles, ont été équipées de ventilo-convecteurs associés à une gestion technique : « Le pilotage par les utilisateurs avec le soutien de la GTB est capital dans ce type d’établissement. On peut réaliser des progrès importants avec une bonne utilisation de ces systèmes et les compagnons sont attentifs à cela. C’est pour cette raison que nous n’avons pas tout automatisé », explique Vincent Hamard.

Mais pour le thermicien, le plus important est peut-être dans le contrôle de la qualité de la mise en œuvre de l’enveloppe : « Dans un projet comme celui-ci, il convient d’associer la théorie à la pratique. C’est pourquoi je propose systématiquement un relevé thermographique des façades et le test d’étanchéité à l’air. Ce sont des outils de vérification qui rendent les entreprises plus attentives lors de la mise en œuvre ».

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