Édifiée au Xe siècle, l’église Saint-Martin de Chanceaux-sur-Choisille, composée d’une nef sans transept et d’une abside semi-circulaire, subissait depuis des années des dégradations liées à l’humidité. À l’intérieur, l’enduit décoratif au plâtre recouvrant ses murs et ses voûtes cloquait et se détachait par plaques. L’entreprise Les Métiers du Plâtre, spécialisée dans la restauration du patrimoine, a été chargée de la restaurer à l’identique.
Florent Pidoux, ancien apprenti devenu dirigeant de l’entreprise en 2023 au départ à la retraite de son patron, a mené le chantier d’une main de maître. Un travail d’ampleur, étalé sur 18 mois, au cours desquels il a restauré 100 % des murs et 50 % des voûtes de l’édifice. Souvent seul, parfois aidé de compagnons, de stagiaires ou de son apprenti Wilson.
L’artisan n’en est pas à son coup d’essai. Récompensé en 2024 par le prix Or des Trophées 100 % Pro Patrimoine de la Capeb Pays-de-la-Loire (pour la restauration de la grande galerie en stuc-pierre du château de la Lorie à Segré-en-Anjou Bleu), il restaure depuis 20 ans églises et châteaux de la région. Son prochain chantier, la restauration de l’église de La Membrolle-sur-Choisille, à quelques kilomètres de là, a d’ailleurs déjà débuté.
Intérieur de l'église Saint-Martin avant restauration
Relevé de l’appareillage des pierres
La particularité du décor intérieur de cette église réside dans le dessin de pierres jointoyées sur toutes ses surfaces, murs et voûtes. La première étape importante du travail a donc consisté à effectuer le relevé intégral du dessin des pierres, toutes de différentes dimensions. Une à une, les cotes ont été inscrites et prises en photos ou reproduites sur papier, une tâche nécessitant précision et patience.
Recherche des bons pigments
La restauration a exigé également un important travail de préparation pour trouver les bons pigments afin de reproduire la teinte pierre d’origine. La technique utilisée, l’enduit « stuc pierre », est un mélange de plâtre, de colorant et de sable, visant à imiter le tuffeau, une craie à grain fin. « Il a fallu réaliser de multiples tests, avec différents colorants, gramme par gramme, jusqu’à trouver la bonne couleur. C’était presque un travail de chimiste… », reconnaît l’artisan.
Piquage et dégrossissage
Le chantier a débuté par la mise à nu des surfaces par piquage, afin de retirer l’ancien enduit de plâtre ainsi que la couche de peinture au lait de chaux - encore plus ancienne - en sous-face, « le plâtre n’adhérant pas sur la chaux » précise Florent Pidoux. Avec l’aide de ses stagiaires, l’artisan a alors appliqué sur toutes les surfaces à restaurer un « dégrossi », enduit de préparation au plâtre destiné à niveler les surfaces brutes et inégales. L’épaisseur de celui-ci a pu varier entre 1 et 5 cm.
Traçage des pierres et grattage des joints
Sur ce plan lisse, une fois durci, l’artisan a tracé au crayon (aidé d’un laser et d’une règle en fer) le dessin original des pierres, en suivant les mesures des cotes prises en photo ou sur papier, puis a procédé au « grattage » des joints sur 2-3 mm de profondeur à l’aide de griffes.
Enduit décoratif, remplissage des joints puis ponçage
Ensuite est venue l’étape de l’enduit de finition décoratif. Ce mélange de plâtre, sablon et colorants (ocre jaune et noir de vigne), appliqué en 4 mm d’épaisseur, reproduit l'aspect pierre. Enfin, les joints creusés ont été remplis d’un mélange chaux et colorant noir de vigne pour retrouver la teinte gris foncé d’origine. Pour finir, les surfaces ont été intégralement poncées, une semaine après l’application de l’enduit décoratif.
Corniches, décors, vitraux
Outre les murs et les voûtes, l’artisan a également repris les corniches et décors en staff-stuc, l’étanchéité des vitraux et reconstitué deux poutres décoratives dans l’entrée de l’église. Le chantier a par ailleurs permis de mettre à jour d’anciennes niches murées ainsi qu’une ancienne peinture, qui a été photographiée, archivée, puis protégée par une plaque de Placo BA6.
Sur ce chantier, l’entreprise Les Métiers du Plâtre, membre du Club Placo, a utilisé un mélange de produits du fabricant, le Lutèce 2000 L, un plâtre allégé à prise longue, et le Molda 3 normal, un plâtre onctueux à granulométrie fine, conçu pour le moulage d’éléments décoratifs.
Vue avant restauration
Vue après restauration
Avant-après
Après restauration
Après restauration
Entreprise : Les Métiers du Plâtre
Dirigeant : Florent Pidoux (depuis 2023)
Siège : Loire-Authion (Maine-et-Loire)
Date de création : 1997
Effectifs : 1 apprenti
Activité : Plâtrerie traditionnelle, stuc, staff, restauration du patrimoine ; entreprise labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant »
